Sujet qui revient avec récurrence, l’intégration de l’Algérie à l’OMC ne semble pas être une sinécure. Et c’est le moins que l’on puisse. Abdeljelil Labdi, analyste et expert en intelligence économique, livre, ici, son point de vue sur les dangers que charrie un éventuel accord avec l’organisation, dans les conditions actuelles de l’économie nationale.
Selon de nombreux sites électroniques s’intéressant à ce qui se passe en Algérie (dont « Tout Sur l’Algérie » dans sa livraison du 26 juin 2017), Bruxelles aurait critiqué le protectionnisme de l’Algérie. Le site électronique TSA se réfère à un rapport annuel de la Commission Européenne sur « les obstacles au commerce et à l’investissement en Algérie ainsi qu’à l’absence d’avancées de notre pays dans ses négociations d’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce ».
Il est à préciser que cette publication a été diffusée en réaction à la présentation du plan d’action du nouveau gouvernement devant l’Assemblée Nationale et en particulier sur son volet économique.
C’est en lisant différents articles sur la question que j’ai estimé nécessaire de faire une mise au point et clarifier certains aspects que j’estime importants pour l’intérêt de mon pays l’Algérie.
En premier, l’Algérie n’a aucun intérêt à aller vers un accord avec l’OMC (du moins pour le moment) et pour la simple raison que nous ne sommes pas encore prêt (ni préparés et ni suffisamment formés) pour placer de manière intelligente nos produits (en dehors des hydrocarbures) sur les marchés extérieurs. Un accord avec l’OMC signifierait tout simplement l’arrêt immédiat de notre outil de production national ainsi que la cession d’activité d’une multitude d’entreprises publiques et privées avec toutes ses retombées sociales.
Déjà nous ne produisons pas grand-chose. Et même en ce qui concerne ce que nous produisons, il est à parfaire en matière de qualité, de fiabilité et de coût. Améliorons notre produit national, fidélisons nos clients nationaux et la seconde étape viendra toute seule.
Qu’est-ce qu’on peut placer comme produits Algériens sur les marchés extérieurs ?
- Essentiellement et en priorité des produits agricoles bruts ou transformés. Notre pays retrouvera ainsi sa vocation agricole d’antan et renforcera également sa sécurité alimentaire. L’Algérie est un pays à vocation agricole par excellence. De grandes superficies de terres qui ne demandent qu’à être travaillées, de l’eau en abondance, il suffit de la chercher là où elle est et enfin du Soleil toute l’année.
- Éventuellement du tourisme sous certaines conditions. L’Algérien n’est pas toujours très accueillant vis à vis des touristes étrangers contrairement à nos voisins Marocains et Tunisiens. Il s’agit d’un problème lié à l’acceptation par la société de la culture du tourisme. Il y a lieu alors de réfléchir à ce qu’il y a lieu de faire pour changer les mentalités et ce n’est guerre facile.
- Des services qui restent malheureusement encore à parfaire.
- Des produits manufacturés ou industriels. Pour ce qui est de ces derniers, il ne faut pas se leurrer, la route est encore longue.
En conclusion, je dirais que Si Bruxelles est mécontente et bien tant pis. Si pour satisfaire aux doléances de Bruxelles, il faut se suicider et bien nous ne sommes pas d’accord. Le Gouvernement Algérien a bien raison de continuer à freiner la maladie de l’importation tout azimut dans son plan d’action. L’Europe a déjà siphonné toutes nos réserves en devises et l’accord d’Association entre l’Algérie et l’UE a été très en faveur de cette dernière. Nous nous sommes malheureusement beaucoup éloignés du partenariat « Gagnant/Gagnant » qui était supposé régir nos relations avec l’UE.
Abdeljelil LABDI – Analyste et Expert en Intelligence Économique