Face à la montée des périls pour notre Algérie/ L’urgence d’une rupture “novembriste”

Redaction

Plus d’un demi-siècle après la longue guerre d’indépendance initiée par de jeunes militants nationalistes dans un mouvement de dépassement de la crise profonde qui minait la classe politique nationale d’alors et en rupture avec elle, notre patrie se retrouve de nouveau devant de grands dangers.
Dans un contexte politique et militaire régional instable et dangereux dû pour beaucoup aux visées et manœuvres de repartage du monde entre les centres militaro-financiers de l’ultralibéralisme mondial et aux pressions de leur complice (de fait malgré les apparences) qu’est l’islamisme armé, la crise profonde de l’Etat s’est aggravé et prend des formes inédites menaçant dangereusement la cohésion nationale déjà largement fragilisée.
La crise de l’économie rentière et informelle dominante, qui atteint déjà des seuils imprévisibles avec la baisse des prix et de la production d’hydrocarbures (seule ressource du pays), écrase déjà la société et amplifie le marasme global dans lequel elle baigne. Car au lieu de s’allier à elle pour faire front aux effets de cette crise, le pouvoir en place s’en éloigne encore plus. En lui imposant une austérité qu’il se garde de faire subir à ses propres membres et satellites, dont il maintient les privilèges exorbitants qu’il leur octroie, mais également en profitant de ce contexte pour introduire de nouvelles lois, notamment du travail et de la santé. Des lois qui ne feront que creuser encore plus les inégalités et fragiliser les conditions de vie de la majorité des Algériens déjà profondément affectés par une corruption sans vergogne qui ne cesse de s’étaler dans l’impunité, une criminalité ascendante, un intégrisme religieux quasi officialisé sécrétant, tel un phénomène de mode, une « religiosité factice » favorisant le développement, sous forme de “houroumate” (interdits religieux), de toutes les intolérances et de tous les irrationnels, etc.
Cette situation de « blocage par le haut » de la société équivaut à sa “désactivation” (consciente ou inconsciente mais) volontaire. Elle a consisté à ce jour, d’une part, à priver d’expression les potentiels modernes et de progrès qu’elle recèle en les empêchant de s’organiser et d’agir librement ou en les étouffant quand ils le sont déjà – notamment quand il juge que leur existence nuit à la “façade démocratique” qu’il peine à montrer. D’autre part, à tenter « d’acheter la paix sociale » au moyen, entre autres, de redistributions (tels les prêts pour les jeunes, les logements, etc.) tout en les présentant comme autant de “faveurs” accordées par le régnant du moment et en en faisant autant d’atouts pour amener les citoyens à adopter des attitudes d’“assistés reconnaissants”.
Enfin, à favoriser et faciliter le déploiement en son sein des forces conservatrices et fondamentalistes, au risque, ce faisant, d’affaiblir les efforts et le sens du sacrifice des forces armées et sécuritaires engagées dans la lutte inachevée contre l’hydre intégriste armée. La résultante de tout cela est que la société arrive de plus en plus difficilement aujourd’hui à assumer pleinement son vivre ensemble et à se prémunir du risque de son “déchirement” – dont les symptômes le révélant s’annoncent déjà sous forme de revendications franchement scissionnistes.
Cette situation est aggravée par le fait que l’Etat national, otage depuis sa genèse par le système rentier qui a toujours régenté le pays, est frappé depuis des décennies par une crise non résolue que le pouvoir actuel ne fait que faire perdurer au moyen de stratégies politiques biaisées tournées essentiellement vers la reproduction de ce système au moyen, selon les cas, d’élections viciées, de répression et/ou d’accaparement et de redistribution rentière. Mais elle est également aggravée, depuis 2013-2014, par les tensions limites atteintes dans les luttes intestines aventureuses pour le contrôle du pouvoir ainsi que, en cette phase de succession, par le renforcement de l’alliance des tenants actuels de ce dernier avec les islamo conservateurs, les religieux fondamentalistes et les forces de l’argent sale.
