Les hydrocarbures, oxygène du pouvoir.
Le mouvement citoyen refusant l’aventure de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie est un mouvement à saluer et à soutenir de toutes nos forces. Non, l’exploitation des hydrocarbures en général et du gaz de schiste en particulier ne sont pas que des problèmes de spécialistes ou d’experts.
Non, il s’agit d’un problème qui engage avant tout, l’ensemble de la société. Ce ne sont pas quelques « mis en postes », quelques économistes et technologues du régime qui parviendront à nous convaincre du contraire. C’est vrai qu’ils peuvent gagner beaucoup d’argent, voyager en première classe, construire de grandes villas, constituer des sociétés écrans et s’autoproclamer conseillers et experts mais ils ne pourront surement pas nous convaincre. En effet, quel crédit peut on accorder à un régime pourri dont les extensions atteignent les sociétés internationales qui sont au fond les vrais conseillers et décideurs et qui lui font miroiter les milliards de dollars avec de grosses parts à mettre de coté. Nous connaissons d’ailleurs quelques uns d’entre eux qui sont en fuite aux USA, Canada et ailleurs. Et c’est ce pouvoir qui les couvre, assure leur fuite et leur impunité. Non, aucun crédit ne peut être accorder à ce lobby prédateur et follement glouton qui en un demi siècle a fini par épuiser les ressources de pétrole et de gaz du sous-sol algérien sans apporter aucun développement notoire.
Notre désert a été vidé de ses ressources pour le bénéfice des grandes entreprises internationales et des corrompus de ce système détestable. Le sud Algérien demeure dans l’isolement, souffre du chômage, du manque d’infrastructures sanitaires, économiques, industrielles, etc. Les seuls endroits « développés » demeurent des ilots que sont les zones fermées d’exploitation des hydrocarbures qui sont alimentées par avions dédiés. Je me souviens en 1983-1984, lors de mon service militaire dans la région d’Illizi, de la différence choquante que j’ai constaté entre le niveau de vie à l’intérieur de ces zones qui n’avaient rien à envier à celui des compagnies américaines en comparaison de la grande modestie des moyens de vie des habitants locaux. A l’époque déjà, en juillet, on pouvait manger du poisson à volonté et boire du coca-cola dans ces zones à Ain amenas, Bir Larache, etc. Chose inimaginable en dehors de ces zones où la banane était un produit inaccessible même pour les cadres de l’époque.
Pris de court d’abord par le constat d’échec dû à son irresponsabilité et son incompétence; ensuite par la détérioration de ses réserves d’hydrocarbures épuisées et; enfin par la baisse brutale et inattendue des prix des hydrocarbures, ce pouvoir aux abois, a entrevu, comme un vampire, son salut dans l’exploitation du gaz de schiste, cette nouvelle proie qui lui permettra de prolonger tranquillement son règne illégitime pour au moins une nouvelle décennie. Si à ce jour, le système en jouant l’équilibriste a pu tenir les populations en laisse, aujourd’hui, les citoyens le lui rendent bien. Ce système n’a d’autres atouts pour maintenir ce pouvoir, que les hydrocarbures et la violence. Les hydrocarbures constituent son oxygène et la violence son arme ultime. D’où son étonnement, son affolement et ses fallacieuses tentatives de convaincre les citoyens qui ne souhaitent que sa disparition.
Abdelouahab Zaatri