Tribune libre d’Ali Boukhlef
«Vous avez une carte d’électeur ?». Jamais, de ma vie, je n’ai pensé que cette question m’aurait été posée en dehors d’un bureau de vote. Pourtant, cette interrogation, je l’ai entendu de la bouche d’un préposé au guichet de l’Etat civil de l’APC de Draria.
Je me suis présenté, le matin de jeudi 6 décembre, au service de l’Etat civile de l’APC de Draria, à Alger, pour me faire délivrer une attestation de résidence dans le but de renouveler mon passeport. Pour éviter toute tracasserie, je me suis fait accompagner d’un proche parent qui m’a accordé une attestation d’hébergement. Je n’ai pourtant pas besoin de cela, puis que j’ai effectué, en 2010, un changement de résidence (transfert de ma commune d’origine à celle de mon actuelle résidence). Mais je me suis rendu compte au bout de la première demande que cela n’a servi à rien. Pis, je me suis trouvé sans véritable résidence ; je ne suis plus résident dans la commune de ma naissance et je n’ai plus droit de me faire établir un document similaire dans la commune où je réside actuellement.
Mon accompagnateur dispose, lui, de tous les documents légaux pouvant qu’il est propriétaire de sa demeure. Mais l’agent ne consent à me délivrer qu’un certificat de résidence qui ne sert pas à établir un passeport. «J’ai fait un transfert de résidence en bonne et due forme », ai-je expliqué à l’agent. «Cela ne veut rien dire » ; répond-il. « Avez-vous une carte d’électeur ? », ose-t-il. « Non, puisque vos services ne me l’ont jamais établie malgré mon transfert de résidence », répondais-je. « Et puis, quelle est cette loi qui exige de moi une carte d’électeur pour me faire établir une attestation de résidence ? », ai-je encore interrogé. « Monsieur, ce n’est pas moi qui ai fait cette loi ! », a-t-il dit.
Du coup, je n’ai pas eu mon attestation de résidence. Et l’agent est certain d’appliquer une loi qui n’existe que dans la tête de ses responsables.
Cet incident prouve si besoin est que nous nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Puis, c’est une preuve de plus que l’arbitraire orne encore nos quotidiens. Cela est d’autant plus grave qu’il peut venir d’un autre citoyen que le hasard de la vie –ou le besoin- a placé dans une administration pour pourrir la vie à ces concitoyens.