Tribune libre. Course à la Présidence : El Mouradia déserté, les grandes manœuvres commencent

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Tribune libre d’Azzedine Belferag

« Le pouvoir est l’aphrodisiaque absolu », disait Henry Kissinger.

Ali Benflis annoncera probablement sa candidature à la prochaine présidentielle à la mi-décembre. Cet inévitable engagement saura-t-il à lui seul fouetter la scène politique algérienne et la faire sortir de sa longue nuit de torpeur ? Peu sûr, diront les plus sceptiques tant le jeu est tenu fermé par Abdelaziz Bouteflika et son entourage qui ne cesse de « psalmodier » pour un 4eme mandat. Stratégie de guerre ou simple échec à faire ressusciter un homme atterri par la maladie, le silence observé jusque là ne semble pas de bonne augure. Cinq mois à peine nous sépare des prochaines échéances électorales, prévues en avril et toujours pas de fumée blanche visible des cheminées d’El Mouradia qui continue à cultiver le suspens et alimentant les plus folles rumeurs. Ce fameux palais qu’on dit, d’ailleurs, « déserté » depuis quelques mois par ses châtelains lui préférant un gite de repos situé sur la cote algéroise. Des échos font, d’ailleurs, état que même le stratège Saïd Bouteflika n’a plus remis les pieds à son bureau depuis un peu plus d’un mois gérant les affaires du pays à coup de téléphone. Une telle information aurait fait, jadis, pouffé de rire du temps ou les blasons des institutions brillaient de leur lustre, mais ne dit on pas qu’à d’autres temps autres mœurs !

De ce preux chevalier venu conquérir l’Algérie de 1999, Abdelaziz Bouteflika, trahi par l’âge et terrassé par la maladie, est-il advenu un simple cheval de Troie utilisé par les « siens » pour continuer à  gérer le pays quitte à mener l’Algérie à son désastre. Faisant du bruit dans landernau, coalisés et autres prédateurs passés maitres dans l’art de la manipulation auraient ainsi préféré l’homme souffrant à la mère-patrie. Ce qui semble être le cas eu égard aux pressants appels à un 4eme mandat présidentiel lancés par le FLN et le RND ralliés par les formations de Amar Ghoul et de Amara Benyounes.

La passivité prude observée par les déterminants hommes en kaki qui jusque là ne se sont pas « prononcés » ajoute un grain d’interrogation et mobilise la scène politique. Le système serait-il face un dilemme ou fait-il face à une absence d’imagination d’un scenario de sortie de crise ? En attendant  ce ne sont que des timides annonces à la candidature à la  magistrature suprême qui sont hâtivement lancés par des candidats téméraires en mal de notoriété ou juste en quête d’une opération de marketing politique tel que le cas de l’écrivain Yasmina Khadra. La course à la présidence n’est donc que cela, juste un stimulant ! Si l’idée tant répandue d’un quatrième mandat présidentiel a de quoi faire rêver certains cercles, le manque d’enthousiasme populaire laisse, quant a lui, subsister des doutes quant à une adhésion massive à un quelconque et hypothétique projet de sortie de crise tant le citoyen électeur n’a plus confiance en ses gouvernants. Trois mandatures et quinze années passés à triturer le pays, il n’en est sorti que guerre dans le sérail, injustice sociale, pauvreté, corruption et enrichissement illicite et vie cocagne pour certains. Prés de cinq cent milliards de dollars ont été dépensés pour des résultats peu probants que d’aucuns jugent négatifs. L’échec est évident sauf pour ses artisans qui espèrent encore briguer une nouvelle fois la confiance du peuple.

L’esprit démocratique moderne ne consiste t-il pas a ôter aux dirigeants la magie du pouvoir et faire en sorte que l’homme public ne soit plus ce faiseur de rêves, de miracles ou ce prophète, mais un serviteur du bien public à contrat de durée déterminée et surtout contrôlée.

Nécessaire pourtant au bonheur de la nation, ce « talisman » que sont les élections présidentielles, saura t il a lui seul, briser la mélancolie de tout un peuple comptant chaque jour les milliards de dollars dérobés sous forme de corruption et de détournements, déchiré par un quotidien de plus en plus dur et des lendemains incertains. Mais cependant, faut il a peine de l’enthousiasme pour élire un président « républicain et unificateur » et créer la dynamique qui fait tant défaut au pays. Apparemment tous les ingrédients ont été associes mais aucune recette « potable » n’est mise à jour pour sortir l’Algérie de sa léthargie.

Il n’est pas certain non plus, que la démocratie doit consommer à peine du rêve collectif pour bien se porter.

A.B