La face cachée de l'Eepad…

Redaction

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ep Voici la vérité vraie sur comment l’Eepad a grimpé au sommet avant de descendre aux abîmes en laissant des dizaines de milliers d’abonnés et des centaines de travailleurs (comme moi) sur le carreau.

Au départ une belle histoire. Au début des années 2000, le propriétaire de Eepad M.Harzallah découvre que Algérie Télécom (AT) réfléchit à introduire l’ADSL après qu’elle avait acheté des équipements Alcatel restés depuis dans les cartons. Il saisit l’idée et obtient l’information qu’un fournisseur ayant une société familiale à Blida avait importé ce qu’on appelle des DSLAM qu’on met dans les centrales téléphoniques, et qui sont des équipements qu’on relie sur Internet d’un côté et de l’autre côté on les connecte à la pair de fil téléphonique d’un abonné pour pouvoir le connecter à Internet à une très grande vitesse.

Avec le concours de ses ingénieurs, Harzallah teste l’équipement dans ses locaux et ça marche. Moment historique dans la boite, la connexion ADSL marche pour la première fois en Algérie, juste après il commence à démarcher les patrons de Algérie Télécom qui ne demandaient pas tant. Le plan de Harzallah est déclenché, il arrive naturellement à les convaincre de lui ouvrir toutes les centrales téléphoniques pour qu’il installe ses DSLAM , en leur miroitant les dividendes et le retombées sur le fait que grâce à Algérie Télécom l’Algérie rentre dans l’air de l’ADSL, à l’instar des pays développés…

Depuis l’aventure commence réellement, et surtout Harzallah annonce tout au début au journal de 20 heure que l’Eepad lance officiellement l’ADSL en Algérie et qu’il va y avoir un million d’abonnés dans les 3 mois qui suivent . Le lendemain c’est le rush aux locaux commerciaux de Eepad, tout le monde cherchant à avoir l’ADSL alors qu’à cette époque aucun DSLAM n’est installé, hormis celui de qui relie le bureau du PDG d’Algérie Télécom et de ses collaborateurs .

Le déploiement des DSLAM est lancé, et l’ADSL commençait à être vendu petit à petit à travers tout le pays, mais les conditions commerciales n’avaient jamais été claires entre Eepad et Algérie Télécom, les responsables de cette dernière étant complètement dépassés par les événements et personne n’était compétent pour pouvoir définir le business plan gagnant -gagnant qui fera rentrer l’argent aux deux partenaires équitablement, comme c’est le cas chez tous les opérateurs dans le monde. L’essentiel à cette époque était qu’en Algérie on vend l’ADSL, le reste on verra après .

Aussi, à la même période le régulateur était à côté de la plaque (il l’est toujours ) rien n’était prévu, aucune législation, aucune mise en place de vente de licences comme ça était fait pour le mobile, aucune loi sur le dégroupage (dispositif législatif qui régulait la mise à la disposition à l’attention d’un provider, la pair téléphonique de l’abonné…) rien de tout cela, c’était le far-west au point où Harzallah arriva à convaincre AT de partager les revenus par la vente des abonnements Eepad dans les ACTEL et sans que l’Eepad déclare les ventes qu’elle a effectuées à AT.

A ce moment, vu l’ampleur des événements, des soupçons de corruption ou d’appui externe commençaient à planer sur le fait que l’Eepad était incontrôlable étant donné qu’elle avait accès à toutes les centrales téléphoniques qu’elle voulait , en commençant bien entendu par les centrales les plus lucratives, et ne déclarait pas ses revenues , d’autant qu’à cette époque Harzallah était comme chez lui chez Algérie Télécom : il se permettait même le luxe de s’immiscer dans les conflits internes de AT et tentait de les régler en faveur de ses pions ou d’influencer les décisions en faveur de ceux qui lui faisait la cour, comme il interférait auprès de cette dernière pour régler toute sorte de problèmes qui concernaient les autres providers à l’agonie qui le sollicitaient. Il était comme un coq en pâte, il régnait sur la boite la plus innovante en matière de technologie en Algérie, il se permettait même le luxe d’aider AT dans la gestion d’événement où l’apport en technologie était nécessaire.

L’exemple le plus frappant était la tenue du sommet arabe d’Alger en 2004 où Eepad a fourni et installé gratuitement des bornes Internet au palais des nations et aux salons d’honneur de l’aéroport, où les délégations pouvaient pendant les pauses surfer sur Internet et « admirer » l’avancée technologique de l’Algérie …

En fait Harzallah jouait au pompier àchaque fois que la maison AT commençait à prendre feu, sa stratégie était d’ « aider le pays » dans les moments difficiles en espérant avoir l’immunité pour exploiter à loisir les équipement du réseau de AT pour vendre son ADSL.

