2010 US-Maghreb entreprenuership conférence. Dépasser les passions

Redaction

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Cette présente contribution pour la rencontre entre les entrepreneurs maghrébins et américains (1) prévue à Alger les 01/02 décembre 2010 à laquelle j’ai eu l’honneur d’être invité, pose la problématique de l’urgence de l’intégration maghrébine au sein d’une économie mondialisée, à laquelle je suis profondément attachée, si l’on veut attirer des investisseurs potentiels, intéressés non par des micro- espaces mais par un marché de 100 millions d’habitants.

I-La dynamisation des relations tant des relations USA/Maghreb qu’Europe/Maghreb ne sera profitable pour le Maghreb que si d’une part les USA ont une approche du co-développement loin du mercantilisme et que si les pays du Maghreb ont une vision commune de leur devenir.

En effet, face aux bouleversements mondiaux, l’accélération des réformes économiques conciliant efficacité économique et cohésion sociale et la démocratisation du Maghreb et une coopération(et (non une aide ) plus intense pour une plus grande moralisation de la gestion de la Cité ( qualifié de bonne gouvernance) sont les pistes à explorer pour éviter ce dualisme Nord –Sud préjudiciable à l’avenir de l’humanité.

La symbiose des apports de l’Orient et de l’Occident , le dialogue des cultures et la tolérance sont sources d’enrichissement mutuel. Il est dangereux tant pour les USA que l’Europe de s’enfermer dans un ghetto qui enfanterait inéluctablement la violence.

Les derniers évènements devraient encore mieux nous faire réfléchir évitant cette confrontation des religions car autant l’Islam, le Christianisme ou le Judaïsme ont contribué fortement à l’épanouissement des civilisations, à cette tolérance en condamnant toute forme d’extrémisme.

La mondialisation est un bienfait pour l’humanité à condition d’intégrer les rapports sociaux et ne pas la circonscrire uniquement aux rapports marchands en synchronisant la sphère réelle et la sphère monétaire, la dynamique économique et la dynamique sociale.

Au moment de la consolidation des grands ensembles, enjeux de la mondialisation, je suis persuadé du nécessaire rapprochement entre l’ensemble des pays du Maghreb d’une intensification de la coopération avec les USA à la mesure du poids de l’histoire qui nous relie le Maghreb, pouvant être une région pivot et un sous segment de la dynamisation de Afrique, enjeu du XXIème siècle (2).

II- Or quelle est la situation des économies maghrébines ? Le Maghreb a un poids économique insignifiant au sein du commerce mondial et même les échanges intra- maghrébins sont dérisoires moins de 3% de leurs échanges globaux (2). Or l’Europe du Sud (Italie – France – Grèce Espagne) totalisent environ 170 millions d’habitants.

L’Algérie, le Maroc et la Tunisie totaliseront 94 millions d’habitants soit un total de 264 millions d’âmes. Si l’on inclut les riverains méditerranéens dont la Syrie, le Liban, Israël, l’Egypte, Malte, la Turquie, l’Albanie, la Libye et l’ex Yougoslavie dont la stabilité conditionne le développement de l’ensemble des Balkans, nous aurons une population en 2010 qui dépassera les 500 millions.

Cette région est frappée actuellement par une récession économique avec un écart croissant, les pays de l’UMA ayant un revenu PNB par tête qui représente moins de 15 % de ceux de la CEE. Cette récession s’explique par différents facteurs dont le manque d’homogénéisation économique pour des raisons essentiellement politiques qui fait fuir les capitaux vers d’autres cieux plus propices à un moment où la concentration des échanges est dans le Nord, la Chine accaparant plus de 5O% pour la zone Sud.

Mais la raison essentielle est le retard pris dans les réformes micro-économiques et institutionnelles biens que certains pays du Maghreb aient réussie la stabilisation du cadre macro-économique. Mais les entreprises publiques sont fortement dominantes au Maghreb imbriquées dans le système administratif lieu de relation de clientèles avec des intensités différentes selon le modèle de développement choisi étant plus importantes en Algérie et en Lybie.

Leur gestion est défectueuse, croulant sous le poids des dettes, et sont à l’origine de l’essentiel du déficit budgétaire et du niveau élevé de la dette publique. Quant à certaines entreprises privées elles ne sont pas autonomes mais trouvent leur prospérité ou leur déclin dans la part des avantages financiers, fiscaux, leurs parts de marché auprès des entreprises publiques et des administrations.

Cette organisation spécifique où l’autonomisation de la décision économique est faible engendre peu d’innovation, d’esprit d’entreprise. Aussi certaines entreprises publiques ou privées sous traitantes ce secteur, vivant du transfert de le rente exercent des pressions pour accroître le protectionnisme néfaste à terme et sont peu enclins à la concurrence internationale. Mais au niveau du Maghreb, il faut reconnaître que depuis quelques temps avec la formation plus élevée, et l’ouverture sur l’extérieur, nous assistons à la naissance de nouvelles entreprises mues par de véritables entreprenants.

