Suite au rapport sur la situation monétaire et économique présentée devant l’Assemblée Populaire Nationale ( APN) du gouverneur de la banque d’Algérie le 15 octobre 2009, je lui poserai treize (13) questions , en toute objectivité et privilégiant uniquement les intérêts supérieurs de l’Algérie , tout en soulignant, car il ne faut avoir une vision essentiellement négative, étant indéniable que la politique monétaire suivi par le gouvernement depuis 1996, date de l’ajustement structurel suite au rééchelonnement de 1994 ( cessation de paiement) a permis une relative stabilisation macro-économique , de réduire l’endettement du pays ou le principal en 2009 est inférieur à 4 milliard de dollars avec une baisse substantielle du service de la dette et ce grâce au remboursement anticipé de la dette extérieure. Mais il faudrait nuancer cela , outre que le cadre macro-économique stabilisé est éphémère sans de profondes réformes micro économiques et institutionnelles , cette situation financière a été permise depuis 2000 grâce au cours élevé des hydrocarbures et non pas à la gouvernance interne et donc une politique socio-économique hors rente : pour preuve les exportations hors hydrocarbures entre 1996/2009 représentent moins de 3% du total dont plus de 70% de déchets ferreux et semi –ferreux. Certes, sous réserve de la stabilisation du dollar et de l’inflation mondiale, l’Algérie ne devrait donc pas connaître de problèmes de financement pendant au moins trois années. Mais n’oublions pas qu’existent deux rapports contradictoires , qui certes sont fonction du couple vecteurs prix/coût futur, celui de l’AIE d’août 2009 qui prédit un épuisement des ressources en pétrole en Algérie dans 16 ans et celui du premier ministre Ahmed Ouyahia qui dit 25/30 ans car le dernier rapport du CREG extrapolant une consommation intérieure d’environ 75 milliards de mètres cubes qui s‘ajoutent aux prévisions de 85 milliards de mètres cubes exportables horizon 2014 sur une réserve établie de 4500 milliards de mètres cubes donnant pour le gaz également moins entre 20/30 ans les gisements marginaux étant non rentables , moins de 30 ans, l’Algérie ayant 1% des réserves mondiales de pétrole et 3% de gaz .
Question 1- Quelles seront les recettes prévisionnelles de l’Algérie entre 2009/2013 et que pensez vous de l’autofinancement de Sonatrach via Sonelgaz qui selon les responsables ne subira pas de changement évalué à 63 milliards de dollars entre 2009/2013 , montant auquel il faut ajouter les investissements de Sonelgaz pour environ 15 milliards pour la même période , au total 78 milliards donc une moyenne annuelle de plus de 19 milliards de dollars par an, soit près de 50% des recettes de Sonatrach ( au cours de 70 dollars le baril, ce taux diminuant en cas d’augmentation du baril et augmentant en cas de diminution) sous réserves qu’il n’y aura pas de réévaluation des projets ?
Question 2- Pourquoi la banque d’Algérie a dévalué ces derniers mois simultanément le dinar par rapport au dollar et à l’euro presque dans la même proportion alors que leurs cotations évoluent en sens inverse au niveau des bourses mondiales ? N’est ce pas pour gonfler artificiellement le fonds de régulation en dinars évalué en juin 2009 par le gouverneur à 4280 milliards de dinars , différence entre le prix réel du baril et celui adopté en loi de finances avec le passage de 19 dollars à 37 dollars , évitant de faire un double emploi avec les réserves en devises et part là gonfler également la fiscalité pétrolière en voilant la réalité du déficit budgétaire.
Question 3- Comment el gouvernement entend combler la différence pour la fiscalité pétrolière qui devrait passer de plus de 77% en 2008 à moins de 63% si les tendances du premier semestre 2009 continuent au second ? Lié à cet aspect , comment le gouvernement entend lutter efficacement contre l’importance de la sphère informelle, produit de la bureaucratie engendrant la corruption, qui contrôle plus de 40% de la masse monétaire en circulation limitant la politique monétaire de l’Etat et dont les dernières mesures notamment le Crédoc et la suppression du crédit à la consommation ne risquent-elles pas d’accroître le crédit informel ?
