Une parturiente (une de trop) est décédée dans une clinique gynécologique de la ville de Tizi-Ouzou. L’information a largement été diffusée par les médias, comme ce fut le cas lorsque 6 autres femmes avaient perdu la vie dans le même établissement en 2012 ou lorsque des bébés avaient perdu la vie dans leurs couveuses dans une maternité de la wilaya de Sétif. Les hôpitaux algériens sont-ils des lieux sûrs ?
Peut-on parler d’une énième «erreur médicale » ? Si c’est le cas, elle ne fait est la goutte qui a fait déborder le vase. Ce nouveau décès a poussé pour une fois les citoyens à sortir dans la rue. Pourtant, de tels événements sont très fréquents dans nos hôpitaux. Ils sont devenus le quotidien ordinaire de milliers de malades que le manque de moyens conduit à se faire hospitaliser dans un établissement public de santé. Des centaines de citoyens perdent la vie, chaque année, à cause d’un mauvais diagnostic, d’une mauvaise prise en charge ou, plus souvent, d’une négligence. Et ce dernier cas est malheureusement fréquent.
« Si les Algériens n’étaient pas fatalistes, beaucoup de médecins iront en prison », a reconnu un médecin qui exerce dans une structure sanitaire de la capitale. Notre interlocuteur estime que beaucoup de décès sont dus à des erreurs médicales ou à des négligences, mais que les parents s’abstiennent d’engager des poursuites judiciaires contre les hôpitaux considérant que « de toute façon, c’est le destin ». Ce destin n’est pourtant pas seulement celui des « pauvres ». Puisqu’un Général est décédé il y a quelques années des suites d’une négligence dans un grande clinique de la capitale. Plus récemment encore, un grand économiste algérien a perdu la vie après avoir attrapé un virus dans un grand hôpital algérois.
Le nouveau ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, semble avoir pris conscience de l’urgence de la situation. Il a demandé un « diagnostic » approfondi des hôpitaux. Il attend les résultats. Mais en attendant, il sillonne le pays dans le but de sensibiliser les hommes et femmes du secteur quand à la dégradation avancée du secteur. Hasard du calendrier, le ministre se trouvait dans un hôpital à Ghardaïa lorsque des citoyens sont sortis à Tizi-Ouzou pour dénoncer le bilan macabre de la structure locale de santé.
Le diagnostic demandé par Boudiaf apportera-t-il ses fruits ? Le ministre devra bénéficier des circonstances atténuantes. Mais une certitude est maintenant établie : il y urgence dans les hôpitaux.
Essaïd Wakli