La volonté affichée de lutter contre la corruption, ainsi que les campagnes aussi épisodiques que féroces de ce qui est appelé lutte contre la corruption, n’ont aucune chance d’aboutir à un résultat positif dans la lutte contre un phénomène qui est justement inscrit dans les gènes des systèmes qui se prévalent de ce genre de volonté et qui essaient de le démontrer par ce genre de campagnes.
Curieusement, ce genre de profession de foi est presque exclusivement l’apanage, des pays dont le système de gouvernance est lui-même une forme de corruption de l’ordre normal des choses, avec des satisfécits parcimonieusement attribués par les pays développés qui sont à la genèse de ces formes dévoyées de gouvernance et de la corruption qui s’en suit.
De ce fait nous assistons en ce moment à un énième remake, des opérations Mani pullite, initiées à grand renfort de publicité contre les gestionnaires du circuit économique en priorité, elle-même étayée sur une affichage ostentatoire d’une volonté de lutter contre une corruption que personne ne veut définir concrètement, ni moralement, se contentant d’une définition juridique incomplète à dessein et la cernant dans le seul volet économique, qui s’il est la cible privilégiée de toutes les prédations, n’en est pas pour autant ni le seul secteur touché, ni encore moins le générateur du phénomène dont il ne constitue que l’Aval, l’amont étant la racine même du système qui ne peut générer que la corruption sous toute ses formes.
Que couvre le vocable corruption en latin, en arabe et en berbère ?
La moindre des choses avant de s’atteler à dénoncer un phénomène, est de le définir correctement dans les langues usitées du pays, tel que sont censés l’avoir compris ses concepteurs et tel que doivent probablement le comprendre ses récipiendaires en l’occurrence la société ; ceci au lieu de le cerner dans un seul segment impropre étymologiquement s’il est pris comme définition globale, en l’occurrence le fait de payer ou de faire payer un service indus, au détriment des vrais ayants droits, qui tout en étant une forme de corruption, n’est que la résultante d’une autre forme de corruption génératrice de toutes les autres formes : Le Mensonge.
Le vocable corruption et son équivalent arabe Fassad, ainsi que la forme Berbère Ourkou, désignent tous la même chose, en l’occurrence la pourriture générée par l’intervention d’éléments exogènes aptes à pourrir un objet qui peut être physique, comme une matière organique ou même minérale, c’est pour cela qu’on parle de métaux incorruptibles, et qui peut être morale ou philosophique, comme les mœurs communément admises dans une société, ou bien la situation générale de ladite société par un renversement de l’échelle de valeurs, les atteintes aux biens collectifs ou individuels, les atteintes aux libertés collectives et individuelles, ainsi que toute atteinte au droit des gens, par tous les moyens physiques, moraux, ou même législatifs et sous couvert juridique.
Dans ce large ensemble vous pouvez intégrer toutes sortes de malversations, agressions et autres atteintes au bien être collectif, que vous voulez, et ceci quel que soit le nombre, le statut et l’origine des auteurs de cet acte, ainsi que la cadre et justifications dans lequel s’inscrivent lesdits actes.
Si en français le qualificatif de corrompu s’est lui-même corrompu avec le temps, se limitant ainsi à l’auteur d’un acte de perception d’une contrepartie matérielle indue pour un service du ou indu, et le corrupteur à l’auteur d’un acte de paiement de la contrepartie indue, il n’en est pas de même en Arabe langue dans laquelle El Fassed est le personnage corrompu moralement, par ses mœurs ou son manque de crédibilité ou de moralité personnelle, ce qui englobe le menteur, le libertin, le voyou et autres marginaux ; et EL Moufssid est celui qui se rend coupable d’un acte de Fassad par agissement à l’encontre d’autrui, et ceci englobe tous les crimes et délits commis contre les personnes et la collectivité avec l’intention évidente de nuire ou de jouir au détriment d’autrui.
Dans ce qualificatif de Moufssid attribué en fonction des actes de nuisance constatés, ne sont exclus ni les rois ni les manants, aucun statut n’étant de nature à vous mettre à l’abri de qualification même celui de juge ou de législateur, surtout si vous édictez ou appliquez des lois considérées elles-mêmes comme « Fassad fi al ardh ».
