« Le doute est le commencement de la sagesse » Aristote
Touchant tous les pays sans exception, à Rome le 30 mars 2009, le secrétaire général de l’OCDE vient de déclarer que la croissance de l’économie mondiale serait négative en 2009, pourrait aller vers une croissance entre 0 et 1% fin 2010, toujours par rapport à l’année 2009, ce qui est extrêmement faible, sous réserves d’une coordination ,le cas contraire l’année 2010 serait pire que l’année 2009, et que la reprise réelle durera plusieurs années avant que l’économie mondiale ne retrouve son ancien niveau pas avant fin 2013/2014. Et le rapport de l’ONU en date du 27 mars 2009 toujours relatif à la crise montre que trois pays pétroliers en Afrique , ne devant pas s’attendre à une retour spectaculaire des cours du pétrole , du fait de leur gouvernance et de l’importance de leur population , seront touchés par cette crise à savoir le Nigeria, le Soudan et l’Algérie.
Aussi c’est dans ce contexte que la réunion du G20 se tient à Londres le 02 avril 2009 et ce cette fois en présence du nouveau président US, composés des pays développés et des pays émergents représentant 85% du PIB mondial et 2/3 de la population mondiale. Elle sera consacrée à la crise financière d’une ampleur planétaire dont la sous capitalisation vient d’être estimée à mars 2009 à une perte de plus de 52.000 milliards de dollars (près de 360 fois les réserves algériennes) contre 30.000 en novembre 2008 montrant la profondeur de la crise.
Le BIT dans son dernier rapport de mars 2009 estime que le chômage risque de toucher entre 40 et 50 millions de personnes de plus dans le monde atteignant un record de plus de 250 millions de personnes fin 2009, les premières conséquences économiques et sociales ne cessant de se faire sentir pouvant avec les ondes de chocs aller jusqu’en 2013/2014, s’il y a une légère reprise fin 2010 fonction des thérapeutiques préconisées. Les mouvements sociaux de plus en plus persistants sont des révélateurs de l’aggravation des malaises des sociétés et de l’inquiétude croissante vis-à-vis de l’avenir et ce malgré une injection monétaire sans précédent des Etats pour répondre à la paralysie du marché.
La situation dramatique du continent Afrique sera-t-elle étudiée ? En été 2007, au lendemain de l’éclatement de la crise, plusieurs responsables africains affirmaient, « nous n’avons rien à craindre. Grâce au sous-développement nous sommes immunisés ».Mais à terme, la crise ne menace t-elle pas d’attiser surtout les conflits sur le continent, d’autant plus que la croissance mondiale qui, pour la première fois depuis 60 ans, sera négative ?Même si la crise a été lente à atteindre les rivages de l’Afrique, nous savons tous qu’elle arrive et que son impact sera sévère a averti le FMI dans son dernier rapport de mars 2009, prévoyant une chute drastique des échanges commerciaux et de services avec les pays africains, une baisse des transferts de capitaux par la diaspora, l’amenuisement des investissements étrangers et de l’aide avec une récession, la croissance économique du continent ne devant pas dépasser les 3% en 2009, loin des 5,4% de croissance enregistrés en 2008. Car toujours selon ce rapport, rejoint d’ailleurs par l’OCDE, les pertes en sous capitalisation au niveau mondial sont estimées provisoirement à plus de 52.000 milliards de dollars contre une estimation de décembre 2008 à 30.000 milliards de dollars, montrant la gravité et la durabilité de la crise mondiale structurelle et non conjoncturelle.
Les dirigeants africains ne devraient pas rendre à la légère la gravité et la durabilité de la crise de l’économie mondiale en cette ère de mondialisation du fait des interdépendances accrues des économies. Donc , en dehors de toutes ces allégations, quelles peuvent être les vraies répercussions de cette crise financière internationale, qui ébranle l’économie mondiale dans son ensemble sur le système financier africain et l’économie réelle du continent ?
