Cela ne vous aura pas échappé, l’Algérie jouait jeudi soir un match décisif pour son avenir dans la Coupe du Monde 2014. Pour tous les Algériens, ce soir de match était un soir de fête : en famille devant la télévision, entre amis devant un écran géant ou à la radio dans sa voiture, tout le monde (ou presque) a suivi le match avec attention. Et même ceux qui ne pouvaient en faire autant ont prié pour que les Verts se qualifient.
Theresa, elle, espérait une victoire des Fennecs autant qu’elle l’appréhendait. Hier soir, cette jeune allemande installée à Alger avait pris fait et cause pour l’équipe algérienne. Mais, dès la qualification assurée et la confirmation qu’un match de huitièmes de finale opposerait l’Algérie à l’Allemagne, son soutien aux Verts s’est un peu fissuré.
Tout avait pourtant bien commencé. Installée à Alger depuis plusieurs semaines, Theresa avait, comme tout le monde ici, soutenu ardemment les Fennecs lors de leurs deux premiers matchs de poule. Dans le même temps, elle s’était réjoui de la qualification facile de l’équipe allemande. Mais hier soir, l’enjeu était différent. Soit l’Algérie perdait et rentrait au pays, soit elle gagnait ou finissait sur un score nul et était alors assurée d’une place en huitièmes de finale, face à l’Allemagne. Pour Theresa, la peur de devoir finalement choisir entre son équipe nationale et son équipe d’adoption côtoyait l’excitation de voir les Verts réaliser un exploit historique.
En public cependant, pas question de laisser paraître une quelconque hésitation : il fallait être à 100% avec les Verts, sous peine pour cette jeune femme blonde de passer pour une Russe infiltrée. De toute façon, l’ambiance exaltée qui régnait dans tout Alger hier soir était contagieuse. Nul besoin de se forcer pour se laisser gagner par la ferveur collective.
C’est après le coup de sifflet final que les choses ont commencé à se corser pour Theresa. Tous les amis avec lesquels elle passait la soirée, pour la plupart algériens, savent qu’elle est allemande. Les blagues ont commencé à fuser de part et d’autre. » Toi et moi sommes ennemis désormais, » lui a lancé un des garçons du groupe en riant. » À partir de maintenant, on ne peut plus s’adresser la parole ! » a-t-il aussitôt ajouté. Theresa n’a pas manqué de répliquer en rappelant que quoique ses amis algériens disent, ils feraient moins les fiers lundi prochain, après la victoire facile de la Mannschaft sur la sélection algérienne. Une compétition bon enfant plus qu’une véritable hostilité entre les deux camps donc. Mais qu’en sera-t-il lundi soir ? Theresa n’a fait qu’un seul voeu : l’amitié algéro-allemande doit survivre au match fatidique qui opposera les deux équipes…