La morphine, une drogue très puissante susceptible de diminuer les douleurs des cancéreux. Elle est actuellement introuvable dans les pharmacies en Algérie. Seules trois officines la distribuent. Une pénurie, expliquée par de nombreux pharmaciens, par la peur de se faire agresser par des toxicomanes, si cette drogue venait à être vendue ouvertement.
En voilà un motif loin de calmer la colère des milliers de cancéreux algériens qui réclament que la morphine soit disponible en pharmacie. Sur 9000 pharmacies au niveau national, seules trois ont été chargées de distribuer ces antalgiques aux malades. La Société algérienne des pharmacies (SAP) dénonce cette situation. « Il est inadmissible qu’un malade soit obligé de se déplacer et faire des centaines de kilomètres pour trouver le produit qu’il recherche », affirme, Farid Benhamdi, président de la SAP, dans un reportage réalisé par la radio Chaîne 3.
En dépit du fait que les autorités algériennes n’interdisent pas la vente de cette substance, les pharmaciens demeurent réservés et hésitants. « Les médicaments morphiniques sont une lourde responsabilité pour nous. Nous pouvons être ciblés par des délinquants toxicomanes. De plus, nous devons justifier chaque milligramme de traitement auprès d’une instance internationale qui contrôle nos ventes et nos importations », a assuré un pharmacien.
S’exprimant sur la difficulté de mettre en pratique les décisions de l’État à ce sujet, le professeur Kamel Bouzid a signalé que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a donné consigne, au mois de novembre 2011, pour que la morphine soit disponible partout. Cependant, à ce jour, seules trois pharmacies vendent les produits morphiniques, ce qui représente un chiffre infime pour prendre en charge les besoins de milliers de cancéreux.
De son côté, le ministère de la Santé, chargé de ce dossier, avait annoncé l’installation d’une pharmacie d’officine dans chaque daïra pour distribuer des antalgiques et éviter aux malades de se déplacer. Cette décision a, à son tour, été mise aux oubliettes.
Aujourd’hui, les cancéreux réclament que les autorités assument leurs promesses en leur permettant d’avoir accès à ces produits indispensables. Malheureusement, sur le terrain, aucune décision n’a été concrétisée et le calvaire des cancéreux se poursuit.
Nourhane S.