Une information livrée par l’agence de presse nationale APS, datée du 4 mai 2013, et ayant trait au système éducatif algérien, rapporte qu’un colloque initié par la section locale de l’Association des Oulémas musulmans algériens (AOMA), sur « L’école algérienne, états des lieux et perspectives » s’est tenu à Batna. Selon l’agence APS, les participants à ce colloque « ont insisté sur la nécessité de créer une instance chargée de veiller à la qualité de l’enseignement » et estimé qu’une telle instance doit être « permanente » et « composée d’experts en éducation et en didactique ». L’APS précise en outre que le président de l’AOMA, Cheikh Abderrezak Guessoum, a estimé que la « crise vécue par l’école algérienne est due à plusieurs facteurs, dont l’exclusion de la dimension « authenticité » du système scolaire et la restriction des missions de l’école à l’enseignement au détriment de l’éducation ». Cette information qui a été reprise par des titres de la presse nationale sous le titre : « En Algérie, l’école enseigne mais n’éduque pas » nécessite, à mon humble avis, quelques développements et interrogations, aussi succincts soient-ils.
Nous nous interrogeons tout d’abord sur les compétences d’une telle association en matière de pédagogie et de didactique pour pouvoir dresser un état des lieux et des perspectives concernant le système éducatif. Sachant que cette association organise des séminaires dans moult domaines, nous nous demandons si les éléments qui la composent sont des experts dans les divers et multiples thèmes traités. Dans ce sens les participants au colloque de Batna, n’ont pas du tout tort puisqu’ils estiment nécessaire la création d’une instance composée d’experts en la matière. Nous pouvons signaler à cet effet les recommandations qui ont été faites par diverses commissions, dont celle dite Benzaghou, une commission composée de 170 membres issus du secteur et dont le rapport qui date d’une dizaine d’années, n’a pas été encore rendu public*.
Par ailleurs, que signifie l’authenticité du système scolaire ? Quel sens donner à un tel concept quand on compare notre système éducatif à celui de pays émergents ou développés ? Ainsi, nous ne doutons pas un seul instant que cette authenticité est présente, réelle et incluse, dans la mesure où, l’école algérienne actuellement, et contrairement aux premières décennies post-indépendantes, a touché le fond parce qu’on veut effectivement idéologiser l’école au moyen d’actions partisanes. Et c’est ainsi qu’au lieu de former, elle (l’école) ne fait que déformer.
Certes notre école n’éduque pas. Mais elle n’enseigne pas non plus. Elle n’enseigne pas car les déperditions sont importantes. Elle n’enseigne pas car les diplômés sont mal formés et se retrouvent au chômage pour beaucoup d’entre eux. Et si notre école forme, elle forme alors au formatage, au dressage qui n’a rien à voir avec l’éducation, à l’irrationnel, à la glorification, à la servitude, au conservatisme. Notre école ne forme pas des citoyens qui jonglent avec le savoir scientifique. Notre école ne forme pas au rationalisme, à l’esprit d’analyse et de synthèse, à l’esprit critique, à la créativité, à l’humanisme, à l’universalisme, à la tolérance, au savoir-faire, ces valeurs qui permettent à une nation de se redresser, de s’élever, d’avancer, de s’imposer. Et nous sommes une nation comme une autre, des bipèdes avant tout. Quant à l’éducation, il faudrait savoir que celle-ci concerne aussi bien l’école, que la famille et l’environnement. Dans ce sens, « L’éducation c’est la famille qui la donne. L’instruction c’est l’Etat qui la doit », dixit Victor Hugo.
En guise de conclusion, il s’agit de savoir que le temps presse, et qu’entre temps les nations progressent, et que notre système éducatif régresse en faisant dans le rapiéçage. Nous patinons, donc nous n’avançons pas. Donc nous reculons.
Rachid Brahmi