Question 4- Le dollar ayant évolué ainsi -26 octobre 2000 : 1 EUR = 0,8252 USD -28 décembre 2004 : 1 EUR = 1,3633 USD -2 janvier 2006 : 1 EUR = 1.18210 USD -27 avril 2007 : 1 EUR = 1,3682 USD -13 juillet 2007 : 1 EUR = 1,380 USD -28 septembre 2007 : 1 EUR = 1,4272 USD -31 octobre 2007 : 1 EUR = 1,45 USD -20 novembre 2007 : 1 EUR = 1,48 USD -23 novembre 2007 : 1 EUR = 1,4967 USD -7 mars 2008 : 1 EUR = 1,5464 USD -13 mars 2008 : 1 EUR = 1,5645 USD -17 mars 2008 : 1 EUR = 1,5905 USD -22 avril 2008 : 1 EUR = 1,6020 USD -15 juillet 2008 : 1 EUR = 1,6038 USD -24 juillet 2008 : 1 EUR = 1,5706 USD -26 septembre 2008 : 1 EUR = 1,4588 USD -24 octobre 2008 : 1EUR = 1,2530 USD -5 novembre 2008 : 1 EUR = 1,28888 USD -18 décembre 2008 : 1 EUR = 1,4659 USD -17 février 2009 : 1 EUR = 1,2634 USD-8 mai 2009 : 1 EUR = 1,3404 USD -9 juin 2009 : 1 EUR = 1,4063 USD -14 octobre 2009 : 1 EURO = 1,4950, quelle est la politique des réserves de change notamment du montant libellé en dollars face à cette dépréciation de plus de 50% depuis 2000, qui avec certainement le retour à l’inflation mondiale inéluctable ave les bulles budgétaires annoncées des principaux pays affectent également la valeur des bons de trésor déposée à l’étranger et le montant des importations algériennes libellées en euros d’environ 60% ?
Question 5- Quel es t le montant exact de nos réserve de change déposées à l’étranger entre la part en titres souverains, c’est-à-dire en bons de Trésors et le second placement (30%) s’effectuant via les dépôts de la Banque centrale sur le marché bancaire et interbancaire au sein de banques bien cotées dites AAA mais avant la crise comme le montre la faillite de bon nombre de banques dites AAA. Et dans ce cadre quelle est la durée de ces placements et leur rendement sachant avec des taux d’intérêts directeurs de l’ensemble des banques centrales occidentales et malgré la déflation mondiale (environ 1% taux d’inflation) tendant vers zéro ? Ce que l’on gagne en appréciation du pétrole, l’Algérie ne peut-elle pas le perdre en grande partie du fait de la dépréciation du dollar surtout si l’on maintient la même zone d’importation ? Qu’en sera t-il si la dépréciation du dollar devait continuer dans le temps et ne serait-il pas plus avantageux d’investir ces montants localement et accessoirement de reconvertir une fraction en obligations émises par le FMI libellés en droits de tirages spéciaux (DTS) valeur d’un panier de monnaies dont le dollar représente seulement 41% et les autres monnaies 59%.?
Question 6- Que pensez vous des récentes mesures gouvernementales et leurs impacts sur le financement de l’économie algérienne notamment, la suppression des crédits à la consommation et ces derniers sont-elles la source de l’envolée des importations. Confirmez vous le rapport de l’ABEF décembre 2008 que les crédits à la consommation ont été de 100 milliards de dollars soit au cours de 75 dinars un dollar 1,3 milliard avec seulement 3% d’insolvables ? Et que pensez vous du récent forum tenu à El Moudjahid (septembre 209) en présence de banques publiques que ce sont les crédits à l’immobilier où avec 36 millions d’habitants fin 2008 et un rythme de 250 000 nouveaux ménages par an, la demande en logement est forte mais insolvable et le risque à l’instar de la crise des prêts hypothécaires déclenchée en août 2009 ( bas taux d’intérêt puis hausse des taux ) qui risque d’accroire l’insolvabilité des ménages algériens Et donc comment avec un taux d’intérêt de 1% pour l’immobilier prévu par le gouvernement et un taux d’inflation supérieur à 5% combler la différence pour évier la faillite des banques ? Cette mesure ajoutée à l’assainissement des entreprises publiques en 2009, en rappelant qu’elles ont déjà coûté au trésor public plus de 40 milliards de dollars entre 1991/2008 sans résultats probants , ne risque t-on pas d’aller vers de nouvelles capitalisations des banques ?
