Les problèmes d’ordre sexuels dans notre société algérienne sont tellement complexes, qu’il serait simpliste et dérisoire de voir les choses de façon superficielle.
La question des tabous continue de nous enfermer dans une spirale infinie de problèmes multidimensionnels, avec des ramifications diverses et des conséquences désastreuses.
Avant de pointer du doigt ou de condamner les fléaux et certains comportements, il serait, à mon avis, plus judicieux ou plus sage de se pencher sur le pourquoi du comment et essayer de faire une rétrospective historique, afin de déceler l’origine du mal.
Contrairement à l’occident par exemple, où les mœurs et les habitudes paraissent plutôt libérales, cela a un rapport avec les droits de la personne, lesquels ont sérieusement été pris en considération.
Ce sont des pays où l’on peut aborder le sexe et tout ce qui l’entoure sans gêne, sauf dans certains pays conservateurs comme les USA par exemple et où le phénomène de la virginité et de chasteté sont très présents, notamment chez les jeunes filles qui s’abstiennent sexuellement et conservent leur virginité jusqu’au mariage, et cette pratique est toujours d’actualité jusqu’à nos jours. Et pourtant cela n’a aucun lien avec la coutume Musulmane.
Chez nous, les trois religions monothéistes ont cohabité ou se sont plutôt intercalées l’une sur l’autre à travers des siècles, et différemment des autres pays cités ci-dessus, l’Islam s’est implanté de façon supplémentaire et s’est généralisé. Par contre en Occident, l’Islam n’est pas venu se greffer au Christianisme, où l’autorité de l’église a été totalement remise en question.
Cela me parait comme étant un facteur stimulant à la question de chasteté déjà présente auparavant, comme ayant un lien avec la pureté, la préservation de la culture et de la race, etc.
Il faut juste se pencher sur certains des comportements de nos grands mères pour comprendre. Elles avaient parfois des gestes bizarres et souvent inexpliqués, qui sont en réalité véhiculés de façon presque inconsciente, tel que embrasser le pain ensuite le porter à son front, faire avec le couteau sur une baguette le geste de la croix, lequel a un rapport avec le pain béni, ou sacré (chrétien) ou claquer des doigts lors du emmaillotement d’un bébé.
Nos grands mamans prétextaient que cela a un rapport avec le mauvais œil, sans oublier le geste qui consiste à lever la main jusqu’aux épaules pour faire mine de jurer, etc.
Inconsciemment, les gens véhiculent donc des traditions venant de temps lointains, et souvent liées aux trois religions: Judaïque, Chrétienne, et pour couronner le tout, chez nous, l’islam est en quelques sortes l’épilogue, sans oublier bien sûr certaines habitudes païennes, restées dans nos coutumes.
Le problème des tabous existe en réalité dans beaucoup de choses, et non seulement dans le domaine sexuel, comme le fait qu’il existe chez nous quelques Chrétiens, bien qu’ils soient minoritaires ils cachent leur confession et ne la vivent pas au grand jour de peur d’être persécutés, surtout avec la violence des événements et de la décennie rouge et noire que nous avons vécues ces dernières années malheureusement.
D’où, justement l’histoire de la virginité sacrée, laquelle a plutôt un rapport avec la chasteté au départ, qui est devenue par la suite une question purement et exclusivement sexuelle.
Actuellement, nous constatons que la vie évolue dans plusieurs domaines, mais en ce qui concerne les mentalités il existe encore des contradictions, et surtout des non-dits, des comportements cachés et très violents en même temps.
Il faut savoir, que la plus part de nos parents ont étés mariés de force et très jeunes, donc, il sont vécu la frustration de ne pas avoir profité de la présence et de l’amour de leurs parents. Ils ont été privé d’amour et de tendresse de façon assez précoce, et n’ont pas eu surtout la chance de se choisir mutuellement, de s’aimer et de découvrir les charmes, les joies et la beauté de la séduction et de l’amour. Beaucoup de femmes, entre autres ma mère, ont vécu leur mariage comme un VIOL.
Sans compter le climat de violence de la guerre qu’elles ont connu, elles n’ont pas été suffisamment formées ou aimées ou éduquées dans une ambiance pétrie d’amour et de tendresse, pour nous le transmettre, nous leur enfants, par la suite: ces ingrédients et ces éléments indispensables, qui favorisent l’épanouissement et la bonne croissance de l’être humain.
Ces bisous et ces caresses, qui nous auraient que renforcés de l’intérieur, comme une plante que l’on met dans la lumière et l’eau naturelle qui lui permette de s’épanouir et de grandir dans des conditions NORMALES.
