Des efforts et du changement pour un président français, mais pas pour le peuple algérien

Redaction

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J’ai beau ne pas être algérienne, apprendre qu’autant d’efforts ont été déployés pour embellir la capitale en un rien de temps pour le court séjour d’un président français, alors qu’aucun effort n’est fait en ce sens pour les personnes qui résident à Alger m’a choquée. 365 jours par année, les Algériens voient la saleté et la détérioration de l’état de leur habitat. Les dirigeants du pays ne s’en préoccupent pas, mais lorsqu’il s’agit de François Hollande, là ça devient une priorité.

Les dirigeants algériens se devaient de bien accueillir François Hollande sur leurs terres. Là n’est pas la question. Mais en quoi la visite de François Hollande aurait-elle été différente sans ce maquillage ? Les enjeux de cette visite ne concernaient aucunement la propreté de la ville ou du pays. Alors en quoi le président français a droit plus que le peuple algérien à une ville propre? Les dirigeants français en auraient-ils fait autant pour une visite de Bouteflika à Paris?

François Hollande devrait venir plus souvent à Alger et surtout, changer chaque fois de parcours. Si chaque partie de la ville qu’on lui fait visiter est à toute occasion rénovée, la capitale deviendra plus vivable. Elle se refera une beauté et pourra faire honneur à son appellation Alger la blanche.

L’argent aux dirigeants !

Si les dirigeants algériens peuvent engager des personnes pour réaliser autant de petits travaux en si peu de temps et que tout a pu être fait aussi rapidement, c’est qu’il n’y a pas de raison pour que ces travaux ne se poursuivent pas à long terme pour le bien-être du peuple. Les services, les personnes compétentes et les moyens financiers nécessaires pour effectuer ces tâches, l’Algérie les a. Selon Karim Djoudi, ministre des Finances, « l’Algérie est un pays doté d’excédents financiers ». L’Algérie a d’ailleurs prêté 5 milliards de dollars au Fonds monétaire international (FMI) en octobre dernier pour que celui-ci puisse renforcer ses capacités de prêt envers les autres pays. Alors qu’est-ce que les dirigeants algériens attendent pour investir dans leur propre pays? Outre la volonté, que leur manque-t-il?

Car finalement, qui profite véritablement de cette visite? Ce ne sont pas les Algériens. L’Algérie et la France veulent progresser ensemble pour l’intérêt partagé des deux pays. Mais cet intérêt est économique. Il n’est pas social. Malgré tous les accords signés, le chômage et l’analphabétisme conserveront un taux élevé, la violence et la corruption continueront leurs chemins, les dirigeants seront toujours aussi riches et le peuple toujours aussi pauvre, l’insécurité régnera encore, les problèmes de logements perdureront, bref, la situation de l’Algérie restera la même dans l’ensemble. Son progrès ne dépend pas de la France. L’Algérie doit commencer à agir pour l’intérêt de son peuple si elle veut réellement progresser.

Marie-Pier Boucher