Le premier novembre, j’ai lu deux communiqués :
La bonne nouvelle est que la situation a l’air de bouger, la moins bonne nouvelle est cette timidité commune aux deux groupes, si j’ose dire, ou plutôt cette peur de se positionner. Je peux comprendre car le mot parti a été tellement galvaudé que le peuple n’y croit plus du tout et les relents de la décennie rouge, qui subsistent encore, nous rappellent amèrement que tout changement risque d’engendrer violence.
Par conséquent, le message que nous voulons passer à ce gouvernement risque de perdre toute crédibilité car j’ai l’impression que nous voulons que les choses changent mais sans trop les bousculer. Ce qui est compréhensible, car d’une part nous n’avons plus envie qu’ils tirent dans le tas et d’autre part ce manque d’assurance peut venir de la division actuelle du peuple algérien.
Maintenant que faire ? Ces dinosaures* qui forment notre gouvernement et qui sont installés dans une zone de confort en s’organisant pour y rester sont d’un bord et de l’autre bord, il y a nous autres les algériens qui sommes convaincus que pour qu’il y ait changement, il faudrait qu’ils s’éloignent au maximum du pouvoir. Au milieu, il y a ce bouclier qui joue en leurs faveurs : Les séquelles de notre histoire, la division du peuple algérien, et notre léthargie.
Puisque nous faisons le parallèle avec le premier novembre 1954, je crois que cette révolution a été possible car tous les algériens étaient réunis contre un ennemi commun et un seul, l’envahisseur français. La priorité pour la quasi totalité du peuple algérien était que cet envahisseur déguerpisse au plus vite. Et ils l’ont fait.
50 ans plus tard, les choses ont changé. On fait un appel de mobilisation à quel algérien? À l’époque de la guerre de l’indépendance, nous avions deux types d’algériens le patriote et le harki. Pour toutes les raisons que vous savez dont la première est le besoin primaire de se débarrasser de l’oppresseur étranger, dieu merci ces harkis étaient une minorité facilement décelable et qui opérait en cachette.
Actuellement, en Algérie nous avons une diversité de types d’algériens qui chacun de son côté pense détenir la vérité: le régionaliste, le nationaliste, l’islamiste, le musulman pratiquant, l’athée, l’agnostique, le spéculateur, l’opportuniste, le bouchkariste, l’intellectuel, l’ignorant, le socialiste, le capitaliste, l’arabe, le kabyle, le beniouiouiste, et enfin cette espèce en voie de multiplication le fataliste oisif. Le drame est que chaque espèce déteste activement toutes les autres espèces. Pour réunir, tout ce beau monde autour d’un dénominateur commun, il va falloir travailler fort côté sensibilisation et éducation. Cela peut paraître simpliste cependant c’est notre réalité. La condition sine qua non de réussite, est de réapprendre à nous aimer entre nous. Je crois que le chemin du succès passe par cette étape.
Les deux mouvements parlent de plan d’action, je crois que la première longue étape avant de confronter le gouvernement est l’étape d’unification du peuple algérien. Cette étape a elle seule nécessite un plan d’action judicieusement réfléchi si on ne veut pas d’autres carnages.
En rêvant un peu et supposant que demain matin, Boutef et sa bande d’incompétents s’éclipse, quelle proportion va pleurer son départ? Quels types d’algériens vont gouverner?
Je crois que le changement est imminent, mais je crois aussi que c’est le peuple qui doit changer en premier. Alors, pourquoi ces deux groupes (on s’entend qu’aucun dinosaure ne doit faire partie des ces groupes) ne s’uniraient ils pas pour d’abord proposer un plan d’action concernant le changement du peuple de divisé vers uni, d’abord ? Prenons le temps de former une coalition de tous ces types d’algériens autour d’objectifs communs, (le premier qui me vient en tête naturellement, est de retrouver notre dignité que nous avons perdue) nous ne serions que plus fort pour affronter les dinosaures. Cette prolifération de types d’algériens qui opèrent ouvertement et qui est sûrement dûe à cette soi-disant absence de l’état (les béniouiouistes, les fatalistes oisifs et les bouchkaristes), s’ils ne changent pas devront se trouver une place dans les bagages de Boutef.
(*)Dinosaure : Toute personne ou organisation ayant collaboré au sein ou avec le gouvernement depuis 1962 à ce matin. La gangrène qui devient nauséabonde suggère et pousse même, pour une fois, à jeter le bébé avec l’eau du bain.
Nacera K.