En avril 2014, tout va très bien en Algérie, et après ?

Redaction

« Tout va bien en Algérie », affirme-t-on haut et fort du côté du camp du président sortant. La campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril prochain, bat son plein, si l’on en croit les organisateurs et les promoteurs de ce qui est déjà considéré comme une réélection annoncée du président sortant.

Tout va bien, donc. Tout va très bien, même. Certes, l’on est en droit de s’interroger sur la légalité de la campagne d’un candidat qui a, en quelque sorte, délégué son pouvoir de tenir meeting à son directeur de campagne, entre autres. Certes, aussi, l’on est en droit de se demander si les cinq autres candidats y croient vraiment à leur victoire et partant de là, à leur investiture puis leur arrivée au Palais d’El Mouradia. Imaginons un Ali Fawzi Rebaïne ou un Moussa Touati, voire même une Louisa Hanoune remporter le scrutin du 17 avril. Cela relève de l’irréalisme tellement nous-mêmes sommes imbriqués, imbibés même dans ce qui est officiellement dénommé, depuis l’an de grâce 1962, la République Algérienne Démocratique et Populaire.

Irréalistes aussi paraissent les promesses de chacun des candidats, à commencer par le premier d’entre eux qui ne fait pas campagne, se prenant presque pour un De Gaulle à l’occasion de la première élection présidentielle française au suffrage universel depuis celle de 1848. Ce dernier n’a pas fait campagne, du moins, pour le premier tour, puis s’étant vu en ballotage (favorable, tout de même) face au candidat unique de la gauche française, un certain François Mitterrand, il s’est mis à faire campagne pour le second tour. Ça c’était en France en 1965, mais ce qui se passe en Algérie en 2014 reste tout de même typiquement local. Surtout quand on entend un Sellal oser affirmer haut et fort « l’Algérie va bien, Bouteflika va bien ». Donc, si tout va bien en Algérie, pas besoin de faire campagne ni même d’élection. Il ne reste donc plus qu’à fournir à chacun des 38,5 millions de ce qui est considéré comme des Algériens un fauteuil roulant et là, l’on affirmera avec certitude que tout va bien. On le chantera même de Tlemcen à Annaba, en passant par Alger, Tizi Ouzou et jusqu’à Tamanrasset et Tin Zaouatine : « Tout va très bien, tout va très bien », à l’instar d’un Ray Ventura qui chantait cette chanson à succès « Tout va très bien madame la Marquise ». Ça, c’était en 1939, c’était le tube de l’été 1939. On connaît la suite, en septembre 1939, la Pologne était envahie par les troupes nazies, la seconde guerre mondiale commençait. Et ici ? Si tout va bien, que va-t-il se passer après le 17 avril ?

Lakhdar Aït Mohamed Salah

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