La cotation du dollar par rapport à l’euro est actuellement de 1,40 dollar un euro et selon certaines prévisions pessimistes, cela pourrait dépasser 1,50, le même niveau que lorsque le baril de pétrole se cotait à plus de 147 dollars. La politique US correspond donc à une politique volontaire de baisse du dollar afin d’essayer de réduire le déficit commercial américain et de limiter la valeur réelle de leur endettement mondial libellé en dollar. Car la remontée du dollar face aux principales monnaies mondiales, supposerait une forte hausse des taux d’intérêts de la Fed , et une baisse de la création monétaire, en contradiction avec le programme du nouveau président US dans la mesure où toute appréciation aurait pour conséquence le frein du marché immobilier (crédits inabordables du fait d’une hausse des intérêts sur les ménages endettés à taux variables), la consommation américaine pouvant être freinée avec le risque d’accélération des faillites des entreprises.
1-Origine de la dépréciation du dollar
L’économie mondiale devrait connaître le second semestre 2010 une relative stabilisation après la décroissance de 2009, le taux de croissance de la zone OCDE devant varier entre moins 0,1% et 1%, l’économie mondiale devant revenir à l’équilibre d’avant la crise vers 2013/2014 et sous réserve que les thérapeutiques préconisées s’avèrent efficaces, supposant une coordination mondiale sans faille et une nouvelle régulation , ce qui n’est pas évident avec les divergences entre les USA et l’Europe d’une part, les pays émergents et les pays développés d’autre part comme cela a été le cas lors de la réunion du G20 à Londres le 02 avril 2009. Car la dépréciation du dollar est due fondamentalement à l’important déficit budgétaire américain,( 12% du PIB) en rappelant que le dollar représente plus de 60% des transactions mondiales. En cas de non reprise par l’économie réelle,le dérapage risque de s’accentuer , la FED le 20 mai 2009 ayant ainsi revu en baisse ses estimations de croissance pour 2009 et 2010 pour la première économie mondiale. Le produit intérieur brut devrait ainsi reculer de 1.3% à 2% en 2009, contre une fourchette de 0.5% à 1.3% pressentie jusqu’alors, et de 2 à 3% en 2010, contre 2.5-3.3% en précédente estimation. Ainsi, la contraction de l’économie américaine sera plus sévère que prévu et le redémarrage de l’activité sera très lent d’autant plus que la reprise de l’économie mondiale est tributaire de la reprise aux Etats-Unis première puissance économique mondiale et de l’ Europe et non pas des pays émergents, décroissance de la Russie , de l’Inde du Brésil , de la Chine dont les exportations dépendent de la demande américaine et européenne , et éviter l’illusion de la Chine ( malgré les 2000 milliards de dollars de réserves de change mais dont plus de 80% libellées en dollars grâce aux exportations ) du moins à court terme, le PIB chinois étant en valeur seulement équivalant à celui de l’Allemagne. Les investisseurs sont également inquiets quant au possible abaissement par S&P de la note de la dette à long terme du Royaume-Uni. L’agence a abaissé sa perspective à « négative » contre « neutre » précédemment. Les investisseurs craignent que le prochain pays sur la liste des abaissements de perspectives soit les Etats-Unis. Du coup, la situation du marché de l’emploi ne devrait pas s’améliorer. Les licenciements pourraient monter dangereusement aux USA, ce qui risque au passage de freiner la reprise de la consommation des ménages et d’investissements dans le logement, qui constituent les deux piliers de la croissance. Le taux de chômage pourrait monter de 8.5% actuellement à 9.6% en 2009. Il pourrait encore être compris entre 7.7% et 8.5% en 2011, contre un niveau bien supérieur en Europe dont l’Espagne est la plus touchée (prévision de 20% en 2010). Comme impact de cette dépréciation du dollar, le président brésilien estime que son pays et la Chine vont parvenir à avoir des échanges bilatéraux dans leurs monnaies respectives, sans passer par le dollar, une réunion des Banques centrales des deux pays étant prévu à ce sujet selon la déclaration Luiz Inacio Lula da Silva le 19 mai 2009 à Pékin, rapporté par China Daily.
