Cause identitaire: Smail Bellache enterré dans son village natal

Redaction

L’infatigable militant de la cause berbère, Smail Bellache, a rendu l’âme le mardi 10 février dans un hôpital parisien suite à une longue maladie. La dépouille est arrivée à l’aéroport de Béjaia mercredi, puis transportée vers son village natal, Louta, une bourgade relevant de la commune de Chemini. L’enterrement a eu lieu jeudi dernier au cimetière dudit village en présence de sa famille et d’une foule nombreuse formée de ses amis et de personnes venues des quatre coins de la Kabylie pour un dernier adieu à celui qui fut un ami, un frère, un guide pour plusieurs générations. Des figures de la cause identitaire ont assisté aux obsèques de Dda Smail, témoignant leur profond respect à un homme qui a de tout temps livré un combat acharné pour hisser au firmament la cause identitaire. Le cercueil du défunt a été enveloppé dans un drapeau amazigh pour accompagner la dépouille jusqu’à sa dernière demeure.

Samail Bellache, figure de proue de la cause amazighe, est natif du village Louta en la date du 21 août 1969. Dès son plus jeune âge, il a pris à bras ouvert l’engagement pour la promotion de la langue amazighe sans concession ni condition. N’ayant pas suivi des études supérieures, Dda Smail s’est forgé par la force d’abnégation et une volonté inébranlable d’apprendre sa langue maternelle, tamazight, et faire des recherches exhaustives pour apporter un plus à une identité, longtemps mise à l’écart. C’est à l’âge de 17 ans qu’il a pris son destin par les mains pour rejoindre la France. Ayant trouvé un terreau favorable pour mieux ancrer son engagement vis-à-vis de la cause berbère, il croisa le chemin d’autres figures emblématiques du combat amazigh à l’image de Md Arab Bessaou et Hanouz Md Said. En 1967, les premiers jalons de l’académie berbère ont été posés par le concours des militants de la première heure. Durant les premières années ayant suivi la création de l’Académie berbère, Smail Amazigh, communément appelée par ses amis, n’a pas lésiné aucun effort pour promouvoir et enrichir de facto la langue amazighe. De 1962 à 1972, il met au profit des militants de l’Académie des cours de langue et d’histoire de Tamazight. L’amour indéfectible que voua S.Bellache à son histoire et à son identité l’a amené à faire des recherches sur l’écriture ancestrale, Tifingh, tentant par la suite de les mettre au goût du jour pour mieux les adapter à un large public. Ce fut ainsi que je fus amené à choisir les Tifinaghs suivant en cela les conseils de Mahdjoubi-Aherdane et le chemin tracé depuis un bon moment déjà par un de nos plus ardents militants, je veux nommer Smail Bellache. Celui-ci, après avoir appris l’écriture ancestrale telle qu’elle était pratiquée par les Imouhars, me dit combien elle intéressait les gens du fait même qu’elle à nous », disait Mohand Arab Bessaoud dans son ouvrage ″De petites gens pour une grande cause″.

De même, le travail inlassable de ce grand militant a amplement nanti la culture amazighe de par ses travaux de recherche et autres traductions de textes puisés de la littérature universelle telle que ″Le corbeau et le renard″ de Jean de La Fontaine. L’enfant terrible de la Kabylie, Mohya, a quant lui inséré dans sa pièce théâtrale ″Sinistri″ cette œuvre traduite par Dda Smail ″Agerfiw akx d  ubaragh″. Au même titre, il participa à la rédaction de la revue éditée par l’Académie berbère et aux recherches au sein du CNRS avec ses amis de longue route Ould Slimane Salem, Bounab Mestafa, Kessili Abdenour…

Bachir Djaider 

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