Il y a du monde au 20, Boulevard de la Bêtise. M. Le Vert a convoqué les meilleurs des mercenaires de sa promotion. A l’ordre du jour : comment frapper ? MLV n’ pas fermé l’œil depuis la veille. La sonnerie des trois chiffres du Palais résonne encore dans sa tête. Les invité-mercenaires dévoilent leurs plans les plus diaboliques.
Il faut dire qu’ils aiment particulièrement se réunir pour le mal. Mais c’est à peine si M. le ministre de la Bêtise les écoutait. M. Le Vert rêvasse sans cesse. Il rêve assis, debout, en marchant, tout le temps et partout depuis la veille. Il sait que l’apprentissage en bêtise peut mener à bien des promotions. Il se permet d’ailleurs d’avoir cette furtive pensée : «Et si les trois chiffres faisaient de moi le 1er ministre de la Bêtise» ! Pendant ce temps, les invités-mercenaires se disputent bruyamment l’avis d’appel d’offre restreint. Bientôt ils arrachent MLV à ses rêveries. Il est furieux. La cupidité de son imagination l’avait mené si loin qu’il refuse à présent de revenir autour de la table des réunions. Il est sur le point de les chasser de la salle. Le souvenir des trois chiffres finit, cependant, par le faire revenir à ses esprits. Il faut bien sous-traiter le marché.
M. Le Vert et ses invité-mercenaires finissent par adopter une stratégie : frapper de partout et n’importe comment. Après tout, se targue MLV, la Balance de la nuit est rattachée aussi aux «trois chiffres», et lorsque celle-ci est de notre côté, la bêtise n’a pas de limites ! A la Bêtise, clament-t-ils d’une seule voix, comme ces hordes d’une autre époque s’apprêtant à mettre à feu et à sang une Nation. La réunion est levée, mais la bêtise y est toujours. Son ministre contemple le téléphone fixe posé sur son bureau. Il le préfère de loin à son téléphone portable, et il réfléchit maintenant au moyen de le transporter partout avec lui. Si seulement c’était possible ! Les «trois chiffres» l’habitent désormais corps et âmes. Le voilà qui scrute encore son téléphone fixe comme aucun homme n’a jamais désiré une femme. Lui et les «quatre chiffres» c’est déjà une grande histoire d’amour. L’histoire d’une bêtise qu’il veut désormais graver dans un livre, pour que les «trois chiffres» fassent «long feu». Le téléphone sonne à nouveau. L’émotion fige M. Le Vert. Elle le paralyse. Difficilement, il arrive à tendre son bras et décrocher. Mais trop tard, il n’y a plus personne au bout du fil. Il en est malade. A suivre…
Mehdi Mehenni