2- Impact sur l’Algérie
– Premièrement sur les réserves de change libellées en dollars qui se déprécient et notamment avec le risque comme montré précédemment de la dépréciation des bons de trésor américain cumul de la dépréciation du dollar, taux d’intérêt de la FED à 0,25% et taux d’inflation US à 1%, ce dernier risquant de remonter avec le déficit budgétaire. Une importante étude financière réalisée par Blomberg en date du 08 mai 2009 concernant les bons du trésor confirme mes études 2007/ 2008 concernant les risques de dépréciation des bons du trésor Algérien, du fait que début mai 2009 la Fed ayant acheté pour 590 milliards USD d’obligations et que le prix des bons de trésor américain, baisse sensiblement .
-Deuxièmement sur la valeur des exportations des hydrocarbures libellées en dollars, en termes de pouvoir en termes de parité de pouvoir d’achat des autres monnaies notamment l’euro qui s’apprécie. Pour le cours futur du pétrole, il sera fondamentalement déterminé par la nouvelle politique énergétique des USA, des énergies alternatives et du nouveau défi écologique. En effet, le projet de loi américain pour combattre le réchauffement climatique, activement soutenu par le président Barack Obama, dont le secrétaire d ‘Etat à l’énergie n’est autre que le prix Nobel de physique défenseur des énergies renouvelables, a été adopté par les membres de la commission de l’Energie le 20 mai 2009. Ce projet de loi quand il sera promulgué cette année, rompra notre dépendance énergétique envers le pétrole étranger, et fera de notre pays un leader en termes de technique et d’emploi verts, et contribuera faire baisser le réchauffement climatique », a déclaré jeudi Henry Waxman le président de la commission. En ce qui concerne le cours réel actuel du pétrole ( WIT et brent, le gaz étant indexé ) il faudrait donc déflater par la dépréciation du dollar, les exportations du pétrole étant libellées en dollars. En effet le brent qui était coté à 48 dollars avec un cours de 1,28 dollar un euro entre janvier/février 2009 est passé le 23 mai 2009 à 60 dollars pour le brent( mer du Nord) et le WIT ( Texas) du fait à la fois à la baisse des stocks ,aux phénomènes spéculatifs ( valeur refuge comme l’or due à la dépréciation du dollar ) donc à leur reconstitution, une légère reprise des bourses non due aux fondamentaux technologiques et surtout à la dépréciation du dollar qui est passé à plus de 1,40 dollar un euro. En précisant que n’existe pas une corrélation entre la baisse/hausse du dollar, et la baisse/hausse du cours du pétrole à 100% ce qui donne en parité de pouvoir d’achat euros un cours de 55 dollars à prix constant de janvier/février 2009 ayant donc gagné 5 dollars en un trimestre à prix constant parité euros. Aussi, il est faux de raisonner en prix courants sans tenir compte à la fois de l’inflation ou déflation et de la dépréciation ou de l’appréciation du dollar. Toujours concernant le cours du pétrole, la prochaine réunion de l’OPEP à Vienne le 28 mai 2009, comme je l’ai annoncé il y a plus de 20 jours à la presse nationale et internationale, qui représente moins de 40% de la production commercialisée mondiale et dont l’influence est déclinante, devrait consacrer le statut quo ( sous la pression de l’Arabie Saoudite membre du G20 et représentant l’essentiel de la production OPEP) et aura un impact limité sur l’évolution du cours qui dépend essentiellement à la fois des fondamentaux et de la stratégie des grandes firmes pétrolières, donc les grandes décisions se faisant ors OPEP
– Troisièmement sur la valeur de nos importations libellées en euros (60% en moyenne) dont la valeur augmente promotionnellement surtout si l’on, maintient le rythme de 2008 (40 milliards de dollars d’importations de biens plus 10 milliards de services ) et pour calculer la sortie globale des capitaux , il faut ajouter à ces 50 milliards de dollars les transferts de dividendes et de services y compris les associés de Sonatrach d’environ 10 milliards de dollars soit au total 60 milliards de dollars pour 2008 ( raisonner au niveau de la balance des paiements et non pas uniquement au niveau de la balance commerciale). -Quatrièmement pour la partie des réserves de change libellés en euros , certes l’appréciation de l’euro permet un gain en termes de parité de pouvoir d’achat cette fois ci en dollars , , mais il faut le comparer au taux faible d’intérêt de la BCE ( 1%) et du aux d’inflation de la zone euro 1/1,5% : la aussi nos placements ne ramène presque rien. Idem pour le yen(Japon) et la livre sterling en Angleterre ou le taux directeur des banques centrales va vers zéro.
