Lettre au Ministre de la sans sur

Redaction

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Bonjour Monsieur le ministre, comment allez vous ce matin ? J’espère seulement que ce dimanche vous n’êtes pas en week end! Car paraît-il, en Algérie c’est le premier jour de la semaine, le prime time quoi ! Ce n’est pas important de toute façon de savoir qui travaille quand en Algérie. Je souhaite aussi que vous n’ayez pas eu à corrompre un gendarme pour récupérer votre permis, ni à payer 200 DA pour retirer votre extrait de naissance, ni à déclarer chez votre notaire un loyer de 300 DA alors que vous en payez 35 000 pour pouvoir accéder à un logement plus ou moins décent. J’espère surtout que vous êtes en vie ni en taule, vu tout ce qui se passe en haut chez vous, je vous avoue que j’ai peur de vous perdre avant de vous avoir parlé. Wow! J’ai peur, on n’est plus en sécurité et nulle part dans ce pays. On a même assassiné celui qui était censé me protéger.

Paraît-il, ils ont joué aux cow-boys et ils ont assassiné mon chef de la police. J’espère aussi et tellement, que toutes ces choses irritantes et des fois même empoisonnantes qui m’arrivent à moi, car je fais partie du peuple, ne vous arrivent pas à vous, que j’ai décidé de vous écrire plus tard une autre lettre de pleins pleins de bons souhaits. Pour le moment, je vais faire comme si vous étiez là, car non seulement cela urge pour mes copains et copines de Focus mais en plus je m’adapte Monsieur le ministre!

À force de me dire que rien n’est important, j’ai décidé que j’allais vous écrire et que ce n’était pas important que vous soyez en week-end, en taule ou six pieds sous terre. Je compte sur la baraka, puisque tout le monde me dit que c’est l’explication logique en Algérie et que c’est comme cela que ça marche.

J’ai vraiment besoin de vous, ce matin au nom de la baraka et de tout ce qui pourrait vous faire plaisir. Quand j’ai lu que vous auriez interdit à un entrepreneur d’afficher le logo d’Algérie Focus durant son événement, j’ai sauté de joie. Attendez, attendez, je ne suis pas maso, je vous explique. Je me suis dit que vous ou quelqu’un qui travaille pour vous lisait ce journal.

C’est génial, cela veut dire qu’une veille politico-stratégique a lieu. Première bonne nouvelle ! Depuis que j’ai découvert, ce vigoureux journal, en lisant tous les commentaires de ces lecteurs ainsi que tout ce contenu intellectuel et réaliste, et voyant que jamais quelqu’un de votre entourage n’avait réagi par une petite réponse, je me disais que ce journal était votre dernier souci. Mes excuses du dimanche, Monsieur le ministre, je vous ai incriminé pour rien. Vous lisez donc ! C’est ben le fun !

Je récapitule donc ! Je vous ai mal jugé, je réalise que je me suis trompée et je m’en excuse. Maintenant, si la bonne nouvelle est que vous veillez au grain à travers des veilles, la mauvaise nouvelle est votre interprétation de l’information récoltée à travers cette veille. Pourquoi censurer ? À votre place, il me semble que j’aurais laissé, et même encouragé, de toute façon, que fait ce journal. Même s’il y a parfois des commentaires anti- gouvernementaux, (je crois que c’est normal car comme dirait feu papa, il se passe des choses au sein du gouvernement algérien et du pays que même le hmar yhazz kaaltou (l’âne lèverait sa queue en signe de désaccord)), vous continuez à bien dormir chaque soir. Les internautes sur ce site vous démontrent bien qu’ils ont baissé les bras et que leurs attentes vis-à-vis du gouvernement sont quasi nulles. Alors, réjouissez-vous, mais là il ne faut pas ambitionner, monsieur le ministre! Au Québec, on dit pousses mais pousses égal ! En censurant, vous poussez inégalement, Monsieur le ministre ! Il y a quand même une différence au niveau du respect de l’individu, =entre lui dire causes toujours qui veut dire tu es dans le tort, ou fermes ta gueule tu n’as pas le droit à la parole! qui veut tout simplement dire “I am the boss and it’s my way or the high way” en arabe “ballaa foumek, Ana rabha!”

