Lettre aux politiciens algériens

Redaction

Par Kamel Bourenane

Mesdames et Messieurs les politiciens,

Il est peut être inutile de vous rappeler  l’indignation, la tristesse et la peur des Algériennes et des Algériens de l’irresponsabilité dont vous faites preuve en tout lieu, en tout temps et en toutes actions, ainsi que du rôle de générateur du chaos et de la confusion dans lequel vous excellez et qui menacent sérieusement notre pays tout entier. Ce qui est certainement utile cependant, c’est d’essayer de comprendre l’origine et les fondements de ce que les Algériens qualifient pudiquement de « la mafia politico-financière »,  dont vous êtes les exécutants raffinés, afin de pouvoir démystifier ces faiseurs de rois, de fortunes, de carrières, avec droit de vie et de mort sur 40 millions d’Algériens.

De l’avis de plusieurs études sérieuses et d’experts de renoms,  les difficultés de l’Algérie d’aujourd’hui ne sont pas le résultat d’options politiques ou idéologiques mais de l’incompétence et ses conséquences désastreuses de ceux qui font de la politique dans leur majorité.

Ce diagnostic sévère correspond bien à la réalité de l’Algérie d’aujourd’hui  et les différents événements politiques vécus, depuis 1990,  en Algérie,  masquent mal en réalité l’ampleur du déficit de compétence flagrant de la classe politique algérienne.

À l’exception du FFS et de quelques politiciens indépendants ou structurés, qui  incarnent une crédibilité certaine par leur autonomie d’action, leur discipline, leur savoir-faire politique et leur savoir-être responsables, respectables, et respectueux, il faut bien se l’avouer, les autres partis politiques et politiciens actifs, qu’ils soient au pouvoir ou dans ce que certains journaux appellent « opposition », sont animés par un militantisme affairiste et spéculateur, dont il est facile de réaliser l’étendue nuisible de leurs actions.

Ces soi-disant militants, pour ne pas dire ces ripoux à cravates  prônent le changement, en misant sur des réformes éloignées de la réalité du terrain, en ayant pour seul et unique objectif  l’escroquerie courtoise qui  prend des proportions inquiétantes et menaçantes de toute la nation. Ces adeptes de la  politique affairiste et de spéculation n’ont aucun  respect pour le peuple et aux institutions du pays qu’ils parasitent. En effet, ces politiciens n’ont pas une analyse objective des problèmes de la société, moins encore de vision claire et objective de la réalité ou d’alternatives viables à offrir.

C’est ce qui fait que la politique, chez nous, est justement ce qu’il y a de moins adapté aux préoccupations  nationales ou  régionales; d’où  le désintérêt total, voire même la méfiance du citoyen à l’égard du politique, car, concrètement, le peuple s’intéresse à la politique quand la politique s’intéresse à lui.

Il est important de vous rappeler, Mesdames et Messieurs les politiciens, que semer des troubles,  la confusion et l’incivisme est une facilité alors que la modération est une discipline. Il est facile d’exagérer mais bien plus difficile pour beaucoup d’entre vous de dégager une voie moyenne, de débattre, d’écouter, d’échanger, d’exposer, d’explorer, de trouver les compromis  nécessaires, d’organiser et bâtir ce qu’on appelle « l’idéal démocratique ».

Permettez-moi, Mesdames et Messieurs les politiciens, de vous préciser que l’Algérie d’aujourd’hui a besoin de militants politiciens qui comprennent que le rôle de la politique est de proposer un avenir et de le permettre, c’est-à-dire,  avoir une vision et agir pour qu’elle se réalise. Il ne s’agit pas d’agir pour agir, car c’est de l’agitation. Il s’agit d’agir dans l’action, c’est pour avoir une vision à respecter.

Il s’agit, en outre, d’admettre et de considérer que la politique est l’art du compromis par exigence ou par nécessité, qui est habituellement le résultat d’un dialogue ouvert et sincère et non de compromission. Le compromis fructueux  est le moyen par excellence de viser et de favoriser le bien commun.

Il est évident que vous, politiciens, n’avez jamais répondu aux besoins du peuple pour avoir été toujours au service des forces occultes, que les Algériens appellent communément les clans, vous n’êtes pas prêts à abandonner les privilèges indus et exorbitants dont vous bénéficiez. Mais cela est une grande erreur car la nécessité de changements profonds ne peut plus être entravée ou ralentie. Ce changement se fera avec ou sans vous, Mesdames et Messieurs les politiciens. La résistance prévisible à ce processus de changement et sa durée dépendront de vos réactions (passives, actives, pacifiques ou féroces), vous politiciens, comme actuels privilégiés à outrance de ce vieux système. Plus tôt vous, politiciens, comprendrez que rien ne peut être fait pour éviter ce changement, mieux ce sera car il s’agit d’un impératif qui ne peut être repoussé à plus tard.

Il est temps, en outre, que vous compreniez que rien n’est stationnaire, tout est en constante évolution et rien ne peut subsister pour toujours. La démocratie n’est pas un état stable et permanent, l’économie ou la dictature encore moins.

Comme alternative à votre égoïsme chaotique, les Algériennes et les Algériens, dans la diversité de leurs convictions et de leurs appartenances, attendent des gestionnaires intègres dignes de ce nom pour faire de l’Algérie un pays émergent et des visionnaires pour la faire entrer dans le XXIe siècle.

En clair, avec vous ou sans vous, le peuple algérien, saura prendre des engagements fermes et sans équivoque pour une Algérie démocratique, moderne, exigeante, équitable, inclusive, juste, ouverte, citoyenne, critique, créative, consciente, compétente et fière.