I- L’Afrique face à la crise mondiale
La population africaine est estimée à 922 millions en 2005, à 944 000 000 habitants ( 2007) a doublé depuis 1980, pratiquement quintuplé depuis 1950 et s’oriente vers un milliard et demi ( 1,5) horizon 2020. Le produit intérieur brut africain dépasse en moyenne 2007/2008 mille (1000) milliards de dollars. Le secteur des services représente la plus grande part du PIB avec 44,7%, suivi de l’industrie (41,5%) et de l’agriculture (13,8%). En 2006, les secteurs industriel et agricole on enregistré la plus forte croissance avec respectivement 5,7 et 5%5 Si l’expansion de l’économie mondiale a favorisé le développement de certaines aires géographiques comme l’Asie du Sud et de l’Est, l’Afrique est restée, elle, largement en marge du phénomène.
34 pays les moins avancés (PMA) sur 49 se situent aujourd’hui sur le continent noir. Selon les rapports de l’OUA de 2006/2007, 141 pays en voie de développement 95 soit les 2/3 sont tributaires à plus de 50% de leurs exportations des matières premières agricoles et minérales dont 80% pour l’Afrique subsaharienne. A titre d’illustration entre 2005/2006 le coton représente dans le total des exportations 56% pour le Burkina Faso, 66% pour le Bénin et 76% pour le Tchad, d’ailleurs fortement concurrencé pour la Chine et l’Inde. Le commerce intra- africain qui ne dépasse pas 10%( rappelant que le commerce intra maghrébin qui peut être un espace de dynamisation du commerce intra- africain épaulé par une zone de libre échange africo- arabe du fait des importants capitaux et des opportunités d’affaires, ne représente en 2008 qu’environ 2%) est dominé par un nombre restreint de pays qui vendent un nombre limité de produits. En Afrique subsaharienne (à l’exclusion de l’Afrique du Sud), d’après la Banque mondiale, pour 2007, environ trois quarts des exportations intra -africaines proviennent de cinq pays (Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, Nigéria et Zimbabwe).
Il s’agit surtout de produits primaires. Le pétrole représente à lui seul plus de 30 % de ces échanges, et le coton, le bétail sur pied, le maïs et le cacao 18 %. Dans une moindre mesure, le poisson frais, les légumes, le thé et le sucre sont aussi exportés. Les produits manufacturés représentent seulement 15 % de ces échanges. En Angola, par exemple, le pétrole et les produits pétroliers représentent plus de 90 % des exportations vers les autres pays d’Afrique. Aux Seychelles, le poisson frais représente presque 98 % de ces exportations. A cause du manque de diversité, ces mêmes produits de base tendent aussi à dominer les exportations de l’Afrique vers le reste du monde. C’est que les efforts actuels d’intégration régionale,( vœux pieux malgré plusieurs expériences) , qui remontent à 1994, date de l’entrée en vigueur du traité d’Abuja, et qui consistait en une intégration progressive en créant des zones de libre-échange par l’élimination des tarifs douaniers sur les produits échangés au sein des diverses communautés économiques africaines, les barrières non tarifaires et l’adoption d’un tarif douanier commun pour former une union douanière, du fait que les taxes commerciales imposées sur le continent, sont plus élevées que dans les autres régions, ont largement contribué à freiner le commerce entre pays africains. En plus l’approche progressive définie dans l’accord d’Abuja, notamment la réduction de certains tarifs douaniers au niveau régional, n’a été que partiellement appliquée dans une ou deux régions et a été en grande partie remplacée par la libéralisation généralisée des échanges que préconisent les programmes d’ajustement structurel financés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).
Tout en reconnaissant que d’importants progrès au niveau du continent Afrique, politique, le nombre de conflits ayant sensiblement baissés et économique avec sept années consécutives de croissance relativement élevée ont permis à un certain nombre de pays de se constituer des réserves monétaires et d’améliorer leur balance des paiements, ce qui permet d’amortir les difficultés à court terme, néanmoins, cette performance ne doit pas voiler les nombreux obstacles qui se dressent sur la voie du développement des pays africains et qui ont entre autres pour noms la faiblesse de l’industrialisation, les failles dans la gouvernance, le taux élevé du chômage auquel sont confrontés plus de 200 millions de jeunes africains en bref la persistance de la pauvreté. Aussi, la crise risque de freiner cet élan, d’autant plus que les services et les infrastructures sont dégradées ; la fonction publique mal payée et donc gangrenée par la corruption avec l’inégalité entre les régions, l’insécurité dans les villes. Face à cela, la dominance d’une société de subsistance ou une contre-société de trafics qui enfante ses gagnants et ses perdants.
