Mariée en 2008 à un Français, elle risque une reconduite à la frontière si sa situation n’est pas régularisée. Elle devra alors abandonner son époux malade. La Ligue des droits de l’homme s’alarme.
Lui est de nationalité française, d’origine franco-marocaine. Elle est algérienne. Ils se sont rencontrés à Grenoble, où réside le fils de Mohamed-Claude. « Je suis arrivée en France en 2004 avec un visa touristique, raconte Akila. Je voulais y faire ma vie. En Algérie, je n’avais ni travail, ni maison. »
Le couple se marie en 2008. Femme de ménage, Akila occupe un emploi stable à Grenoble. Elle obtient une carte de séjour et se trouve en situation régulière. Les choses se compliquent en mai 2010 au moment du renouvellement de ses papiers.
Assignée à résidence
« Le préfet n’a pas voulu renouveler mon titre de séjour, pour rupture de la vie conjugale. Il estimait que nous ne passions pas suffisamment de temps ensemble », témoigne Akila. Mohamed-Claude vit, en effet, entre l’Isère et Saint-Malo, où il est locataire d’un appartement depuis 18 ans, dans le quartier de la Découverte.
Elle se retrouve sous le coup d’une mesure de reconduite à la frontière. Mais à Marseille, Akila refuse de monter dans l’avion pour l’Algérie. Le couple revient habiter à Saint-Malo en avril 2011 et dépose une demande de carte de séjour « vie privée et familiale ».
Ils essuient un premier refus. Un deuxième dossier est déposé le 4 octobre dernier. La réponse arrive le 25 : Akila est assignée à résidence à Saint-Malo pour six mois et doit se rendre deux fois par semaine aux services de la Police aux frontières. Elle est toujours menacée d’expulsion vers son pays d’origine.
« D’un point de vue humain, cela n’a aucun sens, s’indigne Jeannine Pichavant, présidente de la section malouine de la LDH. Ils sont mariés. Lui, à 58 ans, est gravement malade, il a besoin d’une assistance quotidienne. »
« Une double peine »
Mohamed-Claude peine à se déplacer. « C’est moi qui fait les courses, le ménage, qui s’occupe de lui », dit Akila. Elle espère retrouver du travail pour compléter les ressources du couple qui se limitent à l’allocation pour adulte handicapé de 800 € par mois.
« Un des devoirs des époux est de se porter assistance, reprend la responsable de la Ligue des droits de l’homme. Les soins infirmiers ne peuvent remplacer l’aide constante d’Akila. La renvoyer en Algérie serait une double peine pour le couple. »
Akila attend sa convocation devant le tribunal administratif de Rennes. Elle espère une régularisation de sa situation, un nouveau titre de séjour. « Pour être en règle, ne plus avoir de souci. » Et ne plus vivre de nuits angoissées.
In Ouest France