L’indiscipline et la violence scolaire, ces maux de l’école algérienne…

Redaction

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Avec l’indiscipline comme prémices, la violence scolaire récurrente qui résulte d’un certain nombre de facteurs, prend une ampleur inquiétante  dans notre système éducatif. Selon plusieurs auteurs en sciences de l’éducation, la discipline est un ensemble de règles nécessaires à la cohésion de la société et sans discipline, on ne peut parler d’éducation. Pour E. Prairat, la discipline  est  « un dispositif et des règles de conduite en vue de garantir les activités dans un lieu d’enseignement » et permet à l’élève d’entrer dans une culture de la responsabilité, de comprendre que nos actes sont suivis d’effets, et que nous devons apprendre à en répondre.

Parmi les manifestations de l’indiscipline, nous pouvons citer les retards, les absences, les bavardages et le brouhaha qui en découle, les agitations, les turbulences tels les jets de projectiles aussi inoffensifs soient-ils, à l’intérieur ou aux abords des  structures  éducatives, le manque de soins apportés  aux biens publics de la structure de formation, si nous excluons la dégradation volontaire des biens comme les équipements, les locaux , le mobilier ou le véhicule de l’ enseignant, ces derniers actes relevant de  la violence qui relève à son tour de considérations pénales. Le désintérêt perceptible pour les études, la contestation injustifiée, l’insolence, le défi, la provocation volontaire ou (et)  irréfléchie qui se manifeste par exemple par la sonnerie d’un téléphone portable en salle de cours, en dépit des règles énoncées,  constituent des formes d’indiscipline.

Le déroulement de toute activité passe par une bonne organisation où chaque paramètre se gère, et l’organisation est une question d’ordre. Demandant réflexion et concentration, l’activité éducative accuse les contre coups d’une désorganisation due à l’indiscipline. Les pertes de temps occasionnées sont irrécupérables. D’autre part, de l’indiscipline à la violence aussi verbale soit elle, il n’y a qu’un tout petit pas.

Alors pourquoi nos apprenants sont démotivés, flânent, rêvassent, chahutent, sont subversifs ? Les causes, chacune avec son poids, sont difficiles à hiérarchiser. La surcharge des classes, dont la solution ne peut se régler à court terme, y est pour une large part. La personnalité de l’enseignant, si on exclut ses aptitudes pédagogiques et scientifiques,   joue également un rôle. Qu’ il soit autoritaire ou permissif, plus qu’il n’en faut, le résultat est négatif quant au bon déroulement d’un cours. Il s’agit donc de tenir le juste milieu. Le manque de discipline peut également provenir du volume horaire mal agencé et chargé, des  méthodes pédagogiques inadéquates ou non maîtrisées  ou encore du  contenu  des programmes. Par ailleurs, la non implication ou la  permissivité de certains parents dans le suivi régulier de leurs enfants contribue souvent au relâchement de l’élève. Il faut également mentionner que la nouvelle méthodologie d’enseignement appliquées telles celle dite Approche Par Compétences  est non seulement maîtrisée par une infime partie des enseignants, mais est également sujette à de multiples résistances. En plus, de telles méthodologies ne permettent pas, même aux parents instruits de suivre, et encore moins d’assister leurs enfants.

Quant aux raisons de démotivation de l’élève, nous citerons une mauvaise orientation, un enseignant manquant d’expérience ou d’assurance, le milieu familial de l’élève…  Soulignons également, que l’indiscipline et le manque de civisme observés par les enfants  dans la société des adultes contredit les discours et les cours dispensés à l’école. Car le système éducatif interagit forcément avec cet environnement éprouvé et éprouvant. Un seul exemple : comment la petite tête d’un enfant peut-t-elle donner un sens aux cours d’éducation civique, à l’ordre, à la discipline, aux rangs nécessaires dans la cour  de l’école, lorsque parallèlement , les yeux de cet enfant mémorisent  une pagaille due à l’absence d’une chaine organisée, pour ne pas dire une chaine tout court, par des adultes, dans un service public  ou privé. Par ailleurs, l’émiettement des valeurs dont la dévalorisation sociale de l’enseignant, la perte des repères, la crise socio-économique constituent autant de facteurs supplémentaires secouant la société et n’épargnant évidemment pas, le système éducatif qui ne vit pas en vase clos. La problématique de l’indiscipline nécessite donc une approche globale, tout en « décortiquant »  les éléments en interaction. Il n’est donc pas toujours évident de mettre en œuvre la solution correspondante à certaines causes d’indiscipline.

Soulignons aussi, que l’école n ‘ est pas une garderie où l’on se débarrasse de ses rejetons. Sans la franche collaboration des parents, le personnel éducatif est incapable d’assumer toutes les défaillances. Inutile de chercher un bouc émissaire : l’éducation de l’enfant s’enracine dans la cellule familiale, pour se poursuivre ensuite au niveau éducatif et social. Victor Hugo disait : «L’éducation, c’est la famille qui la donne ; l’instruction, c’est l’État qui la doit. » De même, la discipline est une question familiale, scolaire et publique.

Concernant  le système éducatif, et avec un projet de société clair, moderne, ambitieux, il est alors temps d’approfondir les réformes, en se penchant sur l’agencement du volume horaire,  les méthodes pédagogiques, le contenu et l’allègement des programmes , mais aussi la formation des formateurs. En outre, l’obtention d’un diplôme ne suffit pas pour exercer une activité donnée. La gestion de la salle de cours nécessite des compétences scientifiques, didactiques, communicationnelles et relationnelles, à maintenir,  à nourrir et à  réactualiser en permanence, dans le cadre d’une formation continue, multiforme, encouragée et sanctionnée par des évaluations.

En guise de conclusion, il est temps d’envisager des réformes en profondeur. Attitude réfractaire des apprenants, la violence qui est   inconciliable avec l’éducation, représente un signal que nous pouvons considérer comme positif, dans la mesure où il  interpelle les pouvoirs publics, les intellectuels, les chercheurs, la famille éducative et la société dans son ensemble, pour d’inéluctables changements. Car l’éducation sculpte la citoyenneté. Éliminer sinon circonscrire  les conflits, en tenant compte de tous les paramètres, fera que l’apprentissage et l’enseignement ne soient pas une corvée, mais un plaisir, comme l’indique si bien l’étymologie du mot école qui vient du latin schola, et signifie « loisir consacré à l’étude ».

Tribune libre de Rachid Brahmi

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