J’entends souvent parler du Code de la Famille algérien quand il s’agit d’injustices autours des divorces et des héritages mais je ne l’avais, pourtant, jamais lu jusqu’à aujourd’hui. Le Code de la famille algérien, a été décrété en 1984 sous la présidence de Chedli BenJedid.
Toujours en vigueur, certains articles dont j’ignorais l’existence ont provoqué ma surprise et ma colère, moi la jeune algérienne de 2013. Revisitez avec moi quelques dispositions qui nous font presque oublier que nous sommes réellement au XXIe siècle.
La dot, assurance tous risques
Les articles 16 et 17 régissent la distribution de la dote en fonction ou non de… la consommation du mariage. C’est étonnant de voir qu’en Algérie la sexualité d’un couple influe même sur leur destin légal. Ainsi, si le mariage est consommé, l’épouse en cas de divorce ou de décès de son conjoint, reçoit l’intégralité de sa dot et la moitié dans le cas contraire.
C’est comme si l’ex mari versait des dommages et intérêts pour avoir troublé la pureté de sa femme. Je vois déjà le dialogue dans ma tête, et le père de la mariée dire : « -Ah non mon fils, moi je te l’ai donné vierge et tu t’étais engagé à la garder toute ta vie… Là tu me rends ma fille (ma moitié de fille), je vais avoir du mal à lui trouver un autre mari moi… Allez tu payes! ». Décidément, en tant que femmes algériennes, notre bien le plus précieux est notre corps (en tant qu’enveloppe charnelle), et la dot agit comme une forme d’assurance tous risques dans le cas où notre virginité en venait à être souillée injustement par notre mari.
Obligations familiales… N’oubliez pas vos parents !
Les Algériens vous diront tous que leur culture privilégie beaucoup le respect des valeurs familiales. Et pour cause, ces dernières y sont ancrées jusque dans leurs lois. L’article 36 stipule que les couples mariés ont pour obligation de rendre visite à leurs parents et à leurs proches. La prochaine fois que votre mère vous reprochera de ne pas assez lui rendre visite, je vous conseille de commencer à prendre cela plus au sérieux… Sinon vous êtes capable de vous réveiller le lendemain avec la police sur votre dos si elle porte plainte: « Police ouvrez la porte! votre mère vous demande! »
La retraite légale, en avez-vous entendu parler ?
Ce chapitre traitant des effets du divorce pour la femme, et seulement la femme, se mêle pour ainsi dire de ce qui ne le regarde pas. L’article 58 stipule que la femme non-enceinte divorcée doit observer 3 mois de pureté menstruelle à compter de la déclaration du divorce. C’est-à-dire qu’elle ne peut ni se remarier, ni avoir des relations sexuelles ni donc tomber enceinte durant sa période de pureté.
En cas de décès du mari, la durée de la retraite légale est de 4 mois et 10 jours et une seconde. Attention là, pas une de moins… Cerise sur le gâteau, la femme ne devra pas quitter le domicile conjugal durant sa période « d’abstention sexuelle », histoire de donner le temps à son ex-mari de s’habituer progressivement à l’absence de sa femme et de lui chercher une remplaçante. Bienvenus donc en Algérie, où l’Etat s’invite jusque dans vos lits…