Le voilà « réélu » pour un mandat théorique de cinq années. Soit jusqu’en 2019. Si d’ici cette année fatidique, Abdelaziz Bouteflika reste en vie, il aura présidé 20 ans aux destinées de ce qui est officiellement dénommé la République Algérienne Démocratique et Populaire.
« Réélu », il va lui falloir prêter serment, et là, on attend comment la mise en scène sera préparée, comment les décideurs de tout acabit réussiront le tour de force, via l’ENTV, Ennahar TV ou bien la fameuse page Facebook « Barakat escroquerie », à tenter de faire avaler la pilule. Chacun aura compris que les puissances occidentales sont plutôt soulagées à l’idée de voir un Abdelaziz Bouteflika reconduit. Gage de stabilité, diront certains. L’Algérie est épargnée du « Printemps arabe », diront d’autres.
Record de longévité pulvérisé
Il est donc « réélu ». Et maintenant ? Que va-t-il se passer ici pendant les cinq ans à venir ? Aurons-nous droit à de nouveaux scandales autoroute est-ouest, ou plutôt autoroute des Hauts-Plateaux ? Ou bien un scandale tramway d’Alger, d’Oran, de Constantine, ou, mieux encore, de Ouargla et d’Annaba, alors que le premier coup de pioche n’a même pas encore été donné pour ces deux dernières villes ? Car des scandales, à n’en pas douter, il y en aura encore et encore. Mais tant que ce qui est considéré comme « système » restera encore et toujours aux commandes du bateau Algérie, les principaux protagonistes de ces scandales ne seront jamais inquiétés. Et, n’en déplaise à d’autres, l’informel a encore, sauf « accident de parcours », au moins cinq ans devant lui. Idem pour la corruption, les passe-droits, et j’en passe. Comme chacun le sait, Bouteflika a été « réélu » pour cinq ans, comme l’y autorisait la Constitution. Quelle drôle d’avancée dans la démocratie, me direz-vous ? Ben Ali, le Tunisien a tenu 23 ans. Lui, si tout va bien sur le plan santé, devrait tenir 20 ans. C’est moins que le Tunisien, mais ça reste tout de même beaucoup. Déjà 15 ans, c’était du jamais vu en Algérie, mais 20 ans… Je ne sais pas de quoi 2019 sera fait ici en Algérie, mais je sais une chose, c’est que les tenants de ce pouvoir feront tout pour demeurer en place, conserver leurs privilège et, cerise sur le gâteau, berner les presque 39 millions de femmes et d’hommes qui peuplent ce pays. On peut croire que tout est perdu dans ce pays, qu’il n’y a plus rien à faire.
Négationnisme
Or, il n’y a rien de plus faux que tout cela. De légers soubresauts ont eu lieu en Algérie. N’oublions pas octobre 88 qui aura consacré le pluralisme politique en Algérie, bien que ce dernier reste bien imparfait. C’est bien grâce à octobre 88 que j’écris ici cette chronique, depuis cette région est du pays, qui a vu naître non seulement mes ancêtres mais de glorieux noms du mouvement national. Mais pourquoi donc, ces messieurs (et dames aussi) veulent-ils faire pour annihiler notre histoire ? Pourquoi s’amusent-ils à faire du négationnisme ? Oui, nous avons affaire à une troupe de négationnistes, lesquels n’hésitent pas user de moyens d’une autre époque pour réprimer des manifestations pacifiques. Suivez mon regard en direction de Tizi-Ouzou, le 20 avril dernier. La vidéo qui a été vue et téléchargée des milliers de fois témoigne de ce barbarisme négationniste, qui fait passer les bourreaux, en l’occurrence les force de l’ordre pour des victimes. Et une partie de la rue algérienne, bien cirée à coup de Ennahar TV, Numidyia News et autre pages facebook « Barakat escroquerie », pour croire à un complot de l’étranger. Laissez-moi rire. Et pourtant, j’en ai entendu, des citoyens lambda, à Annaba ou Guelma, s’exprimer ainsi, croyant que les marches du Printemps Berbère étaient téléguidées depuis l’étranger, voire depuis Israël, que les marcheurs étaient des séparatistes kabyles forcément athées, anti musulmans et anti arabes. De l’endoctrinement que tout cela. Et c’est le drame.
Voilà pourquoi, je me dois, en tant que journaliste, en tant que citoyen algérien, de tenir constamment informé mes compatriotes de ce qui se passe en temps réel, et de le dire et de l’écrire en toute objectivité. N’en déplaise à ma pseudo-consœur Habiba d’Ennahar TV qui a fait le buzz durant la campagne pour la présidentielle du 17 avril dernier sur les chaînes de l’ENTV, j’assume pleinement mon métier de journaliste, je ne fais pas dans la désinformation. J’ai toujours écrit en toute sincérité et en toute objectivité. Parfois, j’ai même risqué ma vie seulement dans le but d’informer. Et je suis là et je continuerai à écrire. Jusqu’en 2019 et après.
Par Lakhdar Aït Mohamed Salah, journaliste algérien