Ainsi, la situation de l’Afrique dans sa globalité est la suivante : la mono-industrie qui s’explique par le passé colonial de l’Afrique (l’organisation du territoire ayant favorisé le développement côtier) mais la colonisation n’explique pas tout ; l’Afrique semble un continent oublié par les échanges mondiaux ; l’importation de modèles de développement n’ayant pas été une réussite.
La plupart des pays sont endettés même si ces données doivent être corrigées par le fait qu’une partie de la production est invisible, une partie de la population vit de sa production sans que celle-ci soit recensée. La croissance démographique est un facteur d’explication de la situation économique difficile ; elle engendre deux effets pervers : raréfaction des actifs et explosion d’une population jeune. Les sécheresses qui se succèdent depuis les années 60, l’avancée du désert ont provoqué des crises agricoles graves. Les agriculteurs africains sont de plus handicapés par leur mauvaise maîtrise des techniques de conservation de l’eau et d’irrigation comme ils le sont aussi par les médiocres infrastructures a augmenté même s’il demeure très sensiblement inférieur à celui de l’Asie routières.
A cela s’ajoute le nombre des pays en guerre et donc de réfugiés. Le taux d’urbanisation. L’exode rural joue un rôle important dans cette croissance. Or les villes ne proposent qu’un nombre d’emplois dérisoire en l’absence de véritable politique de développement. Aussi, du fait de son sous développement, l’Afrique reste moins affecté par la crise financière mondiale. – l’Afrique participant à hauteur de 3% seulement aux échanges mondiaux et représente en moyenne 2007/2008 1% du produit intérieur brut mondial .Le système financier africain est généralement autonome et indépendant de ses relations avec les économies occidentales, et ne dispose pas encore d’un système boursier encore performant. Une des raisons pour lesquelles les turbulences économiques mondiales auront des effets moins graves en Afrique, est que le contrôle des mouvements de capitaux, ont poussé les banques du continent à favoriser la gestion des dépôts locaux et à faire des investissements relativement peu risqués.
Leur exposition aux “subprimes” et autres instruments financiers douteux qui ont provoqué la chute de banques américaines et européennes est donc minimale Toutefois, des conséquences à plus long terme sont attendues car la situation de l’Afrique est des plus inquiétantes, car même si elle ne subit pas une conséquence directe de la crise financière, , l’impact se fait ressentir par d’autres biais. Les conséquences de cette crise, peuvent varier selon le niveau de développement des pays. L’effet de contagion peut donc atteindre des Etats dont les systèmes financiers sont plus intégrés au système international Pour les autres, c’est une période d’incertitudes, avec paradoxalement, de nouveaux risques comme l’augmentation des interventions de l’armée dans la vie politique, des crises sociales et des grèves liées aux inégalités, l’injustice et à la corruption, la dévalorisation du savoir qui explique l’exode de cerveaux.
Car, l’Afrique perd chaque année 20.000 professionnels comme conséquence de la «fuite des cerveaux», selon le bulletin de la Commission Européenne. Un tel exode influe négativement sur le continent dont le départ des compétences intellectuelles vers d’autres continents contribue à marginaliser l’Afrique dans les systèmes mondiaux du savoir. Le fait que ces personnes qualifiées et compétentes ne retournent pas dans leur pays, souvent pour des raisons de marginalisation par le pouvoir constitue la cause de l’impossibilité pour l’Afrique, d’entrer dans l’arène mondiale du savoir. Autre élément le défi le manque d’eau. Il est prouvé mondialement ces dernières années dans les différents rapports de l’ONU, l’UNESCO, du Conseil Mondial de l’eau, que les ressources en eau vont poser un grave problème à l’humanité, deux tiers de la planète dont l’Afrique , risquant de souffrir d’un manque d’eau grave . Mais face à la crise mondiale, il y a lieu de préciser il n’y a pas une Afrique mais des Afriques, La crise affectera au cas par cas en Afrique. Les pays de l’Afrique australe et du Maghreb, sont économiquement plus prospères que l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest. Des pays ayant des réserves de change importantes notamment les économies pétrolières africaines ou des pays grands exportateurs de matières premières que les pays les plus pauvres ou vivant uniquement du tourisme qui risque de connaitre une récession, sont moins touchés à court terme dans la mesure où l’effondrement des cours avec la mentalité rentière du passé qui a privilégié la dépense monétaire sans se préoccuper d’une bonne gestion, risquent d’avoir des effets néfastes à moyen terme.