En Berbère le vocable Amerrkou, qui revient à Fassed , en arabe regroupe même le vocable Moufssid, dans un concept insultant, plus moral que juridique, et une fois qu’il vous colle à la peau avec constat de fait, aucune réhabilitation n’est possible, en revanche ce vocable ne peut être collé à quelqu’un par une personne ou un groupe de personnes indéfiniment si la collectivité n’a pas tranché en consensus sur la nature du personnage et des faits avérés, il n’est donc pas lancé à la légère par qui que ce soit.
Ainsi définie, la corruption est comme une pieuvre dont la tête est à la genèse des actes incriminés et les tentacules à l’œuvre chacun de son côté.
Comment tuer une pieuvre ?
Tous les plongeurs pourront en témoigner, couper ou dans notre cas égratigner un tentacule de la pieuvre, ne la tue pas et permet même avec le temps à l’animal de se régénérer avec une expérience accrue dans la sauvegarde de ses appendices podaux.
Le seul moyen de se débarrasser du poulpe est de lui retourner la poche céphalique en détruisant par ce geste son cerveau qui est en même temps le concepteur et le moteur du reste du Corp.
Autre précision bête mais évidente, on a jamais vu une pieuvre lutter contre elle-même, ni contre ses tentacules, sauf à vouloir sauver l’essentiel en laissant une partie du corps, non vitale et régénérable.
Et sans être plongeur, je dirais que la définition qui est donnée chez nous à la corruption, et aux corrompus, et le cadre restreint dans lequel s’inscrit cette prétention de lutte contre le phénomène, est de nature à orienter vers un ou plusieurs tentacules et à des dimensions assez éloignées de la tête, pour permettre au monstre de se régénérer et de perdurer dans la prévarication sous toutes ses formes.
Le mensonge mère de toutes les corruptions
Le Mensonge est peut-être l’acte immoral le plus condamné et le plus vil des actes de corruption sur terre, et c’est pour cela qu’il est accolé au diable dans toutes les religions, car il est à l’origine de toutes les désillusions et de tous les mirages, qui permettent à une partie du genre humain de s’accaparer les richesses et les droits de l’autre partie en toute aisance.
Or cette sinistre partie du genre humain bien qu’étant minoritaire en nombre, a réussi et réussit encore à créer l’enfer sur terre grâce à cette faculté à mentir avec facilité et sans aucune gêne apparente ou interne, et à induire le reste de l’humanité dans l’erreur permanente, sur la réalité des faits, sur ses agissements et surtout sur ses intentions réelles, en réussissant même à couvrir le vice du manteau de la vertu et le crime du manteau de la justice.
En ce qui concerne nos nouveaux justiciers nationaux, la logique voudrait qu’ils ne puissent faire illusion, ni sur les faits ni sur les agissements ni sur les intentions réelles d’aucune de leurs actions passées présentes et futures, le mensonge ayant dépassé le stade de la roublardise pour passer au stade suprême du défi permanent.
Comment voulez-vous que des personnages qui ont menti avec preuve matérielle, sur leur origine ou celle de leurs affidés et alliés conjoncturels, sur leur histoire et la nôtre, sur leur passé personnel et celui d’autrui, sur leur fortune personnelle et ses origines, sur leurs convictions personnelles et leurs affiliations, envers leurs chefs et leurs subordonnés, envers leurs proches et leurs adversaires, envers leurs nations et les autres nations ; et tout cela sans cligner des cils ni rougir puissent avoir d’autres desseins que la malfaisance.
Comment voulez-vous que quelqu’un qui considère que les chiffres réels relatifs à un secteur dont il a la gestion pour le compte de la nation, doivent être cachés à cette même nation, sinon bricolés avant de les donner, soit apte à juger en quoi que ce soit cette même nation.
Comment voulez-vous que des personnages à tous les niveaux de responsabilité et dans tous les secteurs, qui ont délibérément, publiquement et effrontément, fait usage de tous les moyens illégitimes d’ordre physique ou moral pour faire dire aux urnes l’inverse contraire de ce qu’elle contenaient, aient fait tout cela au service de dieu qui n’agrée pas ce genre d’actes et d’un peuple qui les déteste autant qu’ils le détestent ;
Enfin comment voulez-vous que des gens qui promulguent des textes, provisoires et contradictoires, dont le but est aussi conjoncturel que suspect, et qui refusent tout débat sur la finalité et l’efficacité desdits textes, quitte à utiliser des moyens plus que détestables, en arrivent à de telles extrémités, juste pour l’ambition de servir leurs victimes permanentes que nous sommes.