Alors, organisons notre échange, si vous le permettez. Faisons une petite mise en contexte : Nous sommes en 2010, nous sortons de dix années de terrorisme, nous nous sommes réconciliés en tant que nation. Maintenant, et si j’ai bien compris nous voulons bâtir. La bonne nouvelle, Monsieur le ministre est que nous sommes d’accord avec vous sur l’objectif ultime, enfin j’ose présumer qu’en tant que ministre c’est ça que vous voulez ! Non ? Je crois que malheureusement, le « comment » est à discuter, en tout cas en ce qui me concerne. Si nous voulons avancer, Algérie Focus et beaucoup d’autres médias seraient un levier extraordinaire pour aider. Avez vous vu la qualité des articles, avez-vous vu la quantité d’informations que vous pouvez aller chercher en tant que dirigeant ?

Algérie Focus vous offre sur un plateau d’argent, un indicateur inestimable de votre performance en tant que gouvernement. Vous pouvez choisir de le lire, le comprendre et réagir en pensant au long terme et vous pouvez choisir de le lire et de censurer en pensant au juste petit court terme.

Monsieur le ministre, en 2010, les algériens, ne serait-ce que par évolution naturelle, sont devenus plus exigeants. Ils attendent de vous d’être à la hauteur de ce poste clef que vous détenez au sein de ce merveilleux pays.

Monsieur le ministre il y a contrôler et être en contrôle. Contrôler est un comportement d’abus de pouvoir qui vise à empêcher de s’exprimer ceux qu’on veut abuser, être en contrôle vise à assumer un poste de responsabilité en veillant à protéger et rendre plus épanouis et heureux les gens dont nous sommes responsables tout en veillant à la bonne marche de notre fonction. Et puis, tous bas, Monsieur le ministre, entre vous et moi, qu’allez vous pouvoir censurer, qu’allez vous pouvoir contrôler ? C’est terminé, c’est hors de votre contrôle, la parabole, la toile du cyber, les avions, ous ces étrangers (libres de s’exprimer) qui débarquent au pays, enfin la mondialisation ne vont plus tarder à ridiculiser vos moyens de contrôle avant d’en venir à bout.

En 2010, et comme vous devez le savoir mieux que moi, il n’y a plus grand peuple qui accepte de se laisser abuser. Que faîtes vous avec cela ? Êtes-vous conscients de la chose ? Êtes-vous prêts à regarder les choses en face et vous réajuster avec réalisme ou préférez-vous vous voiler la face en pensant que d’ici que les choses changent vous seriez parti avec des poches bien remplies ? Si c’est le cas, what a shame !

Monsieur le ministre, si vous êtes en contrôle de votre fonction et de vos comportements en tant que représentant d’un peuple pour une certaine fonction et que vous vous êtes senti lésé par Algérie Focus, vous avez le droit de ramasser vos preuves et d’ester ce journal en justice qui tranchera mais vous n’avez pas le droit d’étouffer ce journal, juste par votre position de pouvoir, qui répétons le bien, est assez éphémère !

Monsieur le ministre, Algérie Focus, ne m’ont rien dit. Mais bon, ma petite tête a fait le rapport entre le fait que vous ayez censuré ce journal pour cet événement et le fait qu’ils soient à bout de souffle. J’ai fait, un plus un égal deux, et le rapport dans ma tête a surgi. Ils devaient compter beaucoup sur cette rentrée d’argent. Je crois même que la survie du journal en dépendait. SVP, Monsieur le ministre, va falloir arrêter ce genre de comportements. Vous faîtes mal à plusieurs personnes alors que vous avez la possibilité de les avoir sur votre bord !

Mes respects Monsieur le ministre !

Nacera kherbouche, MBA

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