La révolte via Facebook !

Redaction

Updated on:

L’outil, devenu essentiel pour la jeunesse,a joué un rôle catalyseur dans les émeutes en Tunisie et en Égypte.

En Tunisie tout comme en Égypte, la mobilisation et les appels aux manifestations sont partis, d’abord et contre toute attente, depuis les réseaux sociaux ayant pignon sur Internet. Les pays autoritaires arabes, qui se reposent sur le musèlement de leurs sociétés n’ont, sans aucune exagération, pas du tout vu le coup venir.

Les citoyens-internautes sont la nouvelle génération et ont une autre vision du monde. Leurs modes de communication sont simples et font leur force. Facebook, blogs, twitter, my space…etc avalent, au quotidien, une bonne partie de leur temps, de leurs énergies. Internet, en l’espace de quelques années, est devenu pour eux un moyen efficace et intelligent pour créer des groupes d’amis, partager des avis puis appeler à des initiatives communes qui sont à leur tour traduites sur le terrain de la réalité. C’est dire qu’entre monde virtuel et réalité, l’écart est désormais infime. C’est du concret et tant mieux, disent les « facebooker and blogers ».

Une force de frappe impressionnante

D’abord, après la marée humaine qu’a drainée sur son site, Google a été l’un des premiers moteurs de recherche qui a su rassembler des millions de personnes. Ensuite, en 2004, vient la révolution de Facebook. Ils sont, aujourd’hui, des centaines de millions d’utilisateurs actifs sur ce réseau social.

En juillet 2010, Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, annonce sur son blog que son site regroupe plus de 500 millions de membres actifs. C’est devenu une force, et pas des moindres. Question : combien sommes-nous en totale ignorance de la force de frappe que détient ce jeune étudiant de l’Université de Harvard ? Un génie, puisque quelques années après que Facebook soit né, Barack Obama, himself, fera appel à ses services. Le fondateur sera chargé de faire compagne sur Internet pour l’actuel président américain. Le risque de manipulation existe-t-il vraiment ?

A vrai dire, Facebook est aujourd’hui une base de données gigantesque. Les informations que détiennent ses propriétaires sur la vie privée des millions de personnes sont potentiellement un outil parfait pour eux et qui, probablement, leur servira pour, soit « écouler » leurs pubs, vendre leur culture, leur produits mais surtout, à leur yeux, nous sommes devenus des sujets manipulables à tout moment. Il est une réalité absolue qu’ils peuvent donc orienter, influencer voire manipuler des pans entiers des sociétés modernes. Ahurissant ! L’on parle aujourd’hui d’un taux avoisinant les 60% de membres actifs sur Facebook, et qui auraient donné des informations vraies sur leurs vies privées.

Autrement dit, près de 300 millions de personnes ont fourni leurs lieux et dates de naissance, leurs fonctions, âges et centres d’intérêts… etc. Beaucoup ne le savent pas, mais dans la charte de Facebook, il est dit explicitement que toute information que vous mettez sur le réseau est propriété de Facebook. Des hommes politiques, personnalités et acteurs ou simples agents d’administration dans les pays occidentaux ne cessent de monter au créneau pour crier à la manipulation et au harcèlement via Internet. Leurs discussions, messages et photos parfois compromettantes sont devenus des moyens de pression. Ils ont subi cette pression de la part de leurs détracteurs, ennemis et ceux à qui ils doivent des comptes.

De la propagande digitale

Si en Europe, aux États-Unis, et dans les pays développés de manière générale, l’apparition de l’Internet a permis de constituer un réseau social plus ou moins appelé à agir dans le monde professionnel et qui a vocation à alimenter entre autres, la gestion des carrières professionnelles (coaching professionnel), la distribution et la visibilité artistique, et favoriser les contacts personnels, dans le monde arabe et les pays moins développés, par contre, la donne semble totalement différente. Internet a pris un autre chemin chez nous. La cible est différente et les objectifs aussi. La grande majorité parmi les internautes, pour le seul exemple de notre pays, est composée de jeunes et de moins jeunes. Autre particularité : chez cette même jeunesse friande d’Internet, l’on retrouve énormément de chômeurs de toutes catégories, les diplômés inclus.

La question de savoir quelle utilité mais surtout quel impact présente cet outil sur nos jeunes se pose aujourd’hui avec acuité. En outre, à défaut d’avoir une maitrise professionnelle de l’Internet, qui aurait permis de constituer une sécurité cybernétique adéquate, il est évident que notre jeunesse reste une cible potentielle pour les hackers et les professionnels avertis. Mieux, des États entiers constituent à leur tour une cible privilégiée. L’Internet est devenu, avec pour support les outils de messagerie de la téléphonie mobile, un puissant vecteur de changement social dont l’impact est assez important pour induire de manière assez directe des changements politiques.

