Tribune libre. Comment améliorer la formation des médecins algériens

Redaction

La formation médicale continue (FMC) est depuis quelques années au centre d’un grand débat dans le monde de la santé, car aucune personne ne peut prétendre exercer une profession avec les seuls acquis de sa formation initiale. Ceci est vrai pour toutes les professions, y compris la profession médicale. L’exercice professionnel amène le praticien à constater dans sa pratique de possible besoin de formation complémentaire en particulier au regard de l’évolution rapide des savoirs, de l’apparition de nouvelles techniques et de nouvelles thérapies. La nécessité de faire des apprentissages ne fait que débuter et être présent durant toute la carrière professionnelle.

La formation médicale constitue (FMC) aujourd’hui un volet significatif de la pratique médicale. En effet, lorsqu’on examine la formation pour devenir médecin, on remarque que celle-ci commence par une formation initiale à l’université. Cette dernière est suivie par la formation post-graduée qui a lieu dans un cadre de collaboration hospitalo-universitaire. Par le passé, c’était la fin du processus dans presque tous les domaines de formations. Il est désormais clair que le clinicien se doit d’apprendre durant toute sa vie pour maintenir à niveau ses connaissances et ses compétences. À cet effet, la FMC a pour rôle d’adapter les pratiques professionnelles des médecins aux données scientifiques les plus récentes.

De plus, le maintien des compétences est une responsabilité morale et déontologique pour tous les médecins. Cette préoccupation n’est pas nouvelle puisqu’elle est inscrite dans le serment d’Hippocrate : « J’exercerai la médecine selon les règles de la science et de l’art et je maintiendrai ma compétence ». De plus, au moment où il prête le serment professionnel, le nouveau médecin affirme solennellement qu’il « … exercera la médecine selon les règles de la science et qu’il maintiendra sa compétence ». Ainsi, dès sa graduation, le médecin est engagé dans un processus de formation médicale continue tout au long de sa carrière.

Par ailleurs, le 21e siècle est caractérisé par un renouvèlement rapide de l’information et il est de plus en plus difficile pour un praticien de demeurer au fait des derniers traitements disponibles. Pour se conformer aux nouvelles données de la médecine, mettre à jour ses connaissances, maintenir de bonnes habilités cliniques et thérapeutiques, il est fondamental d’organiser des formations continues.

Un autre élément important à considérer de la FMC : la motivation. En effet, pour consentir à entreprendre une formation, le médecin devra être motivé. La motivation est un facteur fondamental à l’engagement d’un apprenant en formation et surtout à son impact sur la qualité de l’apprentissage et sur le développement personnel. En effet, lorsque l’individu est motivé, il devient proactif et disposé à l’apprentissage. À cet effet, pour maintenir les compétences, la plupart des ordres professionnels exigent du médecin de démontrer son intérêt et sa motivation à maintenir ses compétences, mais l’engagement pour une activité où une tâche ne conclut en rien que la personne est motivé.

De plus, il ne suffit pas d’être motivé pour une formation donnée, mais que la décision de s’engager en formation soit autonome. Faut-il encore que cette formation induise un apprentissage efficace et servir à la résolution de problème issu de la réalité de l’exercice professionnel.Par ailleurs, le professionnel de la santé est un apprenant adulte responsable. Il arrive en formation avec des acquis qui affectent d’une manière déterminante son engagement, c’est-à-dire, qu’il s’investit en formation s’il perçoit que cette dernière l’aidera à résoudre des problèmes. En d’autres termes, les organismes de formations devront adapter leurs offres en adéquation avec la réalité de l’exercice professionnel.

De nombreuses organisations offrent des programmes de formation continue et plusieurs formules sont proposées aux médecins. Cependant, la participation en FMC ne garantit pas l’appropriation de nouvelles connaissances, le développement de nouvelles compétences et le transfert des acquis dans l’exercice professionnel. Ceci s’explique par le fait que l’apprentissage est superficiel et à l’échec des programmes de formation à développer des activités réflexives et de résolution de problèmes issus de la réalité professionnelle. Malgré que l’habilité à la résolution de problèmes est le but majeur en éducation, les organismes de formation médicale continue ne se préoccupent que très rarement du design pédagogique de la formation. Ces organismes élaborent leur plan de formation beaucoup plus selon des objectifs que des compétences à atteindre oùdes stratégies de formation.

De plus, les connaissances cliniques sont dynamiques et la performance clinique décroit avec le temps et après plusieurs années de pratique. La FMC joue ici un rôle important. Tout a commencé avec la Formation médicale continue qui englobait principalement des cours théoriques et des congrès. Aujourd’hui, cela a été complété avec l’amélioration de la communication, la technique de l’information et l’accent sont d’avantage mis sur la pratique individuelle de chaque praticien et sur les besoins de celui-ci.En effet, par les renouvellements phénoménaux des connaissances, ces dernières sont rapidement obsolètes et 50 % seraient désuets en l’espace de 7 ans. Si un médecin des années 2000 est mis en contexte des savoirs de 2014, il sera non seulement démuni, mais aussi égaré et dérouté. Le besoin d’organiser des FMC pour le maintien des compétences est une nécessité fondamentale autant pour la pratique clinique que pour la qualité des soins prodigués aux patients.

D’autre part, il existe un écart entre le monde de la recherche et celui de l’exercice clinique. Afin de permettre l’implémentation des nouvelles découvertes scientifiques aux soins médicaux, des heures de formation continue ont été préconisées. De plus, il existe également un fossé entre la pratique clinique quotidienne et la pratique idéale basée sur des données probantes. L’obligation morale de fournir des soins de qualité aux patients ne nécessite pas simplement une mise à jour des connaissances, mais surtout leur transfert dans la pratique clinique courante. La FMC est le lieu idéal pour la mise à jour des connaissances et de se tenir au fait des pratiques cliniques récentes.

Lardjane Dahmane. Conseiller en pédagogie médicale et universitaire

Quitter la version mobile