A Monsieur Abdelhamid Mehri : Oui, l’Algérie et le Maghreb ont besoin de plus de réformes et démocratie

Redaction

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Professeur Dr Abderrahmane MEBTOUL Expert International

1- J’ai lu avec une extrême attention votre intéressante correspondance largement diffusée par la presse algérienne à son
Excellence le président de la République appelant à une transition démocratique pacifique en Algérie et d’une manière générale au niveau
du Maghreb : pourquoi pas une Constituante juste avant le 05 juillet 2011, ne plus instrumentaliser le sigle du FLN, propriété de la Nation, comme parti politique et par là un gouvernement de technocrates non partisan chargé de cette transition avec pour mission de favoriser des contrepoids réels politiques, économiques et sociaux ?

Ayant un profond respect envers votre personne, et votre parcours, en tant que militant de la première heure de la cause nationale, bien que me différenciant sur certains aspects de la vie politique, je partage pourtant les grands axes de votre excellente contribution. Cela rentre dans les initiatives de personnalités nationales soucieuses des seuls intérêts supérieurs de l’Algérie, comme mon modeste ouvrage aidé par cela par plusieurs experts et
professeurs d’universités algériens, qui paraitra en mai 2011 au niveau de l’institut Français des Relations Internationales ( IFI-
Paris France ) un des plus grands centre prestigieux de recherche mondiaux qui m’a fait l’honneur de m’ouvrir ses colonnes, « sur le Maghreb face aux enjeux géostratégiques » et de l’initiative heureuse de mon ami le professeur Tayeb Hafsi expert de renommée mondiale, dans un ouvrage collectif de HEC Montréal Canada, à paraitre courant avril 2011, intitulé « Quel projet de développement pour l’Algérie »; ouvrage qui sera certainement une
référence tant pour les politiques que les chercheurs qui travaillent sur l’Algérie.

Cette contribution collective a vu la participation de 15 experts internationaux dont j’ai eu l’honneur d’y participer,
ayant dressé le bilan de l’économie algérienne de 1963 à 2011 et ses perspectives.

2- Comment ne pas rappeler qu’en janvier 211, la sénatrice algérienne Madame BITAT (née Zohra DRIF) que l’on ne peut
soupçonner d’être une anti-pouvoir est arrivée à cette conclusion que l’actuel gouvernement algérien dont la majorité des Ministres sont là depuis plus de 10 ans, est en panne d’idées. Une dépense publique de plus de 200 milliards de dollars entre 2004/2009, et une enveloppe de 286 milliards de dollars entre 2010/2014, dont 130 milliards de dollars de restes à réaliser des projets de 2004/2009 ( soit plus de 400 milliards de dollars entre 2004/2014,le programme US dont plus de 70% dans les infrastructures et non les segments de
véritable croissance) avec des impacts mitigés.

Une croissance faible en rapport à la dépense publique et des taux de chômage et d’inflation en hausse que l’on voile par des taux fictifs, démontrant la mauvaise gestion et une corruption socialisée, en fait une mauvaise gouvernance. L’on doit analyser les liens dialectiques ente le processus de l’accumulation, la répartition du revenu et du modèle de consommation par couches sociales pour une appréhension correcte.

L’économie algérienne est une économie totalement rentière : 98% d’exportation d’hydrocarbures et important 75% des besoins des entreprises et des ménages, les 155 milliards de dollars de réserves de change n’étant pas dues au génie créateur mais aux hydrocarbures. La rente toujours la rente entre 1963 et 2011.

3- Devant ce désarroi, nous assistons à une véritable cacophonie dans les déclarations de certains membres du gouvernement avec des contre vérités dans le but d’ignorer que le monde est devenu une maison en verre avec la révolution d ‘Internet et misant sur la faiblesse de
la culture économique de la population algérienne mais qui n’est pas dupe car confrontée à la dure réalité de la vie quotidienne. Il est temps que nos responsables reviennent sur terre, en disant la vérité rien que la vérité. Le peuple algérien et notamment sa jeunesse est un peuple mur. Cela pose la problématique de l’urgence d’un changement de politique économique (condition essentielle), l’actuelle étant caractérisée par un manque de cohérence et de visibilité dans la démarche avec des décisions contradictoires nuisibles aux intérêts supérieurs du pays. Une nouvelle vision stratégique afin de mettre en place une économie hors hydrocarbures compétitive dans le cadre des valeurs internationales s’impose, si l’on veut créer des emplois
durables et atténuer les tensions sociales inévitables en évitant du replâtrage par une redistribution passive de la rente des hydrocarbures pour assurer une paix sociale fictive et éphémère.

Oui, vous avez raison, l’Algérie a d’importantes potentialités pour devenir être un acteur actif au sein de la mondialisation dans le cadre de l’espace maghrébin, intégration à laquelle je suis profondément attachée depuis de longues années, euro-méditerranéens et arabo-africain, son espace social naturel. Pour cela elle a besoin d’entreprises dynamiques reposant sur la connaissance conditionnée par de plus d’espaces de libertés, d’un Etat de droit, d’une gouvernance renouvelée, supposant une mutation systémique.

Il faut éviter la conception erronée d’assimiler la population algérienne à un tube digestif en ignorant les évènements récents dans certains pays arabes avec des ondes de chocs inévitables à terme selon des modalités spécifiques à chaque société. La population algérienne a soif de démocratie et de justice sociale mais également d’efficacité économique avec un sacrifice partagé. Les réformes véritables à venir, souvent différées grâce à une
redistribution passive de la rente des hydrocarbures seront douloureuses. D’où l’urgence, comme vous le rappelez justement, d’une transition démocratique pacifique avec de nouvelles institutions.

Dans ce cadre comment ne pas souligner l’urgence d’une refonte des relations internationales certes fondée sur les relations d’Etat à Etat mais devant privilégier les aspirations des sociétés à plus de liberté et de démocratie en tenant compte des spécificités culturelles grâce au dialogue des cultures afin de combattre le racisme et les préjugés néfastes à une harmonie féconde ente le Nord et le Sud.

A M