« La seule manière de sortir de la violence consisterait à prendre conscience des mécanismes de répulsion, d’exclusion, de haine ou encore de mépris afin de les réduire à néant grâce à une éducation de l’enfant relayée par tous. » F. Héritier
La violence n’est pas une fatalité, elle est l’expression d’un malaise socioculturel. La violence est l’aboutissement de l’absence d’une politique sociale et culturelle dans notre société. La violence est la finalité de laisser-aller et l’absence d’une éthique politique. Doit-on croiser les bras et attendre le miracle qui viendra, de nulle part, afin de nous sauver de ce phénomène, qui gangrène l’ensemble des institutions et les populations de notre pays ? Aujourd’hui, la violence n’est pas une question de délinquance ou les violences des stades, mais elle est présente dans l’ensemble des institutions de l’Etat et de la famille. Les chiffres sont, de plus en plus, alarmants, car comment peut-on expliquer la recrudescence de la violence dans nos écoles, nos facultés, nos cités, etc. ? Le mal est déjà fait !
La solution, comme nous l’avons déjà écrit à de multiples reprises, n’est pas dans les lois répressives, mais dans une vision globale d’un projet de société. Sans les spécialistes en sciences humaines et sociales (psychologues, sociologues, criminologues, anthropologues, etc), il n’y aurait guère de solution durable. Ils sont les seules spécialistes, qui peuvent proposer des pistes de travail et qui peuvent agir en amont et pas uniquement en aval. Il est important de revoir notre architecture urbaine et globalement la politique urbaine, qui ne prend pas en considération les dimensions sociologiques et culturelles locales. L’absence d’un projet de société aggrave de plus en plus l’orientation de notre société. Il s’agit d’un projet durable sur plusieurs générations, cependant, nos politiques sont envahis par les problèmes immédiats, sans la possibilité de se projeter dans un projet d’avenir.
La violence, nous la subissons au quotidien. Mais, ce n’est pas une raison pour baisser les bras, pour céder à l’anarchie et « la mendicité intellectuelle », qui se traduit par le copier-coller des projets des autres nations, sans réflexion et sans respect des codes socioculturels locaux. Brisons les tabous, car la violence, comme plus haut, est le fruit de la maladie socioculturelle et sociopolitique. On devrait interroger nos codes socioculturels et nos politiques de gouvernances et les soumettre à l’esprit critique et/ou de les déconstruire, au sens derridienne, afin de les reconstruire sur des bases nouvelles, en y intégrant la pensée moderne. Réfléchir sur les faits socioculturels sur des bases théologiques moyenâgeuses serait une erreur et elle aurait des conséquences irrémédiables sur plusieurs générations.
Enfin, il me semble que les politiques algériens ont abandonné les sciences humaines et sociales dans leurs politiques socioculturelles. Et aujourd’hui nous percevons les effets de cet abandon. Former des compétences dans ces domaines, pour qu’ils nous éclairent sur ces phénomènes et pour que nous puissions les comprendre, est fondamental pour trouves des issues à cette violence qui ne cesse de prendre une ampleur incontrôlable. Il est important de signaler que la violence peut déstabiliser les institutions de l’Etat et les mettre en péril, prendre des mesures répressives ou moralisatrices n’aboutirait pas à des solutions durables ni au niveau du temps, ni au niveau de l’espace. Enfin, la violence, comme l’a écrit l’anthropologue Françoise Héritier, n’est pas innée chez l’homme. Elle s’acquiert par l’éducation et la pratique sociale. La solution est, donc, dans les sciences humaines et sociales et non pas dans les pratiques dépassées !
Yazid Haddar