De l’inanité de cet organe de lutte et de son installation
Bloquer le débat sur cet énième organe, pour ne pas dire cet énième tentacule de la même pieuvre, est à mon sens prendre un raccourci avec la logique et la morale universelles. Et s’offusquer de sa non installation, revient à crédibiliser la démarche sous tendant sa création, ce que même ses concepteurs n’ont pas fait en ne l’installant pas, ce qui prouve tout ce qu’ils en pensent comme bien depuis le début.
Ce qui parait encore plus éloquent, c’est le silence et la passivité de toutes les autres institutions censées faire ce travail quotidiennement et ayant plus de textes répressifs à leur disposition, avec prérogatives de les appliquer, face à cette profusion d’organes dans le même créneau, sans textes précis ni prérogatives définies, les rendant ainsi plus aptes à parasiter qu’à éclaircir les taches des instituions pérennes de la république, je parle de la justice et de ses auxiliaires dans les différentes administrations de l’état.
La logique voudrait que ces administrations étant munies de textes permettant de limiter du moins les dégâts, réagissent devant cette inflation d’organes concurrents, qui remettent en cause même le sérieux et l’efficacité de ces institutions, car on ne crée des structures d’exception qu’en cas de défaillance des structures ordinaires, et dans ce cas les structures d’exceptions sont encore plus défaillantes du fait qu’elles n’arrivent même pas à exister.
Nous replonger encore dans les histoires des consensus absent dans le sérail et de lutte de clans à haut niveau, est franchement éculé comme rhétorique, qui tend plus à nous faire admettre que nous devons nous adapter à cette situation anormale par habitude normalisatrice, qu’à dénoncer la non installation d’une structure inutile dans un monde glauque ou le mensonge et la flagornerie sont des critères de sélection privilégiés.
Dans cette rhétorique lue à l’envers on a l’impression de saisir qu’on veut nous faire comprendre que si cette structure est un jour installée, grâce à un consensus entre les clans vrais ou supposés du régime, après avoir donné à cette structure crée dans le cadre du même régime une vertu qu’elle n’a pas du fait même de sa genèse et de sa matrice originelle, la logique des clans deviendra normale et héritera de cette vertu chimérique à travers la structure qu’ils auront accepté d’installer à notre bénéfice exclusif.
L’idée même que le débat sur quoi que ce soit d’engageant pour l’avenir de la nation, puisse se faire en dehors des structures politiques ordinaires et visibles de la société et à l’insu de la société elle-même, est la pire forme de corruption dans son sens large de pourriture, et de Fassad au sens large du terme aussi.
Cette constatation une fois faite, ne condamne pas seulement ces fameux clans, mais l’intégralité des institutions de la république, de l’exécution à la législation et enfin au jugement, au même qualificatif, pour s’être désistées de prérogatives et de missions censées être au service du peuple souverain, au profit de groupes occultes dans leur composition, leurs capacités et surtout leurs objectifs, en plus sans autre mandat que l’incrustation dans les sphères de décision au mépris de la constitution .
Pour revenir au caractère inutile de cette nouvelle structure du système, la preuve est donnée sur la protection de la constitution par le conseil constitutionnel, et des droit de l’homme par les différentes dénominations des structures de protection de ces droits qui vont de l’observatoire sans lunettes à la consultation sans ordonnance, en passant par tous les conseils, comités, commissions et autres ligues et regroupements qui vont même au vocable de troupes folkloriques, qui s’occupent tellement bien de nos intérêts que dès qu’elle touchent quelque chose elle pourrit sur pied.
Pourquoi diable voulez-vous qu’un système qui nous pourrit la vie depuis sa création dans le sang des révolutionnaires et la sédition, puisse aujourd’hui créer un tentacule aiguisé qui coupe les autres ?
Dans le cadre d’une lutte sans objet autre que le pouvoir sans gouvernail et la richesse sans projet, nous allons assister à une énième décapitation de l’Elite gestionnaire, coupable d’avoir accepté de jouer avec des dés au départ pipés, et de gérer par procuration hors de toute norme économique ni même sociale, des entreprises qui n’ont jamais servi qu’à distribuer une partie de la même rente dans le sens voulu par les vrais propriétaires des actifs de ces sociétés le passif étant au peuple.