3-Avoir une gestion dynamique et transparente de la politique monétaire
La politique monétaire dont la cotation du dinar qui dépend des fluctuations des monnaies clefs mais la politique de la banque centrale n’est pas claire dévaluant récemment le dinar algérien tant par rapport au dollar que par rapport à l’euro entre 15/20% sus prétexte de réduire les importations (ce qui n’est pas évident selon les premières statistiques douanières du premier trimestre 2009) alors que ces deux monnaies n’évoluent pas dans le même sens. Or, l’instabilité du taux de change ,autant que l’instabilité du cadre juridique, découragent tout opérateur et ces dévaluations alourdissant les coûts à l’importation tant des équipements matières premières, et biens de consommation gonflant artificiellement tant les recettes des hydrocarbures ( dollar reconverti en dinars algériens) et part là la fiscalité pétrolière ( voilant le déficit budgétaire) . Par ailleurs, selon les déclarations du gouverneur de la banque d’Algérie algérien en novembre 2007 devant le parlement, la Banque centrale utilise deux manières pour placer les réserves de changes de l’Algérie du moins entre 2007/2008. Les placements à l’étranger seraient de 70% en titre souverain, c’est-à-dire en bons de Trésor américains, japonais, britanniques et européens. Le second placement (30%) s’effectue via les dépôts de la Banque centrale sur le marché bancaire et interbancaire, étant déposé par la Banque centrale auprès de banques internationales qui disposent de références très élevées. Mais, à la lumière de l’expérience récente de la crise mondiale certaines cotées AAA ont fait faillite et d’autres ont d’importantes difficultés. Le problème qui se pose qui sont ces banques ou l’Algérie a placé 30% de ses réserves dans la mesure ou pour les 70% cela est garanti par les Etats. Combien avons-nous placées à l’étranger, dans quelles banques et dans quel pays ? Car le silence ou déclarations vagues rappelant des évidences connues (nous avons remboursé la dette, nos banques et notre bourse ne sont pas connectés aux réseaux internationaux, nos réserves sont bien placées, mais l’Algérie a-t-elle de véritables banques de détail et une bourse ?), alimentent les rumeurs les plus folles nuisibles aux intérêts supérieurs du pays. Comme un retrait avant terme de ces montants, selon les contrats internationaux bancaires, donne lieu à une perte d’une partie des intérêts perçus. Car, vouloir retirer les bons de Trésor américain et les autres montants placés dans d’autres banques centrales pour vendre les obligations au niveau du marché occasionnerait avec la crise actuelle une décote pouvant varier entre 15 à 20% sinon plus sans compter, pour les bons de Trésor américain, la dépréciation du dollar de plus de 40% ces sept (7) derrières années. D’où l’importance d’une politique active des réserves de change ainsi que d’une politique monétaire claire ce qui n’est pas le cas liée à une visibilité et cohérence de la politique socio-économique (gouvernance rénovée et valorisation du savoir), donc à l’approfondissement de réforme globale mitigée du fait du poids bureaucratique et la logique rentière.
Docteur Abderrahmane MEBTOUL, professeur d’Université
Expert International, Economiste