Selon une étude réalisée par l’union des banques maghrébines (UBM), la Tunisie dispose d’un point bancaire pour 9.530 habitants, le Maroc en a un pour 12.540 habitants alors qu’en Algérie on recense un point bancaire pour 25.000 habitants, la norme internationale étant un point pour 8.000 habitants. Concernant la densité de bancarisation, la même source relève que le Maroc arrive en tête avec 2.632 agences, soit 51% dans l’ensemble Maghrébin, suivi de l’Algérie (1.131 agences) et de la Tunisie (1.102).
L’effectif par guichet en Tunisie est de 16 contre 11 au Maroc, 22 en Mauritanie, 24 en Libye, tandis qu’en Algérie, celui-ci reste le plus élevé de la région, avec une moyenne de 28 agents, notant que « la taille des effectifs par guichet se répercute inévitablement sur les performances de la banque ». Cependant, selon l’étude, par rapport à la taille du marché, le réseau bancaire algérien reste le moins développé dans la région et celui qui couvre le moins la demande de services bancaires.
Pour ce qui est de l’octroi de crédits, il ressort de l’étude, que la Tunisie est en tête avec 96% des demandes, 68% pour le Maroc et de 53% pour l’Algérie, ce qui veut dire qu’une demande sur deux seulement est acceptée. En matière de positionnement sur le marché africain, on note que « le paysage bancaire maghrébin a beaucoup changé ces dix dernières années et (que) les banques à capitaux privés ou associant des partenaires étrangers prédominent avec un total de 50 sur 78 banques agréées ».Pour l’UBM, « l’évolution du système bancaire maghrébin est due essentiellement au cadre légal très incitatif mis en place en matière d’investissement dans le secteur bancaire et financier d’une part et à la taille du marché de la région et de ses besoins économiques d’autre part ».
Parmi les banques maghrébines classées, on répertorie 7 banques marocaines, 6 tunisiennes, 5 algériennes et 2 libyennes. La Banque Extérieure d’Algérie (BEA) qui occupe la première place, est talonnée d’assez près par le Crédit Populaire du Maroc (BCP), Attijariwafabank, la BMCE (Maroc) et la Banque Nationale d’Algérie (BNA).Les mêmes banques se trouvent en tête pour ce qui concerne la distribution des crédits :le Crédit Populaire du Maroc (11 milliards de dollars), Attijariwafabank (10,1 milliards de dollars) et la BEA d’Algérie (9,6 milliards de dollars).
Cinq banques se partagent les premières places en termes de PNB dans le Maghreb : Crédit Populaire du Maroc (16%), Attijariwafabank (14,5%), BMCE (10,5%), Banque Extérieure d’Algérie (9,2%) et Banque Nationale d’Algérie (7,3%). Les cinq établissements qui ont réalisé le meilleur ROE (Return On Equity en anglais ou taux de rentabilité financière des capitaux propres) sont : le Crédit Populaire d’Algérie (36%), le Crédit du Maroc (34,5%), la BMCI (30%), la SG du Maroc (21%) et la Banque Extérieure d’Algérie (19 %).
Au registre de la monétique, la carte bancaire connaît un développement très significatif dans la région; Les pays qui sont les plus en avance sont le Maroc (59% du total des cartes émises, soit 2,07 millions) et la Tunisie (1,1 million, soit 31%).Pour l’Algérie, la monétique commence à se développer avec 273.000 unités et ne fait que démarrer en Libye et en Mauritanie. Les banques leaders dans le domaine de la monétique sont la Banque Centrale Populaire, la BMCE et Attijariwafa Bank au Maroc, la BIAT et la Banque de l’Habitat en Tunisie, le Crédit Populaire d’Algérie et la Société Générale en Algérie.
En matière de positionnement sur le marché mondial, le niveau de bancarisation est globalement fonction du niveau de développement économique. Plus un pays est développé, plus son niveau de bancarisation est élevé et inversement. Ainsi la France, l’Allemagne et les Etats-Unis par exemple, sont à des taux de bancarisation de plus de 90% tandis que le Yémen, la Centrafrique et le Niger ont des taux inférieurs qui tournent autour de 10%. Cependant, en dépit d’une situation économique peu favorable, des pays comme la Tunisie, le Maroc, la Zambie et le Kenya présentent des niveaux de bancarisation relativement élevés, précise une étude de comparaison des niveaux de bancarisation dans le monde. La différenciation de l’offre de services et de produits va aussi de pair avec cet accroissement, ce qui élargira la base de clientèle et améliorera par conséquent la rentabilité des banques. Signalons enfin, que l’apport des TIC pourrait augmenter de façon significative le niveau de bancarisation à une frange non négligeable des populations du Maghreb.
Dalila Berass-Brahmi