Pourtant les multitudes pressions administratives, combinées avec l’absence de motivation ne leur permettent pas parfois la créativité et l’imagination. Cette situation explique l’extension de la sphère marchande ou industrielle informelle et que du point de vue des relations maghrébines, au lieu que l’intégration soit dominée par des économies contractuelles ou organisées, nous assistons à une dynamique informelle caractérisée par une identité culturelle qui permet à des milliers de maghrébins surtout aux frontières de contourner la myopie des bureaucraties nationales.

La raison essentielle trouve un fondement socio-historique qui rend d’actualité les analyses ibn khaldouniennes avec le poids du politique dans les sociétés maghrébines accentué par des structures familiales et des tribales qui se consolident en période de récession économique. Il s’agira impérativement d’intégrer cette sphère dominante au niveau du Maghreb par la délivrance des titres de propriété devenant citoyenne, car acquise aux réformes pouvant constituer une force sociale dynamisante. Dès lors s’impose la nécessité d’une véritable révolution culturelle pour inculquer l’esprit d’entreprise et libérer l’ensemble des énergies créatrices.

La coordination des politiques commerciales, fiscales, douanières, des banques centrales est un objectif vital et il serait souhaitable la mise sur place d’une banque centrale maghrébine qui serait un maillon du système européen des banques centrales afin de favoriser la création de la zone de libre échange Europe – Maghreb et accélérer la convertibilité intégrale des monnaies ce qui dynamiserait les échanges.

Cette action aura comme support une institution financière méditerranéenne à l’instar de la banque européenne pour la reconstruction et le développement actuellement orientée vers les pays de l’Est. Cette banque pourrait être scindée en deux compartiments. Le premier compartiment fonctionnerait comme une banque normale qui se finance sur le marché international accordant des prêts aux taux du marché; le deuxième compartiment grâce à des crédits d’aide avec une période de grâce de 5 ans et une période d’amortissement entre 15 et 20 ans financerait des projets de développement notamment la formation professionnelle, favorisant l’émergence de managers et d’entreprenants , des systèmes modernes de gestion ainsi que de projets dont les PMI – PME, le transport, les télécommunications et la promotion des nouvelles technologies.

III- Dans ce cade, je pense fermement et après analyse que l’intensification de la coopération entre les USA, l’Europe, l’Asie et le Maghreb fondée sur le partenariat gagnant/gagnant, l’introduction de l’investissement direct permettrait, de bouleverser ces comportements et les inscrire dans une perspective dynamique profitable aux populations de la région et faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité.

C’est que l’espace méditerranéen peut être ce lieu de création de réseaux rationnels, l’économie de marché concurrentielle répondant à des lois universelles, mais existant des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte car source d’enrichissement mutuel permettant de communiquer avec des cultures lointaines et favorisant la symbiose des apports de l’Orient et de l’Occident.

Ce réseau doit favoriser les liens communicationnels, les ères de liberté dans la mesure ne devant pas confondre le rôle stratégique de l’Etat régulateur comme nerf de la cohésion sociale avec les excès du volontarisme du tout Etat collectif qui inhibe tout esprit de créativité. Il y a lieu d’accorder une attention particulière à l’action éducative, l’homme pensant et créateur devant être à l’avenir le bénéficiaire et l’acteur principal du processus de développement.

C’est pourquoi je préconise la création d’une université américano –maghrébine et euromaghrébine ainsi qu’un centre culturel de la jeunesse comme moyen de fécondation réciproque des cultures, et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles afin de favoriser l’émergence de nouveaux comportements pour un devenir solidaire.

C’est que le Maghreb et les USA/Europe sont des régions géographiques présentant une expérience millénaire d’ouverture sur la latinité et le monde arabe avec des liens naturels et dans son ensemble porte de culture et d’influences anglo-saxonnes. Economiquement les USA, l’Europe et le Maghreb présentent l’un et l’autre des atouts et des potentialités pour la promotion d’activités diverses et cette expérience peut être un exemple un partenariat global par l’amplification et le resserrement des liens et des échanges sous différentes formes.

Il est indispensable que les USA et l’Europe développent toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour réaliser des équilibres souhaitables à l’intérieur de l’espace méditerrané, la constitution d’espaces régionaux économiques faibles étant une étape d’adaptation structurelle au sein de l’économie mondialisée afin de favoriser un quadruple objectif solidaire: la démocratie politique, une économie de marché concurrentielle à finalité sociale, les débats contradictoires d’idées par des actions sociales et culturelles pour combattre l’extrémisme et le racisme et enfin la mise en œuvre d’affaires communes n’oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et dans la pratique des affaires il n’ y a pas de sentiments. Dans ce cadre l’émigration maghrébine ciment des liens culturels peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération.

C’est un élément essentiel de ce rapprochement du fait qu’elle recèle d’importantes des potentialités économiques et financières. La promotion des relations entre le Maghreb et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d’intervention l’initiative de l’ensemble des parties concernées, à savoir le Gouvernement, les missions diplomatiques, les entrepreneurs, les commerçants et les compétences individuelles.