II- . Les effets de la crise mondiale sur l’Afrique
Premier impact, la crise devrait se manifester au niveau de l’aide et l’investissement au développement qui pourrait en souffrir. Après avoir promis d’accroître fortement le montant de l’aide au développement, les pays riches ont réduit leur soutien financier à l’Afrique et n’ont rien fait pour améliorer les termes des échanges commerciaux avec ce continent, selon une étude d’ African Monitor, une organisation indépendante créée en 2005 pour surveiller l’application des promesses faites par le G8. La Commission pour l’Afrique , créée par l’ ex Premier ministre britannique Tony Blair, a réclamé aux pays riches qu’ils accordent, jusqu’en 2008 ou 2010, une aide supplémentaire de 25 milliards de dollars au continent noir. En 2007 et 2008, l’aide a décru encore un peu plus. Hors allègements de dette, l’aide à ce continent des 22 pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) est passée de 106 milliards de dollars en 2005 à 103 milliards de dollars en 2006, d’après African Monitor. En outre, l’aide de l’OCDE est passée en moyenne de 0,33% de son revenu national brut en 2005 à 0,3% en 2006, malgré la promesse du G8 de porter d’ici 2015 à 0,7% du PNB de chaque pays les fonds alloués à l’aide au développement.
Enfin, 55% de l’aide totale n’a profité qu’à dix pays qui obtiennent souvent l’aide de pays occidentaux pour des raisons plus stratégiques qu’humanitaires. Si déjà en période normale, ils ont du mal à tenir ces promesses, sans doute qu’en temps de crise, ils auront encore plus de mal. .
Comme, il est utile de rappeler que ces montants promis sont est une somme dérisoire comparé à l’injection plusieurs centaines de milliards de dollars de liquidités sur les marchés par les banques centrales. Deuxième impact à terme sur le système et flux financiers et l’équilibre macro-économique. L’incertitude étant considérable à l’échelle mondiale, la croissance risque encore d’être revue à la baisse. Pour 2009, le FMI prévoit une détérioration sensible des comptes budgétaires et extérieurs des pays d’Afrique sub-saharienne. Il table sur une dégradation du solde budgétaire global de non moins de 6 points de pourcentage, avec un déficit voisin de 4 % du PIB en 2009 Quant au taux d’inflation, devrait passer à 12,7% en 2007 et 12,9% en 2008 alors qu’il n’était que de 7,5% en 2005. La dette extérieure totale est de 255 milliards de dollars en 2007. Les accords d’allègement de la dette ont ramené la dette publique de 205,7 milliards en 1999 à 114,5 milliards. La dette privée est quant à elle passée de 92,4 à 110,2 milliards.
Qu’en est-il des places boursières ? Parmi les effets indirects de la crise, on peut citer : la contagion de notoriété, la mauvaise réputation des autres marchés, la psychose et le besoin de liquidité de certains acteurs économiques non résidents peuvent les amener à vendre leurs titres investis.
Les pays pionniers et les pays émergents d’Afrique sont particulièrement touchés du fait de leurs liens financiers plus étroits avec le reste du monde, notamment par le biais des marchés d’obligations et d’actions, selon le FMI. Un autre élément le tarissement des flux financiers opérés par les émigrés africains par l’intermédiaire d’institutions financières très présentes et actives en Afrique.
Largement financé par ces fonds, fruit du labeur de nombreux émigrés le bâtiment en Afrique connaît une crise parallèle à celle du niveau de vie des diasporas. D’une manière générale, du fait que des fonds occidentaux en quête de diversification de leurs investissements ont injecté beaucoup d’argent sur des marchés africains, le risque est de voir des banques africaines touchées par la crise. Si les banques occidentales, pour des raisons de solvabilité, refusent de se prêter de l’argent entre elles, il y a de fortes chances qu’elles ne veuillent pas financer les banques africaines.