Le coup de maître de Harzallah était le fait d’avoir réussi à faire venir le Président de la République inaugurer son usine fictive d’ordinateur de Annaba qui ne produisait rien du tout à l’époque et qui était censée produire –au gré des conférences de presse de Harzallah- tantôt des modems tantôt des DSLAM tantôt des ordinateurs portables (je ne suis pas sûre si elle produit quelques choses aujourd’hui )

Qu’à ce la ne tienne, AT se réveilla , les raisons du réveil tardif sont inconnues: est-ce que Harzallah n’arrivait pas à arroser les bonnes personnes ? Est- ce que les personnes qui ne bénéficiaient pas des largesses de Harzallah au départ (s’il y avait largesses ) ont pris le pouvoir ? Est ce que les autorités ont secoué AT histoire de ne pas laisser le monopole ADSL à Harzallah ?

En tout cas , la première phase de la contre-attaque est que AT décide de lancer son propre ADSL (Fawri puis Easy). Ayant vu comment Harzallah travaillait, AT a compris le principe et faisait du copié-collé. Puis vient la phase deux, AT décide de rompre le contrat commercial qui consistait à partager les revenues et somme l’Eepad à payer ….. la transmission

Pour comprendre le problème du non payement de Eepad, une explication un peu technique s’impose ici : en fait le fameux DSLAM qui se trouve dans la centrale téléphonique est relié à Internet via une ligne spécialisée (la transmission). Cette ligne spécialisée peut être de 2Mega, 4Mega , 63 Mega….. et le prix imposé par AT à cette fameuse ligne spécialisée est parmi le plus cher au monde : elle coûte des centaines de milliers de dinars par mois pour une 2megas, un prix scandaleux qui n’obéit à aucune logique économique. Ce prix est 100 moins cher en Tunisie ou au Maroc ou ailleurs.
Aussi, ce prix est un vrai frein au développement des TIC en Algérie, car à cause de ce prix les call center n’ont pu se développer en Algérie, à cause de ce prix les banques ne peuvent se connecter entre elles, à cause de ce prix les opérateurs mobiles ont dû déployer leur propres liaisons spécialisées pour connecter par exemple Alger et Constantine. Ils passaientt par AT au départ qui facturait des milliards de centime par mois …

En plus du prix, AT compte aussi la distance entre le DSLAM et l’équipement de l’autre côté qui sort vers Internet. Enfin AT ne garantissait pas la qualité de service nécessaire en terme de temps de rétablissement des coupures, des liaisons restaient coupé des heures et des heures voire des journées entières. Bref en plus du prix prohibitif de la liaison spécialisée, la qualité de service n’était pas au rendez-vous.

Donc le vent commença à tourner, l’Eepad devait tout simplement payer, mais comme le prix des liaisons était prohibitif, l’Eepad vendait tout simplement à perte …. ni plus ni moins.

De plus, l’Eepad devait louer des liaisons en fibre optique de grande capacité pour assurer des services tel que TV sur ADSL , téléphonie sur Internet …etc , ce qui veut dire des lignes encore plus chères…qu’elle ne payait pas avant.

En réalité , Harzallah comptait sur son agitation –entre autres- pour s’ériger en bienfaiteur de l’Algérie en terme de technologie . Il voulait se faire passer pour un précurseur en matière de technologie en espérant que tout le monde le laisse faire,. En fait, si l’innovation était au rendez-vous à l’Eepad, la rentabilité, elle, était impossible à cause du prix de ces fameuses lignes spécialisées. S’il y avait rentabilité d’autres opérateurs privés seraient présent ssur le marché. Ça n’a jamais était le cas.

Harzallah faisait tout pour que personne ne le dérange dans ce petit business, il a soutenu les plus forts, il a mangé à tous les râteliers, il a exprimé son soutien au président lors des dernière élections en détournant http://www.google.dz vers un site de Bouteflika – il a osé le faire- il a voulu acculer tout le monde en déployant l’ADSL jusqu’au fin fond du sud…. Mais hélas pour lui ça n’a pas marché, il se retrouve avec des dettes faramineuses, sommé de les payer.

Quelles sont les raisons de ce revirement ? Est-ce une opération main propre ? est-ce que Harzallah a perdu ses appuis ? Est ce que AT veut reprendre le monopole ? L’avenir peut être ne nous le dira.

Abou Majda

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