Affaire du fils du Général Ataïlia : la censure, l’autocensure et les intérêts

Redaction

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L’affaire de la voiture blindée qui avait tenté de percuter le bâtiment qui abrite la Présidence de la République a été frappée d’un black-out quasi inédit puisqu’elle concerne même les plus «libres» et «autonomes» de nos médias. Dévoilée d’abord par le site «Algérie-Politique», l’information a subi, par la suite, maintes modifications pour aboutir enfin à une version soft, privilégiant la piste du «citoyen normal qui pète les plombs» (sic).

Au départ, «Algérie-Politique» dévoile l’identité de ce «citoyen lambda» : il  n’est autre que le fils du Général Ataïlia, révèle-t-il. Le lendemain de l’incident la confusion est totale chez nos journaux et la revue de presse donne l’impression d’un tohu-bohu loin d’être spontané. La quasi-totalité des journaux algériens traitent de l’affaire, ils ne pouvaient en faire autrement vu l’impact du Net, mais en se lançant dans une campagne de dissimulation digne d’une désinformation structurée.

Des journalistes s’aventureront même à rédiger deux versions différentes de cette information pour ceux qui pigent avec d’autres journaux, notamment étrangers. Ces derniers dévoileront l’identité du conducteur de l’Audi blindée dans leurs papiers destinés aux médias étrangers et s’en abstiendront pour  leurs organes locaux. Le propriétaire du véhicule est bel bien le fils du Général Ataïlia mais personne n’ose le dire. Un journal comme «El Bilad» a même supprimé un premier article de sa version sur le Net et dans lequel il dévoilait l’identité de l’auteur et les raisons qu’ils l’ont amené à commettre un tel  acte.

D’autres s’engouffreront dans une autocensure légendaire en tentant de minimiser l’incident au maximum. «Un citoyen qui s’est certainement trompé de route», «Un citoyen ivre», «Un cadre de la présidence qui a pété les plombs», «Un citoyen ordinaire», voilà quelques surnoms utilisés pour éviter de citer le nom du Général Ataïlia. Que s’est-il passé ? Qui est responsable de cette censure flagrante et scandaleuse ? Un coup de téléphone nocturne? Les journalistes auteurs de ces articles ne sont pas à blâmer, même si certains ont choisi sciemment d’escamoter l’identité du « chauffard ».  Mais cette affaire aura au moins eu le mérite de confirmer que le qualificatif « indépendante » que l’on accole au mot « presse algérienne », est loin d’être mérité.

Hicham A.

Photo: Algérie-Politique

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