L’industrie marocaine du textile, longtemps une source essentielle des exportations, se remet des dernières difficultés rencontrées et affiche désormais des signes de reprise du fait de la hausse de la demande extérieure, (qui a été) soutenue par les efforts conjoints du gouvernement et de groupes industriels. De plus, le gouvernement envisage une série de politiques de compensations industrielles afin de renforcer l’industrie locale et encourager le transfert de technologies, ce qui devrait avoir des effets stimulants sur le secteur du textile.
Malgré la baisse du textile et de l’habillement face aux progrès réalises dans d’autres industries, le secteur demeure une source essentielle de recettes en devises pour le pays, ou l’habillement a constitué le principal produit d’exportation en terme de valeur en 2010, représentant environ 11.7% du total, selon des chiffres provisoires de l’Office des Changes. Le secteur a toutefois été sévèrement touché ces dernières années notamment par la fin de l’accord multifibre en 2005 et par la récession économique de 2008-2009 qui a entrainé une baisse considérable de la demande de la part de ses principaux clients européens. Certes, le secteur de l’habillement représente le produit principal qui compose la plus grande partie des exportations; toutefois, elles ont chuté d’environ 2% passant de 17,8 milliards de dirhams (1.57milliards d’euros) en 2009 à 17,4 milliards de dirhams en 2010 (1.54 milliards d’euros), soit une chute de 15% par rapport à 2006.
Cependant, les résultats de 2010 fournissent des signes réels de reprise vers la fin de l’année, suite au redressement des exportations dans le secteur de l’habillement qui avaient chuté de 10% durant les huit premiers mois l’année précédente. L’amélioration progressive de la demande étrangère, surtout en provenance de la France et de l’Espagne, semble se maintenir en début 2011, après que la presse marocaine ait indiqué que les entreprises locales ayant participé à la foire du textile ”Zoom by Fatex” à Paris début février 2011, seraient reparties avec d’importantes commandes grâce notamment à la reprise économique mondiale et à la hausse des prix en Chine.
En effet, dans certains cas la capacité de production est même devenue un problème. Abdelmoula Ratib, dirigeant de l’entreprise Le Groupe Ratib, a déclaré au journal marocain La vie Eco que son entreprise avait du refuser des commandes de plusieurs millions de pièces du fait d’un manque de capacité. Par conséquent, le gouvernement et les acteurs du secteur collaborent pour accroitre la disponibilité de la main d’oeuvre qualifiée. L’association Marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith) et l’institution gouvernementale l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) ont annoncé en janvier un programme destiné à former 10.000 nouveaux ouvriers du textile sur une durée de 3 mois afin de répondre à la demande croissante, et prévoit 10.000 formations supplémentaires plus tard dans l’année.
Grace en partie au programme gouvernemental d’émergence industrielle et à la création de zones franches à travers le pays, plusieurs autres industries telles que la chimie, l’industrie pharmaceutique, l’aérospatial et la production automobile, ont décollé ces dernières années au Maroc entrainant une légère baisse de l’importance du secteur textile. Par exemple, les exportations d’équipements industriels ont progressé de plus de 30% en 2010 et ont atteint les 22,13 milliards de Dh (1,96 milliards d’euros) dont plus que la moitié était constituée par la production de câbles électriques. Dans le même temps, Renault a annoncé en début février que son usine en cours de construction près de Tanger, d’un cout de 1 milliards d’euros et dont l’ouverture est prévue en 2012, aura une capacité de 350,000 véhicules par an, transformant le Maroc en un exportateur automobile important.
Afin de stimuler davantage l’industrie locale, le gouvernement est entrain d’élaborer une nouvelle politique de compensation industrielle. Le ministre de l’industrie et du commerce Ahmed Chami, est entrain de mettre en place une politique pour imposer aux entreprises étrangères, remportant des contrats gouvernementaux d’une valeur de plus de 200 millions de dirhams (17,69 millions d’euros), de mener des investissements locaux et des acquisitions équivalents au moins à la moitié de la valeur du contrat. Cette mesure vise à renforcer le secteur industriel local en s’assurant que les entreprises étrangères investissent dans le pays, utilisent des sous traitants locaux et des produits fabriqués sur place et transfèrent de la technologie. Alors que les ministères gouvernementaux peuvent actuellement imposer ces compensations industrielles aux entreprises qui postulent pour des projets d’état, la loi envisagée rendra cela obligatoire envers tous les ministères. Toutefois, cette politique ne concernerait, sans doute, pas les entreprises américaines étant donné que l’accord de libre échange entre le Maroc et les Etats-Unis de 2004 interdit l’imposition de telles mesures.
En attendant que la loi soit finalisée, la presse marocaine cite la compagnie française Alstom – ayant remporté le contrat pour construire le système marocain de train à grande vitesse et qui est aussi en charge de la construction du réseau de tramway à Rabat et Casablanca- comme un exemple de firme étrangère bénéficiant de projets majeurs et pouvant a la fois contribuer au développement de l’industrie locale. En janvier, le groupe a signé un accord avec le gouvernement pour l’établissement d’une base de production locale de composants électroniques et de câblage, qui devrait permettre la création de 5000 emplois sur 10 ans et l’établissement d’un institut de formation spécialisé dans le secteur ferroviaire. Alstom a aussi annoncé vouloir accroitre ses achats auprès de fournisseurs marocains et de prestataires de services (tels que l’externalisation de services de back-office) également pour des projets prévus dans d’autres pays.
Si l’on tient compte de la constante amélioration de la demande en provenance des principaux marchés d’exportations européens et de la reprise économique, l’avenir du secteur industriel marocain semble alors prometteur. Le secteur du textile n’en est plus le pilier central mais il reste un contributeur majeur, et semble prêt à maintenir un rôle important dans un pays dont la base industrielle est en constante diversification.