La transplantation rénale bloque en Algérie. Pourtant, sur le 1,5 millions d’Algériens atteints de cette pathologie souvent identifiée tardivement, un quart est en stade final et attendent cette salutaire greffe pour leur sauver la vie.
Si la transplantation rénale traîne encore en Algérie, c’est en raison de plusieurs facteurs dont principalement le manque d’information et de sensibilisation de la société civile sur l’importance du don d’organe. C’est ce qu’ont affirmé des experts et des spécialistes, intervenant lors d’une conférence-débat, organisée mercredi au forum du quotidien DK-News.
Informer et sensibiliser la société, une priorité
En Algérie, seules 1000 personnes ont bénéficié de greffes depuis 1986. Ce chiffre est dérisoire, selon Pr Tahar Rayane qui estime que si la greffe rénale, salutaire pour plus d’un quart des insuffisants rénaux, n’est pas encore développée en Algérie, c’est en raison principalement du manque d’information des citoyens sur le sujet. Mettant l’accent sur le caractère vital de cette intervention, le spécialiste a appelé les associations et les spécialistes à miser sur la sensibilisation et l’information des citoyens en les incitant à s’inscrire sur les listes de dons d’organes de leur vivant.
Il a précisé, à ce propos, que la loi algérienne et les préceptes religieux autorisent la transplantation rénale, mais que plusieurs Algériens ignorent encore cela.
Un autre obstacle serait responsable de freiner la transplantation rénale en Algérie. Il s’agit, selon plusieurs experts, de la réticence du pays vis-à-vis de l’élargissement du cercle légalement autorisé des donneurs vivants, aux conjoints ou la famille par alliance par exemple.
Certains spécialistes évoquent, par ailleurs, l’influence des lobbies du consommable et des équipements, sinon comment expliquer que l’État ne développe pas cette activité qui lui reviendrait nettement moins chère que de prendre en charge des malades dans des centres d’hémodialyse ? En effet, financièrement parlant l’hémodialyse coûte, en Algérie, 5 fois plus cher que la transplantation rénale.
Des chiffres inquiétants
Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme sur l’ampleur que prend l’insuffisance rénale en Algérie. Environ 1,5 million d’Algériens souffrent d’insuffisance rénale dont 18500 sont traités, dans 300 centres de dialyse à travers le pays. En 2013, la Société algérienne de néphrologie et de transplantation rénale présidée par le professeur Haddoum, a fait état de quelque 18000 traités par dialyse. Un tiers d’entre eux attend une transplantation rénale, soit plus de 5000 dialysés chroniques sont des receveurs potentiels. Les spécialistes ont incriminé le diabète et l’hypertension artérielle, principales raisons de l’augmentation des cas d’insuffisance rénale en Algérie.
À quand l’Institut national du rein ?
Affirmant que les travaux au niveau de l’institut national du rein vont bon train, Pr Tahar Rayane, a indiqué que ce centre qui assurera des soins « de qualité » aux malades atteints d’insuffisance rénale est finalisé à 90 % et sera prochainement fonctionnel. Rappelons que l’Institut a été réalisé à Blida et qu’il sera doté, selon les déclarations antérieures du directeur de la santé, de la population et de la réforme hospitalière de la wilaya, d’équipements performants et de personnel qualifié.