Moi, fils d’un militant emprisonné et torturé « inconnu »

Redaction

Moi, fils d’un militant emprisonné et torturé « inconnu » et petit fils de deux martyres aussi « inconnus ».

Mon père s’appelle Omar pour nous ou  » inconnu » pour les « connus ». Il est né en 1951. Militant du FFS dans les années 70. Militant du mouvement culturel berbère dans les années 80. Arrêté par la sécurité militaire en 1981 et porté disparu pendant une bonne période. Membre fondateur du RCD en 1989 en inconnu et resté militant convaincu depuis et compte le rester  jusqu’à l’infini. L’année de son arrestation, soit 1981, il avait déjà deux enfants. Deux enfants parmi tout le peuple des inconnus. Ma sœur et moi.

L’inconnu que j’étais prenait part aux marches et au meetings du RCD avant même d’avoir l’âge pour intégrer organiquement ce parti. Le seul moyen pour payer mes cotisations était de recevoir et supporter de violents coups de matraques par les agents des forces de la répression. Le militant démocrate inconnu que j’étais, fils d’un militant inconnu, avait aussi deux grands parents inconnus. Le père de ma mère fut torturé puis assassiné en inconnu à l’âge de 25 ans dans l’oued de Sebaou. Un père que ma mère n’as jamais connu car elle est née deux mois après sa mort. Le père de mon père fut blessé lors de la première guerre mondiale en inconnu par les allemands. Tout ça reste inconnu sur les murs de facebook ou les plateaux de télés. Tout ça est inconnu pour les enfants des plus connus. Tout comme moi, nous sommes des millions d’inconnus, issus de millions d’autres inconnus, à respirer l’air de la dignité et de l’honneur, Ô combien inconnu pour des rejetons qui se croient bien connus.

Finalement, tout le monde est inconnu pour toi Nordine Aït Hamouda. Avant de présenter nos parents tels de vulgaires inconnus pour tes enfants et pour tout le reste des algériens fils d’inconnus, je te dis simplement : heureux ton père qui ne t’as jamais connu.

Idir Tazerout, fils et petits fils des inconnus.