Au point que des représentants médiocres d’un « nationalisme déclaratif « , ne pouvant masquer l’origine malhonnête de leur accumulation, ne cachent plus leurs visées prédatrices sur les centres de décision. Quant à la classe politique actuelle, elle est, dans sa globalité et malgré ses contradictions, largement discréditée auprès de la société du fait de son allégeance au système, de son engluement dans les seules luttes d’appareils et de son incapacité à initier ne serait-ce que des éléments d’une alternative démocratique de solution à la crise qui mine le pays.
Cette situation de plus grande fragilisation de ce dernier est telle qu’elle étiole tout ce l’on pourrait qualifier de “bonnes choses en soi” qui s’y font. Elle ne laisse en conséquence à la société et à ses forces encore vives qu’une seule issue pour conjurer son effondrement, le sauver de la dislocation et entreprendre sa refondation sur la base d’un Nouveau Contrat National Démocratique en rupture avec le système rentier et l’intégrisme religieux. Celle de l’incontournable urgence d’engager une dynamique citoyenne s’adossant et visant en même temps à :
1. Construire dans l’action unie un large et profond Mouvement social, démocratique, organiquement autonome et nécessairement pluriel. Un mouvement qui impulsera une dynamique de résistance active, de solidarité et de coordination des luttes économiques, sociales, culturelles et d’idées, en lien avec les aspirations des producteurs intègres de richesses matérielles et intellectuelles et des forces saines, honnêtes et non corrompues qui échappent au contrôle de l’intégrisme islamiste et aux tentations de la corruption. Un mouvement qui se dotera, à sa maturité, de ses propres moyens organiques et matériels pour se poser en force politique incontournable, peser dans les rapports de force, opérer les changements nécessaires et mettre enfin le pouvoir politique au diapason des exigences d’un Nouveau Contrat national démocratique et social pour une Algérie progressiste, prospère, juste et capable d’une contribution active à la dynamique humaniste et de progrès de l’humanité dans les conditions de ce nouveau siècle.
Un mouvement dont émergeront inévitablement de nouveaux leaders et personnalités et de nouvelles organisations. Mais dont nous tous aujourd’hui – nous qui sommes encore debout malgré les vicissitudes à travers nos collectifs politiques, nos associations, nos organisations syndicales, nos initiatives créatrices même individuelles, etc. – pouvons en devenir le socle premier puisque nous avons déjà en commun des éléments de ce que serait sa plateforme fondatrice. Des éléments tels le respect de l’expression démocratique et pacifique des particularismes par un état démocratique largement décentralisé, la promotion des droits humains dans l’égalité des hommes et des femmes, le respect de toutes les libertés, le respect de l’inaliénabilité de la propriété publique des rentes minière et énergétique et la reconnaissance du droit des générations futures sur ces richesses, le développement d’une économie productive hors hydrocarbures, la préservation du patrimoine écologique, etc. Des éléments qui nous unissent théoriquement et qui nous souderont pratiquement pour peu que nous fassions tous l’effort unitaire pour sortir de notre état de dispersion, d’atomisation, de vain attentisme et/ou de fatalisme inhibiteur.
2. Donner vie à un large Front Patriotique et Républicain
Un Front qui sera ouvert à tous ceux qui ont l’Algérie démocratique et sociale à cœur, qui se trouvent entre autres dans les partis républicains et les institutions, parmi les personnalités, les leaders d’opinion, les intellectuels et cadres civils et militaires intègres et qui désirent contribuer à sauver la Nation et à remobiliser la société par des actes concrets visant, en cette “période d’austérité”, à ne pas aggraver les fractures sociales déjà douloureuses. En œuvrant, notamment, pour que les effets de la crise soient affrontés non via la voie de la réduction des pouvoirs d’achat de la majorité mais par d’autres voies telles la lutte contre les gaspillages, les transferts illicites de devises vers les paradis fiscaux ou ailleurs, l’évasion fiscale, le système des privilèges octroyés par le pouvoir, la corruption, etc. En somme, un Front qui permettra aux forces encore vives de la Nation d’affronter, en conjonction avec le mouvement social, les dangers qui pèsent sur la Patrie sans céder au chantage à la stabilité du pays que brandit le système et qu’il ne conçoit pas hors de lui-même.
Sauvons notre Algérie de la dislocation en édifiant activement le Mouvement social, démocratique et autonome de la société et le Front patriotique et républicain !
Par Le MDS-Oran
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