Surprenant ? le but n’étant pas d’accaparer l’attention du lecteur avec un titre accrocheur, je pense sincèrement que l’algérien est devenu Punk depuis Bentelha, même s’il l’était un peu avant… Ce génocide (appelons les choses par leurs noms) de Bentelha la nuit du 22 septembre 1997, près de 400 innocents (l’approximation est toujours de mise dans nos affaires) hommes, femmes et enfants, furent égorgés, découpés, et ratatouillés…
Dans cet écrit je ne m’attarderai pas sur cet évènement dramatique, d’autres le feront mieux que moi; il ne s’agit pas non plus de rentrer dans le débat interminable du « kituki » (qui tue qui) entre : éradicateurs, islamistes, militaires, nationalistes, BHLiviste, et autres marchands d’armes, car je n’ai pas les moyens d’investigation qui me le permettent (pour le moment), je me contenterai donc des faits, juste analyser un certain enlisement de l’algérien depuis cette date, car ce dernier n’ayant pas compris ce qui s’est passé (aux massacres de Rais, Bentalha, Beni messous etc…), et face à ses questions légitimes, et ses demandes de vérité, on lui a opposé des débats idéologiques, sur le : « kituki », l’ingérence étrangère, l’image de l’Algérie, l’angle et la fréquence de basculement de la tête de Zeroual …
Cela marqua une rupture, une cassure, un point de non-retour dans la méfiance du peuple vis-à-vis de ses gouvernants, et là l’algérien a saisi sa nature profonde de vaurien (punk signifiant vaurien en anglais); pour son salut l’algérien se recentre sur sa personne, un certain ‘égoïsme vital’ s’est installé durablement dans sa manière de partager l’espace public, de gagner sa vie, et de voir l’autre, son concitoyen… l’algérien est devenu individualiste.. comme un punk.
Comme un punk, l’algérien vit l’autorité comme une menace, un danger, une aliénation, une privation, c’est la chose qui lui rappelle en permanence « el Hogra » (terme intraduisible selon l’académie inouit des langues, et pas que… ) il considère la police ou l’armée, l’imam repenti ou politisé, et même le gouvernement comme dangereux et corrompus… l’algérien est anti-autoritariste…
Comme un punk, l’algérien réfute les lois qu’elles soient celles relatives à la construction, au commerce, à la douane, à la conduite, aux compteurs d’eau, de gaz et d’électricité, à l’import-import, au transport, au travail, aux congés maladie, aux boucheries… il est “Harraga”, il s’immole, il squatte des appartements, et construit des bidons villes.. L’algérien conteste les lois.
Comme un punk, l’algérie rien ne lui plait, il est habité par la « tabula rasa », table rase de tout ce que représente l’ordre et l’Etat..
Comme un punk, l’algérien prône l’urgence, l’improvisation dans sa revendication, pas de mouvement réfléchi, le désordre total, voulu et recherché… voire l’émeute, des dizaines d’émeutes chaque semaine, et depuis des années… ça c’est du punk.
Comme un punk, l’algérien est cynique, cela lui permet d’accéder à un niveau de « sagesse urbaine», sans passer par de longues études, ni par le lycée d’ailleurs, on trouve un philosophe dans chaque quartier, dans chaque coin de rue, et chaque algérien a son propre courant philosophique !
Comme un punk, l’algérien se drogue, « zetla », « cachiette », valium, « chemma », « doukhane » ou « kahwa kahla ».. avec un journal chiffon, une émission chelou le soir, ou sur internet… peu importe le mode, « ta3mar el rass » est aussi un mode de vie pour l’algérien.
Comme un punk, tout algérien qui se respecte pointe du doigt les « Bourgeois » du club des pins (l’ancien, et le nouveau surtout), insulte tout privilégié du système et n’hésite pas à lui brûler ses biens à la première occasion.
Comme un punk, l’algérien est fan de la subversion, le raï sulfureux sorti des cabarets et des coins malfamés, ce raï chante l’amour, les filles, el harga, le sadomasochisme, et les nuits rouge des villes amochées… L’algérien sait détourner les codes, comme ces chansons des stades (à l’exemple de l’USMA), où le « dégoutage » est célébré en musique et en fête, l’algérien a fait même de la dérision un mode d’expression… l’algérien est définitivement punk.
La question qui se pose est que si le peuple prend le pouvoir un jour (soyons utopistes) est-ce que l’Algérie sera le premier pays punk du monde ?
Et Si toute cette fougue, cette jeunesse, cette contestation se structurait pour donner quelque chose de moins anarchique, une Algérie meilleure, prospère, digne et joyeuse ? Vous me diriez : « ça ne sera plus du Punk » !