Dans le monde arabe, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du sud, l’apparition de cet incroyable média a été d’abord subie, s’ensuit alors une explosion et un débordement tous azimuts. Les peuples de ces pays, longtemps sous le joug des dictatures, réalisent brusquement qu’à travers l’outil Internet, l’on peut communiquer et transmettre ce qu’on pense (forums et salons de chat), l’on peut véhiculer, librement, ses idées et, aussi, informer (presse électronique et blogs). Tout ça avec une liberté de ton jamais égalée. A telle enseigne qu’il est juste de dire qu’aucune démocratie au monde ne peut atteindre un tel degré de liberté.

Le cas tunisien, ensuite Égypte

Deux exemples, en effet, frappants. La réussite de la révolution du Jasmin a été et continue d’être conduite par Internet. Il ne s’est pas passé un jour sans que des groupes se retrouvent sur la toile pour communiquer, rassembler, et puis appeler à des manifestations. Une organisation minutieusement étudiée (plans d’action, lieu de manifestation, itinéraire etc). Des intellectuels, avocats et administrateurs conçoivent les revendications et les slogans sur les pages Facebook et autres. Pendant ce temps, un escadron de jeunes et moins jeunes se chargent de répandre les mots d’ordre. Mission : toucher la plus large frange de la société. Une mission bien réussie avant que les pouvoirs publics tunisiens et égyptiens ne comprennent l’étendue et l’ampleur de cet outil et décident de réagir. Quoique tardivement.

En Tunisie, l’administration de l’ex-Président Ben Ali a tout simplement procédé à la coupure générale de l’Internet. Moubarak, en Egypte, lui a aussitôt emboité le pas. Pendant une semaine durant, les Égyptiens ont été privés de l’Internet et de la téléphonie mobile. Hillary Clinton et Barack Obama se sont eux-mêmes prononcés contre cette censure. Bien avant, les mêmes requêtes ont été adressées au gouvernement chinois.

Mais, sous l’étendard de la liberté d’expression, les pays développés à leur tête les États-Unis, n’agissent-ils pas, au final, pour atteindre des fins bien plus occultes ?

Il faut savoir, qu’aujourd’hui la popularité et l’engouement des jeunes générations pour les réseaux sociaux sont devenus autant d’appareils d’exploitation pour des groupes d’intérêts à l’échelle planétaire. En Égypte et en Tunisie, et par extension dans toute la rue arabe, bien que les revendications démocratiques soient légitimes, la menace de récupération est réelle.

Le danger demeure aussi grand pour que ces aspirations populaires soient exploitées et mises à profit par d’autres parties agissant dans l’ombre en vue d’orienter les évènements suivant leurs intérêts. Les régimes despotiques et autoritaires, en l’absence d’une parfaite maitrise des réseaux sociaux, mais également par le musèlement de leurs sociétés, ne travailleraient au final que les intérêts de ces forces occultes.

Observateurs et experts sont partagés sur la question de savoir s’il est vrai que derrière les révolutions tunisienne et égyptienne, y a lieu d’évoquer une stratégie géopolitique visant au changement par le chaos. Oui selon les uns et simples signes d’une réelle ouverture démocratique dans des pays mal gérés par des monarques selon les autres. Il n’en demeure pas moins que des groupes à l’image de « Anonymous hackers » font bel et bien partie d’une stratégie bien calculée. Qui sont les Anonymous ? C’est un groupe de hackers qui promet de s’attaquer à toutes les formes de restrictions de la liberté d’expression et de l’injustice commises dans le monde. Ils se sont fait connaître en prenant la défense de WikiLeaks alors que Julian Assange était recherché par Interpol.

Dernièrement, en Tunisie, ce groupe a soutenu la révolution du Jasmin. Comment ? Le procédé était simple. Leurs cibles favorites sont les sites officiels du gouvernement qu’ils attaquent par piraterie et les bloquent des heures entières, voire des jours, forçant ainsi des départements ministériels à geler toute activité. En Égypte, pour montrer son soutien aux manifestants anti-Moubarak, ce même groupe a paralysé 24 heures durant bon nombre de sites gouvernementaux.

Mercredi dernier, plusieurs sites officiels du gouvernement égyptien sont tombés, sous le coup des attaques par « déni de service », c’est-à-dire en saturant les serveurs. Le groupe de hackers « Anonymous », qui avait déjà attaqué des sites anti-WikiLeaks, s’en est pris cette fois-ci à la façade officielle du pouvoir égyptien sur le net. Le ministère de l’Information et le Parti national démocrate au pouvoir ont fait partie des cibles, selon le New York Times. Un porte- parole des Anonymous a estimé qu’il s’agissait d’une opération de soutien aux manifestants contre le régime.

Karim Benamar

Quitter la version mobile