Ainsi, les PDG sont le segment le plus fragile du système, nommés par cooptation même quand ils sont compétents, ils doivent théoriquement être compétitifs dans un environnement capitaliste, avec un arsenal juridique qui transforme leurs entreprises en antichambres de la prison, et faire des bénéfices avec l’obligation de négocier six mois dans différentes commissions pour acheter un engin que le privé achète par téléphone sur crédit fournisseur, mais qui dans les faits sont condamnés à l’avance par une pression qui les menace en cas de désobéissance et une épée qui les attend sur la même obéissance, étant initialement destinés à l’abattoir.
Pour faire bonne mesure, le privé aura sa part de la charrette, avec des lois, directives et autres instructions qui se contredisent et peuvent vous mettre en faillite en deux jours sur simple injonction et en prison le troisième jour pour avoir fait faillite, dans le cas ou vous ne seriez pas inscrit sur les tablettes de qui de droit, ou bien dans le cas où vous seriez inscrit sur la mauvaise tablette en fonction du moment.
Pour que cela fasse moins ciblé et plus crédible, chaque institution mettra du sien avec publicité en tabloïd et à la télé, on aura de tout, des AOP des Gendarmes, des Militaires et pourquoi pas quelques Imams dont les quêtes tolérées et interdites en même temps donnent lieu à toutes les dérives et interprétations de ces dérives.
La finalité ? C’est que la terreur prenne la place de la justice
Les Objectifs ? ils peuvent être multiples et divers, et ils vont du règlement de comptes avant la prochaine distribution, jusqu’au consensus sur le sacrifice des intermittents du spectacle de chaque impresario pour occuper la galerie, en passant par une provocation ciblée dont l’objectif est tout sauf la lutte contre la corruption si ce n’est l’inverse.
On a vu le scenario avec Zeroual, et c’était le prélude à son départ, pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec cette diversion, le principal artisan qui a l’air de ne pas garder de vidéo chez lui s’est même fendu de deux déclarations aussi fausses que contradictoires en l’espace de 24 mois
Je me souviens l’avoir vu à l’APN dire qu’aucun cadre emprisonné ne l’a été sur un dossier vide en 1998, et que c’est un outrage à la justice de dire ce genre de choses, et l’avoir revu avec le même aplomb et devant la même assemblée dire que le fait d’avoir emprisonné ces mêmes cadres était « DHOLM » en oubliant que dire la chose et son contraire en public à propos de la même affaire était en Arabe « Nifak » ce qui est en droit musulman la pire forme de Dholm, ou bien a-t-il oublié que Inna annifaka achaddou mina l’Kofr .
Le même personnage, dans le même rôle, dans le même système, et dans un climat équivalent, que voulez-vous en déduire ? À moins de cultiver l’amnésie génétique ou intéressée, on doit s’attendre aux mêmes résultats ou aux résultats inverses si le coup foire, ce qui est exactement le même résultat pour nous autres populos.
Pour clore cette digression fastidieuse pour le lecteur, je dirais que s’il existait une véritable structure d’observation de la corruption, au sens pourriture du terme, c’est toute la société de plus de 16 ans qui devrait y passer, pour son inscription consciente ou inconsciente dans cette logique de l’amnésie, du reniement, de la lâcheté et surtout pour son suivisme inné ou acquis dans les fausses pistes de la fausse solution, dans le cadre d’un faux état, et devenir ainsi une fausse société, à commencer par ceux qui sont censés nous éclairer au lieu de nous envoyer la lumière dans les yeux, pour nous éblouir (Nos fameux Intellectuels et autres éclairagistes de service).
Le jour où on saura arrêter l’injuste à la première injustice, même s’il est notre frère de père et de mère nous serons dignes de vivre en nation respectée.
Le jour où on élira un maire en fonction de sa compétence et de sa bonne réputation, et non pas en fonction de la longueur de sa barbe ou du nombre de gros pontes qui le parachutent, et le jour où nous empêcherons par tous les moyens qu’un usurpateur s’installe à un poste qu’il a perdu la veille au vote, le lendemain et malgré nous, et le jour où nous défendrons ce maire tant qu’il nous représente et nous défend contre ceux que nous n’avons pas choisis et qui veulent en faire une serpillère, ce débat sur la corruption prendra une autre tournure et n’aura peut-être même lieu d’être, on aura réussi à vaincre la première source de corruption sur terre : NOTRE LACHETE .
Ferhat Ait Ali