Et si ces dernières ne peuvent pas bénéficier de ces crédits, elles se retrouveront dans l’incapacité de prêter à leurs clients (particuliers ou entreprises).Par railleurs il faut être attentif aux fluctuations monétaires,dont le dollar (la plupart des exportations africaines étant libellés en cette monnaie et sa dépréciation aurait des répercussions néfastes) l’évolution des cours boursiers du fait d’éventuelles spéculations ou encore leur évolution en raison d’une évolution des fondamentaux Troisième impact sur le cours des matières premières exportées.
La crise financière devrait modifier la position de l’Afrique sur le marché mondial c’est-à-dire à l’achat et à la vente de certains produit, donc la demande en matières premières, essentiellement en provenance d’Afrique. Cette baisse des cours, des volumes et des revenus affectera les investissements.
Selon le magazine « The African exécutive », les marchés de matières premières sont essentiellement des marchés à terme. Ils organisent le marché des produits dérivés. Les produits dérivés constituent un contrat dont la valeur dérive de la valeur anticipée d’un actif ou d’un taux d’intérêt. Ils représentent une promesse de vendre ou d’acheter à terme une action, une obligation, une marchandise ou une devise. Avec la crise financière, on pourrait assister à un revirement des investisseurs des marchés occidentaux vers les marchés des matières premières comme New York, Chicago ou Londres.
Si, on admet que les marchés à terme sont à 80% des marchés de spéculation, on pourrait alors penser qu’il y ait une corrélation dans le sens où il y aurait un report des investisseurs. Les produits industriels sont les plus touchés par la crise financière venue des Etats-Unis (cuivre, or, aluminium diamant, pétrole, fer…). Les importations des pays d’Asie et les exportations des pays occidentaux vers cette partie du monde connaîtront une baisse qui se traduirait inéluctablement par une réduction de la demande mondiale des matières premières.
III- Face à la crise – Les quinze ( 15) actions politiques, macro- sociales et macro-économiques
1.- Créer un comité de crise au plus niveau de chaque l’Etat africain avec une structure de coordination régionale , composé d’experts indépendants africains , loin de toute injonction politique, pour l’évolution de la crise mondiale afin d’être prêt à agir promptement si nécessaire. La crise actuelle peut une occasion d’encourager un consensus national en faveur de réformes dont le continent a cruellement besoin ( conférence nationale à laquelle seraient conviés tous les partis politiques y compris l’opposition , syndicats,le patronat ,des organisations économico- sociales,les chercheurs universitaires). L’injustice au niveau mondial est due à une répartition inéquitable des richesses mais aussi à la gouvernance, des plus discutable, qu’exercent les élites politiques des pays du tiers-monde et particulièrement africaines.
2- Etablir des conditions favorables au développement en assurant la paix et la sécurité, la démocratie, l’Etat de droit, par une lutte efficace contre la corruption (bonne gouvernance), la promotion des droits de l’homme, de la condition féminine, la protection de l’enfance, en fait la bonne gouvernance politique, économique et d’entreprise, avec un accent sur la gestion financière publique, la coopération et l’intégration sous-régionales.
3.- Favoriser l’intégration économique de l’Afrique en évitant cette vision ultra nationaliste égoïste largement dépassée au moment de la consolidation des grands ensembles, parler d’une même voix pour lutter par exemple contre le danger du protectionnisme et relancer de cycle de Doha afin d’empêcher une contraction globale des échanges et des flux commerciaux qui lui serait préjudiciable. Aussi, pour que les actions de l’Afrique deviennent plus efficaces en termes de politique de développement, assurer que les besoins du continent sont pris en considération, dans les négociations de l’OMC .