Il ne faut pas aussi perdre de vue, le fait qu’elles étaient presque dans l’obligation de faire un maximum d’enfants, et par conséquent, elles étaient dépassé pour notre éducation, et assurer à chacun des enfants sa chambre, sa place, le manque d’espace étant la raison. Ce manque d’espace qui souvent était la cause favorisant l’exclusion et le laisser aller.
Actuellement, avant de penser à acquérir un logement, la raison exige à ce que chaque enfant puisse avoir un minimum d’espace personnel.
Les enfants algériens n’ont pas connu beaucoup de violence et sont victime de l’incompréhension des adultes, sauf ceux qui ont été entourés par la grand-mère, laquelle représente un réservoir d’affection, surtout envers la 3è génération.
Je me rappelle, lorsque j’étais toute petite, ma mère n’a pas cessé de me parler de sexe en m’avertissant de ne pas faire ci ou de ne pas faire ça, au point où j’en étais presque traumatisée. Je ne comprenais pas pourquoi insistait-elle sur le fait qu’il fallait que je m’assoye correctement en fermant tout le temps mes jambes, alors que je jouais encore à la poupée.
A tel point où cela devenait presque obsessionnel. Mon frère, en revanche, avait le droit d’aller en colonie de vacance, mais moi non; mon frère avait le droit d’aller partout, mais pas moi; j’ai vécu une injustice terrible, sans rien comprendre. Chut, il ne fallait pas poser de questions, il fallait subir et ne rien dire.
Les jeunes hélas, grandissent avec ce CHUT, CHUT récurrent: il ne faut pas dire, il ne faut pas faire, mais sans expliquer pourquoi. Nous avons presque l’esprit voilé, la persécution mentale, la frustration; nous ignorons tout sur nous même, sur notre corps. Il y a même une fille qui s’est enfermée dans les WC, en pleurant durant toute, car elle avait trouvé des gouttes de sang dans son slip, et elle fut choquée. Car elle ignorait totalement que les règles allaientt venir et que cette phase menstruelle n’avait rien de MONSTRUEUX, et que c’était une belle chose qui prouvait quelle est devenue une charmante jeune femme, ni plus ni moins.
Quant au sexe opposé, les homes donc, alors là c’est comme s’il s’agissait d’un animal ou d’un fantôme, pour ne pas dire un diable, au point ou parfois on nous fait croire que le garçon est le méchant loup, le prédateur, bref, le mieux est d’éviter de s’en approcher.
Les garçons ne connaissent pas les filles, et les filles non plus ne connaissent pas les garçons, surtout après un certain age (à partir de l’adolescence)
Et lorsqu’il arrive que ces deux derniers s’approchent au lycée ou dans la vie, et parviennent à s’aimer, c’ est la où l’aventure commence: les petits chagrins d’amour, les joies et les peines, les bobo au cœur; ils découvrent finalement ce mal qui fait du bien et ce bien qui fait du mal, et qui est tout simplement l’AMOUR.
Ils découvrent en fait, que tout ce que leurs parents disaient, n’était que mensonges, et se sentent en quelques sortes trahis et les frontières commencent alors à tomber..
Il n’ y a pas mieux que de toucher au feu pour comprendre, l’expérience est souvent riche, mais par ailleurs, pleine de risques.
Les jeunes ne sont pas éduqués sexuellement ni préparés; ils sont gauches, ne savent pas s’y prendre, ils miment le cinéma ou les films Alors les pérégrinations commencent, les rapports cachés deviennent dans la plus part des cas douteux, entachés de mensonges, bizarres, troubles avec des risques périlleux et même fatals. Et ceci pour la simple raison, que ces jeunes ne sont pas renseignés ni à la maison, ni à l’école, et encore moins à travers les médias.
Ils osent à peine en parler entre camarades, ou amis (es) et encore, il faut que les groupes soient du même sexe.
La sexualité devient alors complètement débridée, les cas d’inceste font ravages, les avortements secrets deviennent monnaie courante et s’effectuent dans la clandestinité totale, et les orphelins jetés ça et là dans les sachets de poubelles, dans les parcs, les décharges publiques. Les anecdotes ne manquent pas, il suffit juste d’aller rendre visite aux orphelinats, poser des questions sur les enfants et vous entendrez des histoires, de quoi vous donner le vertige: les abus, les abandons, la pédophilie, etc.
La situation est dramatique, alarmante chez nous, les autorités ou les organismes sociaux censés offrir des moyens et outiller ces jeunes ainsi que les parents, à travers des associations, sont inexistantes.