Question 7- Comment percevez vous le gonflement du poste des services au niveau de la balance des paiements pour 11 milliards de dollars en 2008, avec une tendance similaire pour 2009, contre en 2006 de 4,7 milliards de dollars avant de passer à 7 milliard de dollars en 2007, l’Algérie étant le seul pays du pourtours méditerranéen a avoir une balance déficitaire en matière des services concernant notamment les télécommunications,la finance, le transport, le consulting et études ainsi qu’à l’informatique,la plupart des grands projets , étant confiés à des bureaux d’études étrangers pour la conception et le suivi se faisant au détriment des compétences nationales assistant donc à ce paradoxe exode de cerveaux algériens et importation des compétences étrangères(dévalorisation du savoir au profit des emplois rentes) ? Et concernant le transfert de dividendes quel est le montant exact y compris les associés de Sonatrach ?
Question 8 – Le passage du REMDOC au CREDOC, sans transition système documentaire qui est une procédure normale lorsque existent des banques qui fonctionnent normalement au sein d ‘une véritable économie de marché concurrentielle,les banques publiques assurant presque 100% du financement du secteur public et 77% du secteur privé , est-il adapté notamment au PMI/PME représentant plus de 90% du tissu industriel et des services , étant contraints de mobiliser le montant de la transaction au niveau de la banque qui garantit le paiement pour le fournisseur, ne pouvant pas dans la grande majorité des cas assumer cette trésorerie et le risque n’est-il pas de rupture des stocks pour les entreprises n’ayant pas de fonds de roulements importants, surtout de jeunes entrepreneurs qui sont l’avenir de l’Algérie de demain ? Et dans ce cas la lettre de crédit, pour la traçabilité supplémentaire, alors que les écritures sont déjà traçable au niveau de la banque d’Algérie pour le Remdoc, garantit-elle la fin des fraudes ?
Question 9- les dernières mesures gouvernementales 30% étrangers /70% nationaux pour le commerce et 49% étranger et 51% pour els nationaux pour els autres secteurs ne risquent-elles pas d’aboutir à freiner à l’avenir les capitaux étrangers avec le savoir faire, et obliger l’Etat à un financement à 100% des autres segments hors hydrocarbures et hors infrastructures sur les recettes Sonatrach ? Dans ce cas que pensez vous de la création des fameux champions industriels prévus par le gouvernement en rappelant que l’assainissement des entreprises publiques et ces champions s’inséreront-ils en termes de concurrence internationales ( cout/qualité ne pouvant interdire l’importation), l’Algérie étant liée à un Accord avec l’Europe pour une zone de libre échange applicable depuis le 01 septembre 2005 allant vers ,un dégrèvement tarifaire zéro ?
Question 10- Sachant que le programme de soutien à la relance économique selon les différents conseils de gouvernement est passé successivement de 55 milliards de dollars fin 2004, à 100 milliards de dollars fin 2005 ( le justificatif était des enveloppes additionnelles pour les hauts plateaux et le Sud) puis fin 2006 à 140 milliards de dollars et sera certainement clôturé fin 2009 à plus de 200 milliards de dollars. auquel il faudra ajouter les nouveaux programmes inscrits entre 2010/2014 de 150 milliards de dollars, que pensez vous du rapport de la banque mondiale commandé par le gouverne ment algérien sur l’inefficacité de la dépense publique qui lui a été remis fin 2007 qui montent clairement à partir d’enquêtez sur le montant qu’il faut replacer la faiblesse des déficiences observées dans le processus budgétaire et les goulets d’étranglement institutionnels qui ont systématiquement entraîné une mauvaise exécution des programmes d’investissement, aboutissant à une mauvaise programmation, à la surestimation des dépenses et à de longs retards dans l’exécution des projets : notamment l’existence d’un décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles ; l’absence d’interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d’investissement et le budget de fonctionnement (récurrent) ; des passifs éventuels potentiellement importants, des écarts considérables entre les budgets d’investissement approuvés et les budgets exécutés ; et des longs retards et des surcoûts pendant l’exécution des projets ?