4.-Lier la dynamique économique et la dynamique sociale par une politique par une lutte efficace concrètement ( loin des textes juridiques et des discours démobilisateurs) contre une concentration excessive du revenu national au profit de rentiers destructeurs de richesse, dont la bureaucratie qui est parfois le pouvoir numéro en Afrique
5- Lié au pont précédent, tout en respectant la rigueur budgétaire afin d’éviter un taux inflation à deux chiffres qui pénaliserait les plus pauvres, il faut que les subventions et filets de protection sociale visent en priorité les catégories de population vulnérables qui en ont le plus besoin et en encourageant les activités productives et de soutien et revaloriser le savoir, contribuer ainsi à créer et partager de la richesse et en conséquence réduire la pauvreté de manière pérenne avec des occupations et des emplois décents.
6- Tout en évitant les options à caractère populiste qui ne feraient que rendre leurs populations encore plus vulnérables à longue échéance , s’organiser au niveau supranational et continental pour signer un pacte de soutien au pouvoir d’achat afin d’opter et d’organiser enfin collectivement les processus permettant d’aboutir à une croissance économique partagée au sein de grands ensembles avec un rôle accru à l’ ’Etat régulateur stratégique en économie de marché qui doit assurer la cohésion sociale .qui ne saurai se confondre avec l’étatisme
7-Continuer les réformes institutionnelles et micro économiques,tout en tenant compte de l’anthropologie culturelle de l’Afrique (concilier modernité et son authenticité) qui a permis à l’Afrique de renouer avec la croissance , car la stabilisation macro-économique est éphémère dans des réformes en profondeur.
8.- De ce fait continuer une politique monétaire active corrélativement avec une politique budgétaire ciblée en misant sur l’efficacité de la dépense publique renvoyant d’ailleurs à la réforme de l’Etat des pays africains. La politique budgétaire doit être adaptée au contexte particulier de chaque pays.
9-Une politique active du taux de change de la monnaie, en cohérence avec le rééquilibrage du niveau de la croissance( politique par palier progressif ) afin d’éviter une spirale dévaluation- inflation, tout en pensant à une banque centrale africaine et une monnaie unique .
10- Mobiliser les ressources en renforçant l’épargne et les investissements nationaux par l’intégration, loin de mesures autoritaires, de la sphère informelle dominante en Afrique.
11- Accorder une priorité au développement humain, particulièrement la santé, l’éducation, les sciences et technologies et le développement des compétences en favorisant la création, de deux ou trois grandes universités africaines reliées aux réseaux mondiaux impulsant des pôles d’excellence pour les managers de demain ;
12.-Renforcer l’amélioration des infrastructures, y compris l’eau, le gaz, l’électricité, la technologie d’information et de communication (TIC).
13-Promouvoir diversification de la production et des exportations, y compris la promotion de l’agro-industrie, des usines, des mines, des profils minéraux et du tourisme.
14- Renforcer les investissement notamment l’agriculture qui est la priorité des priorités en raison de la famine croissante pour les cultures vivrières souvent délaissées en revoyant le foncier ( système de propriété) et en fixant un prix rémunérateur aux paysans . Car la production agricole est triplement handicapée: – par l’irrégularité des précipitations, problème (le pourcentage de terres arables irriguées n’est que de 7% pour le continent, 3,7% pour l’Afrique subsaharienne; comparativement, il est de 10,29% en Amérique du Sud et de 41% pour l’Asie de l’Est, du Sud-Est et du Sud); par la faiblesse des sols en éléments nutritifs: 16% des sols qui ont de faibles réserves en éléments nutritifs; à titre comparatif, 4% seulement des sols asiatiques sont touchés par ce problème, par la faible productivité des engrais qui serait inférieure à celle de l’Asie de 36% et à celle des pays développés de 92%.