Ne serait ce que promouvoir une une émission TV ou radiophonique, pour empêcher les dégâts. des émissions de sensibilisations et d’informations où les jeunes pourrons s’exprimer en toute liberté avec des spécialistes, sur tous les sujets, qu’ils soient d’ordre sexuels ou autres, et se sentir ainsi considérés, valorisée et acteurs au lieu d’être traités comme des figurants transparents qui amusent les discours et les campagnes électorales de nos politicards.
Rien n’est développé à l’endroit des jeunes, c’est le désert total; on ose à peine parler du préservatif. A ce propos, je me rappelle un jour, un ami à moi avait été sollicité par le ministère de la santé et de la jeunesse, pour concevoir une affiche sur la prévention sur le SIDA. Les institutions concernées avait refusé son illustration et son projet fut rejeté, juste parce que la photo représentait un couple qui s’enlaçait, tellement que nos dirigeants sont coincés, alors qu’ils ont des maitresses et plusieurs logements pour les recevoir. Ah, quand l’hypocrisie nous tient !
Le seul qui avait osé,= briser ces tabous et bousculer les mentalités, sur la chaine 3, c’ était bien Mr Salim Saadoune, qui animait une émission où tous les sujets étaient traités que ce soit la virginité, la contraception, les rapports non protégés, et cela sans pour autant traiter la masturbation et autres, l’infidélité et encore; il ramenait un imam sur le plateau pour fermer la gueule à certains râleurs à l’esprit étroit.
Et pourtant en religion, il est dit : « la hayaa fi eddine », qui veut dire, que toutes les questions sont permises, y compris celles qui sont liées au sexe, car a défaut d’envoyer des bouts de papiers à des imams par les femmes, les gens auraient pu poser leurs questions directement dans une émission, via courrier ou téléphone, et le problème serait réglé pour tout le monde.
Il y a des sujets qui ont été souvent traités dans des TV Arabes telle que MBC, où même la masturbation féminine a été traitée avec des femmes voilée qui ont témoignés à visage couvert, mais on voyait leur silhouette. Alors que chez nous, c’est l’omerta, et à l’heure où le SIDA fait des ravages, surtout dans le sud Algérien comme à Tamanrasset à cause de la proximité avec l’Afrique sub-saharienne. La question sexuelle reste encore tabou, et je me demande comment font les jeunes, si ce n’est internet qui représente une bouffée d’oxygène pour eux. Ce qui m avait choquée, je me rappelle, à Alger, c’est de voir autant de jeunes dans les cybers qui sont branché exclusivement sexe.
Tellement qu’ils sont frustrés et assoiffés à cause la situation et les mauvaises mœurs qui ont conduit surtout les jeunes filles à la méfiance totale et aàla double vigilances, forcées de se voiler pour ne pas être la proie de ceux qui les traitent comme du bétail.
Il existe même des jeunes filles, qui se déplacent jusqu’en Tunisie, dans le but de s’offrir une opération chirurgicale pour restaurer leur hymen, qu’elles ont perdu lors d’une relation extra-conjugale.
Sans compter les filles, qui se trouvent photographiées ou filmées par des personnes malsaines, et ce sont souvent des filles naïves qui viennent des douars perdus pour poursuivre leurs études à l’université dans les grandes villes. Parfois, elles tombent malheureusement dans des formes de guet-apens, prises en otage par des types louches, qui viennent les séduire comme dans les histoires romantiques des films Égyptiens qu’elles admirent.
Apparemment, il y a même des types qui se présentent pour demander la main d’une fille, accompagnés dune pauvre mémé qu’ils trouvent parfois dehors, qu’ils habillent,et payent, ensuite ils achètent une boîte de gâteaux et des fleurs,et se rendent chez aux domiciles des filles, pour les demander en mariage, alors qu’ils s »agit en vérité de macro.
Il y a beaucoup d’histoires comme ça, complètement hallucinantes, heureusement qu’il existe certains orphelinats qui acceptent de garder le bébé venant d’un couple qui s’aiment réellement, et qui ont fait ça accidentellement, tout en décidant de garder et d’assumer leur enfant, une fois marié.
Heureusement, qu’il existe aussi certains gynécologues qui acceptent d’aider des filles en détresse, mais cela se fait malheureusement dans la clandestinité la plus totale, dans des conditions d’hygiène qui ne sont pas sans conséquences, que ce soit pour la femme ou pour l’enfant. Il y a celle qui deviennent stérile à vie, comme fut le cas de la chanteuse Dalida.
Il y a des jeunes fille, qui ont recours à l’eau de javel, aux comprimés et au vinaigre; et tout ce cocktail fait que, parfois, cela ne marche pas et les bébés naissent handicapés. Sans compter les jeunes filles, qui tellement perdent espoir finissent pas se donner la mort. Et le cauchemar continue.
Legnawia, une femme algérienne