Algérie : à quand une économie fondée sur la connaissance ?

Redaction

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Coïncidant avec le recul de l’Algérie dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC), relevé dans   le dernier rapport* World Economic Forum, cette modeste contribution  qui intervient en ce mois  d’avril où les pouvoirs publics ont institué la journée du 16, comme journée du Savoir, est une ébauche sur l’économie de la connaissance sachant que les TIC constituent l’un de ses piliers.

On parle actuellement d’économie fondée sur la connaissance(EFC), cette période de transformation profonde du système économique. Cette transformation organisée autour de  la production, de la circulation et de l’échange des savoirs affecte tout à la fois les modes de production et de consommation, les sources de la  croissance et de la compétitivité, les modes d’organisation et de management des entreprises, le processus de construction des compétences et d’acquisition des qualifications nouvelles pour le capital humain. L’information devenant abondante, le facteur rare qui est donc source de compétitivité devient la connaissance, c’est-à-dire la capacité à interpréter et à traiter l’information. L’EFCdécrit à la fois une discipline de l’économie et un phénomène dont l’objet de recherche est la connaissance où la matière première clé ne se situe plus alors dans le matériel (matières premières, sources d’énergie….) mais dans l’immatériel (information, savoir-faire et connaissances).

Les facteurs à l’origine de l’EFC sont le développement du secteur tertiaire et des activités immatérielles, la mondialisation qui accroît le profit des ‘idées ’et enfin les progrès technologiques. Nous assistons grâce à l’essor desTIC,  au passage d’une économie industrielle à une économie fondée sur la  connaissance et dont les investissements portent sur l’éducation,  la formation et la recherche avec une utilisation marquée des réseaux de l’information .Un profond changement de paradigme va  alors affecter tous les aspects du  fonctionnement de l’activité humaine. Au niveau microéconomique, on parle de capital intellectuel et de ‘ valeur savoir ‘.

L’EFC part du constat   que certaines activités immatérielles liées à la recherche et à l’éducation tendent à prendre une importance croissante dans l’économie mondiale .Le niveau  de scolarisation des  populations a augmenté dans le monde. Cela s’est traduit par une réorientation des structures productives vers des activités créatives et l’utilisation  de nouvelles connaissances.

         Les TIC produisent 3 effets sur l’économie. Elles permettent tout d’abord, des gains de productivité dans le domaine du traitement, du stockage et de l’échange d’informations, et favorisent ensuite l’émergence et la croissance de nouvelles industries (multimédia, commerce électronique, industries de réseaux, téléphonie….). Elles poussent  enfin, à l’adoption de modèles organisationnels pour une meilleure exploitation de nouvelles possibilités de distribution et de diffusion de l’information.

            Au niveau de l’entreprise, l’économie du savoir désigne les activités dans lesquelles le savoir est devenu un intrant de première importance. Il ne s’agit pas de dire que  l’investissement en capital physique ne compte plus,mais de constater que l’équilibre a basculé du côté du Capital Humain. La compétitivité d’un nombre croissant d’industries dépend en premier lieu de la qualité de la main d’œuvre, c’est-à-dire  de l’expérience et du savoir-faire  .Il faut donc investir dans l’éducation et la formation.

            Le couple EFC-TIC a engendré  des changements profonds dans la gestion des entreprises .Ces changements impliquent la révision des procédés de travail, la redéfinition des contenus des postes et la réévaluation des qualifications nécessaires car l’EFC impose une division des fonctions organisée autour de « blocs de savoirs scientifiques » fondés sur des champs de compétence spécialisés. Il est par conséquent essentiel de savoir gérer ce changement.

            La compétitivité des entreprises résulte du passage d’une logique de productivité à une logique d’innovation. D’après cette vision, les entreprises qui réussissent sont celles qui créent constamment de nouveaux savoirs, les diffusent largement dans leurs structures et les intègrent rapidement aux nouvelles technologies ou aux nouveaux produits qu’elles proposent.

            En guise de conclusion, la connaissance, ce bien qui peut se cumuler et progresser dans le temps, ne s’use pas lorsqu’on s’en sert, pour paraphraser un ancien slogan publicitaire .Bien au contraire !

Dalila Bérass- Brahmi (Université d’Oran)

*http://www.algerie-focus.com/blog/2013/04/11/lorsque-des-pays-avancent-en-matiere-de-nouvelles-technologies-lalgerie-recule/