Cacophonie et déclarations contradictoires au sommet des pays de l’OPEP

Redaction

Par Docteur Abderrahmane MEBTOUL, expert international 01 avril 2009

Il existe une véritable cacophonie entre les différentes déclarations de certains Ministres du pétrole membres de l’OPEP chacun ayant ses propres prévisions souvent en contradiction par rapport à la situation de l’économie mondiale entre 2009/2014, certains vivant d’illusions par rapport au cours de plus de 100 dollars le baril.

1. Pendant la période faste de plus de 140 dollars le baril, , certains ministres de l’OPEP déclaraient haut fort que l’on s’orientait vers un cours du baril du pétrole à 200 dollars comptant sur la forte demande de l’Asie.. Avec le fléchissement du cours avant la réunion du 17 décembre 2008 à d’Oran les Ministres libyen, iranien, vénézuélien et algérien déclaraient ouvertement qu’avec les réductions le cours du baril de pétrole baril se stabiliserait à environ 70/80 dollars le premier trimestre 2009.

Juste avant la réunion de l’OPEP de Vienne le 15 mars 2009, il y aurait une réduction de la production oubliant le poids déterminant de l’Arabie Saoudite membre du G20. Avec bon nombre de pays, malgré les pressions de l’Iran du Vénézuéla et de l’Algérie pour une baisse de la production, l’Arabie Saoudite s’étant opposée à cette réduction. Courant mars 2009, dans des déclarations officielles , et ce pour l’année 2009, le Ministre algérien prévoit un cours entre 60/70 dollars, les Ministres iranien et vénézuélien un cours 80/100 dollars et les Ministres du Koweït et du Qatar un cours à 50 dollars , ces derniers le jugeant satisfaisant.

Cette cacophonie est préjudiciable à l’avenir de l’organisation qui risque d’avoir de moins en moins de crédibilité et d’impacts sur le cours des évènements.

2- Or comment ne pas préciser que l’OPEP après la réduction de plus de 4,2 millions de barils jours pour l’année 2008, bien que certains pays n’aient pas respectés les quotas décidés, représente moins de 40% de la production commercialisée mondiale et que ces réductions ont paradoxalement fait perdre de sparts de marché à l’OPEP sans augmenter les prix , ( uniquement el man que à gagner pour l’Algérie est estimé à environ à 5 milliards de dollars) du fait que plus de 60% est hors OPEP.

Que la Russie ( sa présence à l’OPEP détenant plus de 35% des réserves mondiales de gaz étant surtout dictée par le prix de cession du gaz indexé sur celui du pétrole en rappelant que le prix de cession du gaz pour un même volume vaut approximativement la moitié du prix du pétrole rendant donc non rentables certains projets gaziers ), la Norvège , le Mexique et d’autres pays hors OPEP ont une stratégie différente de celle de l’OPEP surtout avec la décroissance de leur économie et le besoin croissant de financement.

En dehors des facteurs géo- politiques et spéculatifs, l’élément fondamental est la croissance future de l’économie mondiale , du nouveau modèle de consommation énergétique à l’horizon 2015/2020 fonction de la nouvelle politique énergétique américaine et européenne qui se sera adoptée l’Asie actuellement en décroissance qui ne tire plus l’économie mondiale, tout en tenant compte du cours du dollar qui avec l’important déficit budgétaire américain risque de baisser par rapport à l’euro, et de l’inflation mondiale pour avoir le cours réel, un baril à 50 dollars équivalent à moins de 30 dollars au prix constant de l’année 2000.

3-Comment ne pas rappeler également que la crise touche tous les pays sans exception, à Rome le 30 mars 2009, le secrétaire général de l’OCDE , rejoignant les prévisions du FMI, venant de déclarer que la croissance de l’économie mondiale serait négative en 2009, pourrait aller vers une croissance entre 0 et 1% fin 2010, toujours par rapport à l’année 2009, ce qui est extrêmement faible, sous réserves d’une coordination, le cas contraire l’année 2010 étant pire que l’année 2009, et que la reprise réelle durera plusieurs années avant que l’économie mondiale ne retrouve son ancien niveau pas avant fin 2013/2014 et cela se répercute sur la demande d’hydrocarbures. Et le rapport de l’ONU en date du 27 mars 2009 montre que certains pays pétroliers, du fait de leur gouvernance et de l’importance de leur population , seront touchés par cette crise à savoir le Nigeria, le Vénézuéla, l’Iran et l’Algérie.

Pour notre pays, du fait de la chute des hydrocarbures ,effet de la crise , les prévisions provisoires du FMI viennent d’être revues à la baise 2,2% de croissance en 2009,(contre moins de 3% en 2006/2008) presque équivalent au taux de croissance de la population active , (demande additionnelle entre 400.000/500.000/par an qui s’ajoute au stock de chômage actuel ).

Ce qui signifie que la création d’emplois à valeur ajoutée (et non des emplois rentes fictifs) sera presque nulle, devant relier ce taux de croissance aux dépenses monétaires sans précédent qui seront entre 2004/2009 d’environ 200 milliards de dollars, montrant la faible efficacité de la dépense publique, ce qui risque d’accroître les tensions sociales.

La modestie étant le commencement de la sagesse, méditons ces analyses pertinentes de grands experts pétroliers de plus en plus nombreux , notamment, les présidents des Instituts français et américain du pétrole qui viennent de déclarer récemment qu’il « est utopique de la part de certains soi-disant experts, de vouloir donner des estimations futures précises sur le cours du pétrole du fait de l’incertitude de l’économie mondiale, induisant en erreur leur gouvernement. ».

Dr Abderrahmane MEBTOUL, expert international en énergie

NB – A Mebtoul a été conseiller des Ministères de l’Energie de 1974/1980, de 1990/1995 et de 2000/2005 et a dirigé de nombreux audits pour le compte des gouvernements successifs en Algérie.

(3) Direction de l’ouvrage « le secteur énergie en Algérie face aux mutations mondiales  » 2 volumes 800 pages, édition Dar El Gharb 2005.

Quitter la version mobile