Question 11- Que pensez vous du dernier rapport du fonds Monétaire International du 02 octobre 2009 inquiétant pour l’Algérie avec un taux de croissance 2,1% en 2009 , 3,7% en 2010 contre une moyenne inférieure à 3% entre 2006/2008 remettant en cause les prévisions gouvernementales de création de trois millions d’emplois entre 2009/2013,nécessitant un taux de croissance de 6/7% sur cinq années , ce qui est selon les évaluations du FMI, une impossibilité économique et le rapport du 04 octobre 2009 du PNUD où l’Algérie vient d’être rétrogradé à propos de l’indice du développement humain beaucoup plus fiable que le PNB par tête d’habitant de la 100ème place en 2008 à la 104 ème place ?
Question 12- Quelle est votre explication où avec 200 milliards de dollars injectés entre 2004/2009, l’Algérie a créée moins de 3% de richesses alors que ce montant devrait permettre un taux de croissance supérieur à 6/7%, condition indispensable pour assurer d’une manière pérenne, la cohésion sociale future et non se limiter à des redistribution de rentes pour une paix sociale éphémère? En précisant qu’il ne faille pas induire en erreur l’opinion publique, la technique bien connue des économistes montant clairement que sur les 5/6% de croissance ors hydrocarbures, 80% sont irriguées par le canal de la rente des hydrocarbures (dont le BTPH) restant moins de 20% ayant des capacités d’entreprises véritables participant à la croissance du PIB, pensez vous qu’il est possible de créer 3 millions d’emplois entre 2009/2013 comme le prévoit el gouvernement alors que le taux de croissance de la population active dépasse les 3,4% qui s ‘ajoute au stock de chômage existant ?
Question 13- Monsieur le gouverneur, pour conclure, ne faut-il pas éviter tant l’illusion financière que le retour à l’étatisme des années 1970 suicidaire pour le pays, à ne pas confondre avec l’importance stratégique de l’Etat régulateur, et le problème central n’est –il pas d’avoir une cohérence et une visibilité dans la démarche de la réforme globale évitant de faire un pas en avant et deux pas en arrière , certainement vous dépassant car renvoyant à la sphère politique de neutralisation des rapports de forces entre les tenants de la rente et les réformateurs, et donc comment passer d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures ? Le problème n’est-il pas tant dans le transfert de devises si les investisseurs étrangers comme cela se passe dans tous les pays émergents permettent une création de valeur interne supérieure au transfert devant être pragmatique agir au cas par cas en fonction des intérêts stratégiques du pays car avec l’épuisement des réserves dans moins de 25 ans (scénario optimiste) c’est déjà demain ,l’Algérie étant indépendante depuis 47 ans devant préparer l’après pétrole pour les générations futures reposant sur les deux fondamentaux du XXIème siècle,à savoir la bonne gouvernance et la valorisation de la ressource humaine, richesse bien plus importante que toutes les réserves d’hydrocarbures ?
Monsieur le gouverneur, avec ma très haute considération
Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d’Université – Expert international -Economiste
Nb: Voir le rapport complet banque d’Algérie présenté à l’APN par le gouverneur d’Algérie (187 pages avec 24 graphiques)
INTRODUCTION. CHAPITRE I : ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL : CRISE FINANCIERE ET REPERCUSSIONS MACROECONOMIQUES -CHAPITRE II : ACTIVITE ECONOMIQUE -CHAPITRE III : EVOLUTION DES PRIX -CHAPITRE IV : BALANCE DES PAIEMENTS ET DETTE EXTERIEURE- CHAPITRE V : FINANCES PUBLIQUES-CHAPITRE VI : SYSTEME BANCAIRE ET INTERMEDIATION- CHAPITRE VII : SYSTEME DE PAIEMENT -CHAPITRE VIII : CONTROLE ET SUPERVISION BANCAIRE- CHAPITRE IX : SITUATION MONETAIRE ET POLITIQUE MONETAIRE-
CONCLUSION -ANNEXE : TABLEAUX STATISTIQUES.