La Caisse nationale des assurances sociales en Algérie (CNAS) est mauvais payeur. L’accusation ne vient pas des assurés algériens, mais bel et bien de L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-Hp).
Selon le journal dominical français Le Journal de dimanche, sur les 50 millions d’Euros que l’organisme français n’a pas réussi à récupérer, 20 millions sont dans les caisses de la CNAS. Le reste des impayés provient du Maroc (10 millions) et les pays du Golf avec le même montant.
Le journal français précise que ces dettes ne proviennent pas seulement de « petits » malades. C’est le fait notamment des dirigeants qui viennent se soigner dans les hôpitaux parisiens sans que leur Etat ne paie la facture. « C’est une vieille histoire. L’AP-HP est un outil diplomatique pour la France. Des dirigeants étrangers viennent se faire opérer chez nous. On va les chercher à l’aéroport en ambulance toutes sirènes hurlantes, on leur dispense des soins de qualité et on ferme les yeux sur les factures qu’ils n’acquittent jamais », détaille Patrick Pelloux, le célèbre urgentiste syndicaliste, rapporte encore le JDD.
Pour le médecin, ce cumul de factures impayées est dû à la frilosité du gouvernement français. « Des intérêts croisés sont en jeu. Le gouvernement ferme les yeux au nom du prestige de la France », décrypte un chef de service aux Hospices civils de Lyon, où l’ardoise internationale se chiffre aussi en millions d’euros. «Certains mandarins qui ont une activité libérale au sein de l’hôpital public, le fameux privé à l’hôpital, y trouvent leur compte : ces malades qui ne paient pas l’hôpital règlent rubis sur l’ongle leurs dépassements d’honoraires. Sans parler des effets positifs sur leur réputation au Maghreb ou au Moyen-Orient ».
Ce problème de l’ardoise de la CNAS auprès des hôpitaux français n’est pas nouveau. L’an dernier, le refus d’un établissement français d’accueillir un bébé algérien, souffrant d’une maladie orpheline, avait suscité la polémique. L’hôpital avait en effet justifié son refus par des dettes non payées par la CNAS. L’enfant avait pu être soigné après dérogation. Mais le problème persiste pour de nombreux autres malades algériens.
Essaïd Wakli