Signé : Un Algérien
Le petit monde journalistique en Algérie a une règle : celle de ne jamais s’attaquer publiquement à ses confrères. Mais ce que j’ai lu mardi 30 juin sur les pages du Quotidien d’Oran* m’a procuré comme un sentiment de nausée. La nausée d’un journaliste qui se prend pour ce qu’il n’est pas et qui parle aux Algériens d’en haut, avec des termes à la limite de l’insulte. L’écœurement procuré par des propos abjects à l’encontre d’un peuple qui se questionne candidement, entre deux cafés, à défaut de pouvoir trouver des réponses. Le dégoût que vous inspire la prostitution par les lettres qui aurait pu être légitime sans l’anathème qui lui a servie de baroud.
En ce jour, notre confrère du Quotidien nous a appris qu’il n’y a pas meilleure machine à laver qu’un journaliste qui veut faire partie d’un monde qui ne sera jamais le sien. L’article nous enseigne donc que s’interroger sur la source de financement d’un projet estimé à 12 milliards de dinars (faites le calcul en années de SMIG) relève du «populisme algérien», inspiré des «critères égalitaristes». Il rajoute que cette «mobilisation financière» (le terme est doux) ne peut être expliquée, dans cette société «égalitariste» et donc primitive, que par un «scénario habituel du parrainage clandestin supposé de quelques clans politico-financiers anonymes».
Poussant le délire à son paroxysme, l’auteur tentera de nous expliquer comment on peut, en Algérie, mobiliser cette somme d’argent et puis l’investir en n’étant qu’un simple chef d’entreprise sérieux. Monsieur le journaliste, étiez vous obligé de descendre tout un peuple pour réaliser votre publi-reportage ? Croyez-vous vraiment en ce que vous avez écrit ? Pensez-vous vraiment que 12 milliards de dinars s’amassent en quelques années avec du bon management ? Que reprochez-vous à tous ceux qui se demandent d’où vient cet argent ?
Vous le savez aussi bien que nous, ces affaires ne font qu’alimenter le vide interminable des Algériens. Voulez-vous leur retirer cette petite liberté qui relève plus du loisir que de la conscience civile ? Sachez qu’il ne peut y avoir de pur capitaliste en ce pays. S’il y en avait, vous n’auriez jamais pu devenir ce que vous-êtes. Vous poursuivez en pointant du doigt et les autorités algériennes et celles espagnoles. D’après vous, toute cette affaire n’est qu’une pure machination internationale diligentée à l’encontre d’un honnête homme d’affaires algérien. Je crois que les étages des immeubles Mobilart vous ont donné le vertige. Je crois que, parti dans votre logorrhée de mini-capitaliste, vous avez surestimé votre parrain à un point tel que vous avez, en des termes à peine voilés, remis en cause la crédibilité de trois États différents.
En vous lisant, on aurait presque pitié de votre homme d’affaires. Mais ce de vous que l’on a pitié. Si vous aimez tant Mobilart, conseillez lui plutôt ceci: Quand on traite avec le Système, on doit être conscient que son basculement est hasardeux.
Enfin monsieur le journaliste, on a appris, grâce à vous, que 600.000 euros ne sont, en fait, que de «la petite monnaie». Et que toutes les entraves bureaucratiques propres à l’Algérie justifiaient pleinement leur transfert frauduleux. Je crois, qu’une fois de plus, la hauteur des immeubles de Mobilart vous a fait confondre Capitalisme et fraude. Le patron de Mobilart n’est pour l’instant inculpé de rien. L’enquête est en cours et on tient à respecter la préemption d’innocence. Mais le journaliste du Quotidien fait mieux: il croit que tout ce tapage a nui aux immeubles de Mobilart et à leur valeur marchande. Sinon, vous proposez quoi d’autres, monsieur le journaliste ? Laisser l’argent des Algériens amortir la récession en Espagne ? Ou promouvoir la fraude en une pratique légitime parce que justifiée par la lenteur des banques algériennes ? Et si tout le monde vous suivait et commençait à agir avec ce principe ? Je pense que vous diriez qu’on est de bons capitalistes assumés.
Quelle clochardisation !
*Pour lire l’article en question : http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5123226