Affaire Sonatrach : Une année de prison ferme pour corruption et dilapidation des deniers publics !

Redaction

C’est la montagne qui accouche d’une souris. C’est l’impression générale qui se dégage de cette triste affaire Sonatrach jugée par le pôle pénal spécialisé d’Oran et dont le verdict a été rendu public ce mercredi. Au moment où l’opinion publique Algérienne s’attendait à des révélations fracassantes pour comprendre comment la plus grande compagnie de leur pays s’est vautrée dans la corruption et le vol, la justice s’est contentée de condamner l’ex président directeur général de la Sonatrach Mohamed Meziane à deux ans de prison dont une année ferme assortie d’un amende de 500 000 dinars !

Une telle condamnation est-elle réellement à la hauteur des faits graves qui sont reprochés à l’ancien PDG de la plus grande compagnie en Afrique ? Pour de nombreux juristes, une telle peine frise le ridicule quand on mesure la gravité des accusations de dilapidation des deniers publics et passation de marchés non conformes à la législation portées à l’encontre des anciens cadres de Sonatrach jugés dans cette affaire.

Pour rappel, l’affaire en question remonte à l’année 2006 lorsque la société Conditionnement et commercialisation des gaz industriels (Cogiz, SPA) dont le directeur B. T., figurant parmi les accusés, a sollicité les responsables de l’activité Aval pour la réalisation d’une station de stockage d’azote, fait consigné dans une réunion tenue le 27 mai 2006, selon l’acte d’accusation. Le projet a été scindé en deux parties. La première (construction de 15 réservoirs) a fait l’objet d’un avis d’appel d’offres et le marché a été remporté par une firme indienne. La deuxième, objet de l’affaire, est passée par une consultation restreinte et le marché a été accordé de gré à gré à la firme Safir (joint venture d’engineering entre Sonatrach, Sonelgaz à hauteur de 51% et un partenaire français, Marais Contracting) dont le responsable, N. T., est également en détention préventive. En juillet 2006, celui-ci a fixé le montant de la réalisation à 688 195 629 DA.

Sur sollicitation de Abdelhafid Feghouli, le PDG de Sonatrach de l’époque, Mohamed Meziane, a donné son accord le 8 mai 2007. Le 3 octobre de la même année, un contrat a été signé entre Safir, Cogic et le responsable (H. M.) du service études et développement de l’activité Aval et suite à cela, le montant de la transaction a été ramené à 622 470 153 DA.

Interpellée par le caractère douteux de cette affaire, la police judiciaire de la 2e Région militaire a déclenché une enquête en novembre 2010 qui démontrera que les anciens PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane et Feghouli Abdelhafid, sont bel et bien coupables d’abus d’autorité et de faux et usage de faux.

Partant des conclusions de cette enquête de la Police judiciaire, le ministère public a requis six ans de prison par l’ancien PDG de Sonatrach et l’ancien PDG par intérim. Mais le pôle pénal spécialisé d’Oran n’a, visiblement, nullement pris en considération la requête du ministère public puisque Mohamed Meziane n’aura à croupir en prison qu’une seule année. Quant à Feghouli, il ne devra rester en prison que quatre mois ! Choqués par un tel verdict, des sources proches de Sonatrach ont confié à «Algérie-Focus» que Meziane et Feghouli ont certainement bénéficié d’un traitement de faveur conditionné par la non divulgation de d’autres dossiers scabreux de la compagnie Sonatrach. La justice aurait reçu donc des ordres pour étouffer ce scandale afin qu’il ne sape pas davantage la stabilité du gouvernement en place. Pour cela, il fallait bel et bien acheter le silence de Mohamed Meziane et Feghouli en réduisant au maximum leur peine de prison, indiquent nos sources. Comme quoi, il n’y a pas mieux qu’un scandale pour étouffer un autre scandale…

Anouar Malik

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