Algérie : Le boycott d’Israël a-t-il encore un sens pour nos sportifs ?

Redaction

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Les sportifs algériens doivent-ils continuer à observer le boycott des compétitions internationales auxquelles prennent part des Israéliens ? La position ambiguë des instances sportives algériennes sur la question est devenue intenable.

La sélection nationale d’aviron prend part, actuellement, au Championnat du monde de cette discipline sportive, qui se déroule du 24 au 31 août à Amsterdam, au Pays-Bas. La rameuse algérienne Amina Rouba, 25 ans, s’est alignée ce vendredi au départ d’une finale dame. Une épreuve qu’elle a terminé à la dernière place, décrochant la dernière place.

Le problème : Amina Rouba était présente sur la ligne de départ aux côtés d’une concurrente israélienne, Oshri Chen, qui l’a d’ailleurs devancé sur la ligne d’arrivée, finissant 5è de la course. Amina Rouba a ainsi dérogé à une ancienne traditionnelle algérienne qui consiste à boycotter systématique un évènement sportif à partir du moment où un ressortissant israélien y prend part, en solidarité avec le peuple palestinien. Et il semble que l’athlète algérienne a reçu le soutien de sa fédération puisque les instances dirigeantes de ce sport en Algérie ont félicité la jeune femme pour sa prestation, ne formulant aucun reproche à celle qui a participé aux JO de Londres en 2012 pour ne pas avoir respecté le boycott des sportifs israéliens.

La participation à cette finale de la sportive algérienne aux côtés d’un adversaire israélien est un sujet d’autant plus sensible qu’elle intervient quelques jours après la fin des combats en Palestine. Ravagée par les obus, la bande de Gaza se remet difficile de plusieurs semaines de bombardements meurtriers. Amorcée le 8 juillet dernier, l’agression militaire sur les habitants de la bande Gaza, qui a pris fin suite à la signature d’une trêve permanente entre l’armée sioniste et le Hamas, a tué plus de 2.000 civils, dont de nombreux enfants. L’offensive aérienne et terrestre sur la bande de Gaza cet été est l’un des épisodes les violents du conflit israélo-palestinien.

Si le boycott d’Israël fait consensus dans le milieu sportif algérien, Amina Rouba n’est pas la première à se démarquer en prenant part à une compétition aux côtés de professionnels israéliens. En 2004, le judoka algérien Amar Meridja s’était illustré en refusant de boycotter le combat qui l’opposait à un adversaire israélien lors des JO d’Athènes. Le judoka avait alors reçu le feu vert des autorités algériennes. Le président du COA (Comité olympique algérien), Mustepha Berraf, qui occupe encore aujourd’hui ce poste, avait effectivement autorisé Amar Meridj à concourir.

Les sportifs algériens ne sont pas les seuls à vouloir revenir sur cette question du boycott d’Israël. Les responsables algériens semblent eux aussi entretenir une certaine ambiguïté à ce sujet, n’assumant pas clairement leur position de boycotteur. Ainsi, lorsqu’un sportif algérien se désiste en compétition s’il est amené à rencontrer un adversaire israélien, il n’évoque jamais explicitement la lutte pour la libération de la Palestine mais simule une blessure ou parle d’un problème physique.

Et cette question risque de se poser à nouveau durant la préparation au Mondial 2018. Que viendrait-il à se passer si l’Algérie et Israël se qualifient pour la prochaine Coupe du Monde en Russie et tombent dans le même groupe de poule ? La Fédération algérienne de football (FAF) tranchera-t-elle en faveur du soutien historique de l’Algérie à la Palestine ou bien privilégiera-t-elle l’intérêt sportif ? D’ici là, les autorités sportives algériennes ont quelques mois de réflexions pour clarifier leur position.

Elyas Nour