L’engagement implicite caractérisant les relations entre nos communautés émigrées et les pays d’origine, ne doit pas occulter les légitimes intérêts strictement économiques des parties concernées pour garantir la rentabilité et la pérennité des opérations engagées.

Les pouvoirs exécutifs devraient alléger l’ensemble des procédures administratives, afin de favoriser la promotion de l’investissement et les échanges commerciaux, à l’instar de pays qui utilisent leurs compétences nationales localisées à l’étranger comme point d’appui au développement national. Cela permettrait par des actions concrètes de promouvoir la synergie de systèmes privés, politiques et administratifs, pour développer une approche « coopération » qui pourrait être mieux perçue par l’interlocuteur maghrébin qu’une approche purement commerciale.

IV- Les relations entre les pays du Maghreb et les USA d’une part et l’Europe et le Maghreb d’autre part, sont souvent passionnées notamment en raison du conflit du Moyen orient qu’il conviendra de solutionner pour une paix durable et juste, les arabes et les juifs ayant une expérience millénaire de cohabitation pacifique. Mais avec de nombreux intellectuels, entrepreneurs, hommes politiques maghrébins, américains et européens, soucieux de concilier la modernité et notre authenticité, je suis convaincu du fait de la densité de nos rapports économiques et culturels qu’elles seront transgressées dans le cadre des intérêts bien compris de chaque nation.

L’accélération des réformes économiques, sociales, culturelles (le droit à la différence) et politiques inséparable de l’instauration de l’économie de marché humanisée basée sur la concertation sociale, l’équité, de l’instauration de la démocratie, du respect du droit de l’homme, de la promotion de la condition féminine conditionnent largement la réussite de cette grande entreprise qui interpelle notre conscience commune. Aux tensions et aux conflits doivent se substituer la coopération et un dialogue soutenu pour éviter des factures douloureuses.

La région méditerranéenne doit être un véritable espace économique, un relais puissant entre l’Europe, le Moyen Orient et l’Afrique et un lieu de brassage des cultures, la culture étant entendue comme processus historique et relationnel. L’intégration maghrébine est une nécessité économique et historique face aux bouleversements géostratégiques qui se dessinent horizon 2020 étant suicidaire de faire cavalier seul.

Le repli sur soi serait préjudiciable à notre prospérité commune et engendrerait d’inéluctables tensions sociales. Il y a urgence d’entreprendre ensemble tant dans les domaines économiques, culturels, que sécuritaires, d’autant plus que le Sahel, comme le montre les évènements récents devient un important enjeu géostratégique (3).
(1)Le département d’État et le Conseil commercial américano-algérien accueilleront les 1er et 2 décembre à Alger la Conférence États-Unis-Maghreb. Seront abordés les thèmes sur les principaux obstacles à l’entrepreneuriat, notamment : l’accès amélioré au capital dans le Maghreb ; l’appui aux jeunes créateurs d’entreprise ; les perspectives des dirigeants des milieux d’affaires des États-Unis et du Maghreb ; les initiatives transfrontières en matière de partenariat d’affaires ;l’encadrement régional et la formation des créateurs d’entreprise ; le réseautage commercial transatlantique ; les incubateurs de l’innovation et de la technologie ; les perspectives commerciales.

Dans le prolongement de cette contribution, j’aurai l’occasion lors du séminaire international organisé par l’Institut des chefs d’entreprises arabes à Tunis les 10/11 décembre 2010 en présence d’importantes personnalités internationales, ( invité d’honneur ), de présider l’atelier sur la compétitivité des entreprises en versant une communication sur le thème « face aux mutations mondiales, problématique de l’émergence de secteurs dynamiques au Maghreb».

Par le Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International
Professeur d’Université en management stratégique
Membre du Club Europe/Maghreb

2) Intervention de Abderrahmane Mebtoul au siège de l’Unesco ( Paris France 1994) à l’occasion de la fondation de l’Association Europe Afrique « la place du Maghreb dans la stratégie euro méditerranéenne » reproduit lors d’une conférence devant les ambassadeurs accrédités à Alger , édition revue Ministère des Affaires étrangères Algérie volume IV premier semestre 1995-Contribution versée au forum de Paris à l’occasion de la création de Union pour la Méditerranée qui s’est tenu au siège Unesco France du 28/31 mars 2008 en présence de personnalités internationales des deux rives de la méditerranée ( ronéotypé site UPM).. Communication du docteur Abderrahmane MEBTOUL « Le développement de l’Afrique :un enjeu majeur » suite à l’invitation de M. Steve GUNDERSON Président et Directeur Général du Council on Foundations qui a été versée à une importante rencontre internationale consacrée à l’Afrique qui s’est tenu du 26 au 30 mai 2008 à New York (USA) rencontre qui a traité du développement humain à travers les sommets sur l’OMD ( Objectif du Millenium pour le développement).

(3) Revue internationale Economie Advisers Tunis- septembre 2007Abderrahmane Mebtoul « le Maghreb face à la sécurité en méditerranée »