Poésie

Redaction

Updated on:

HOMMAGES A TAHAR DJAOUT.

djaout

I-

A tes principes, pare lâcheté,
A ta plume, brise soumission,
A tes pensées, corollaire de ta liberté,
A ton verbe, miroir de tes intentions,
A ta conduite, modèle de modestie,
A ton savoir, boussole d’orientation,
A tes idées, reflet de l’équité,
A tes paroles, profondes et sans ostentation,
A tes récits, chemin de la modernité,
A tes neurones, source d’illumination,
A tes appels, voix de notre identité,
J’édifie une stèle de poésie,
Avec tes concepts comme base de construction.

II-

Mon cœur d’animal,

A l’écoute de mes viscères,
Battait sans cesse tel une machine,
Il alimentait mon encéphale,
Cet insignifiant fatras cellulaire,
Avide de la cuisine.
De connivence, ce cœur et cet encéphale,
Ont inventé mon désert,
Où point de mes repères ne se dessine.

*Heureux dans ma méconnaissance,
Sans rien dire, je savais écouter,
Obéir, attendre et supplier.
Je répondais par des danses
A toutes les musiques qu’on me chantait.
Le tube digestif était mon oreiller.
Esclave de l’indifférence,
Je me contentais de toute propriété,
De la mienne étant exproprié.

*Mon esprit d’analyse castré,
J’étais un éternel gosse.
Aux convictions dictées,
Je ne pouvais ni choisir ni préférer,
Je pouvais prendre la générosité de féroce
Et de généreuse la férocité.
Et je me disais : «  que peut l’histoire me procurer pour chercher les os
Et perdre le couffin au profit de l’identité ? »

*A l’école, j’ai appris les théorèmes
Que les autres ont inventés,
Et la conjugaison à la personne : ILS.
Qu’importait le système,
Je savais m’adapter,
Tisser et dénouer les fils.
A quoi bon faire des poèmes
Et créer des technicités,
Quand tout est assuré par les vigiles ?

*Mon réveil est paradoxal,
Il s’est fait dans l’obscurité,
Après extinction des lumières.
C’est devant les cavités tombales
Des soleils qui éclairaient mes cités,
Et qui convertissaient en printemps mes hivers,
Que mon cœur a interpellé mon encéphale
De s’armer de raison et de lucidité
Et d’être maître, au lieu d’esclave, des viscères.

(Ecrit le 03 juin 1993, le jour de l’enterrement de TAHAR)

ANNARIS AREZKI
AZEFFOUN