15-Repenser tout le système économique mondial
Face à la crise mondiale, les nouvelles politiques des dépenses publiques dites néo-keynésiennes avec un rôle central à l’Etat régulateur s’avèreront-elles efficaces, le prix Nobel d’économie de 2001 Joseph Stiglitz estimant que ces actions ne sont qu’une solution à court terme le comparant à «une transfusion sanguine massive à une personne souffrant d’une grave hémorragie interne». L’objectif stratégique est de repenser l’actuel système économique mondial en intégrant le défi écologique, ce système actuel favorisant la bipolarisation Nord/Sud, la pauvreté préjudiciable à l’avenir de l’humanité, accéléré d’ailleurs par les gouvernances les plus discutables de la part de la plupart des dirigeants du Sud, sur les 7 milliards d’âmes les 2/3 étant concentrées au sein de la zone Sud avec moins de 30% des richesses mondiales. Or, il s’agit de repenser tout le système financier mondial issu de Breeton Woods en 1945 en moralisant le capitalisme (la véritable économie de marché repose sur l’entreprise créatrice de richesses et son soubassement le savoir et non sur la spéculation financière et ce dans un environnement concurrentiel , loin de tout monopole) et ce en donnant un rôle accru au FMI comme garant de la régulation mondiale et éviter cette suprématie du dollar, qui ne devra plus se limiter seulement aux équilibres macro-économiques (déséquilibre des balances des paiements), tout en élargissant la représentation aux pays émergents au sein des institutions internationales. Car ce début du 21ème siècle, des disparités de niveau de vie criantes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Sur plus de six milliards d’habitants que compte la planète, un cinquième – dont 44% en Asie du Sud – a moins d’un (01) dollar par jour de revenu. Si dans les pays du Nord, 5% de la population souffrent de malnutrition, ce taux monte à 50% dans les pays du tiers-monde. Le revenu moyen des 20 pays les plus riches est 37 fois plus élevé que celui des 20 pays les plus pauvres qui appartiennent à l’Afrique sub- saharienne, à l’Asie du Sud et à l’Amérique Latine. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards d’individus – dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement – on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l’humanité si rien de décisif n’est entrepris. Comme le note avec pertinence Jeffrey D. Sachs professeur d’économie et directeur de l’Institut de la Terre à l’université de Columbia, à New York , « la politique que doivent impérativement mener les pays riches aussi bien que les pays en développement pour surmonter la crise consiste à mettre en place les infrastructures adaptées au XXIe siècle : un réseau électrique efficace alimenté par les énergies renouvelables ; des réseaux en fibre optique et sans fil pour la téléphonie et l’Internet à haut débit ; des réseaux de distribution d’eau, d’irrigation, et d’assainissement qui permettent une utilisation efficiente de l’eau douce et son recyclage ; des systèmes de transport public urbains et interurbains ; des autoroutes plus sûres, etc. Ces investissements sont nécessaires à brève échéance pour compenser le déclin des dépenses de consommation au niveau mondial qui sous-tend la récession mondiale. Par ailleurs, les responsables politiques des pays riches croient qu’ils peuvent continuer à négliger les pays en développement, ou les abandonner aux règles des marchés mondiaux. Une telle approche mène également vers une débâcle mondiale, voire à des conflits futurs. Dans la quasi-totalité des propositions des pays riches au sujet des objectifs, des limites, des engagements et des permis d’émission de gaz à effet de serre, l’idée d’une assistance aux pays pauvres pour financer la transition vers les technologies durables n’est pas même évoquée alors qu’ils constituent un défi en vue de remettre sur pied l’économie mondiale en crise ».
En conclusion, l’Afrique reste un continent prometteur comme l’attestent les différentes rencontres USA/Afrique, Europe/Afrique, Chine/Afrique, Japon/Afrique Inde/Afrique Turquie/Afrique qui .s’insèrent dans le cadre d’une lutte pour la reconfiguration géostratégique du monde. Les sujets tels que l’intensification de la lutte contre la pauvreté et le sous-développement des pays africains ainsi que la constante marginalisation de l’Afrique nécessitent une nouvelle intervention radicale, qui auraient une nouvelle vision garantissant la régénération de l’Afrique, en intégrant le défi du XXIème siècle qui est celui de la protection de l’environnement et la revalorisation du savoir. Les circonstances sont en effet propices au lancement d’une initiative mondiale en faveur du développement durable dans l’activité économique. Faute de relever ce défi, la crise mondiale constituera une menace pour le monde au cours des années à venir. Tout cela renvoie à des enjeux géostratégiques de première importance, montrant l’importance du continent dont le développement doit être pris en compte lors de la prochaine réunion du G20 à Londres (1).
Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International
(1) Interview de A. Mebtoul à radio Algérie internationale 27 mars 2009 le G20 de Londres du 02 avril 2009 et les défis du Tiers monde.