Alors que Kadhafi se paye un bain de foule à Tripoli, des renforts militaires pour mâter les manifestants de Benghazi et d’El-Baïda

Redaction

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La Jamahiriya Libyenne n’est pas épargnée par la contagion de la révolte qui souffle sur les sociétés du Maghreb et du Machrek.

Déjà plus de 20 manifestants, en majorité des jeunes et des enfants, ont été tués par les tirs à balles réelles à Benghazi et El-Baïda dans l’est du pays.

Ce massacre se déroule à huis-clos. Les journalistes sont interdits de se rendre dans cette zone et les communications téléphoniques coupées ou fortement perturbées il ne reste que l’utilisation d’Internet comme unique moyen de communication avec le reste du monde. Les seules images sur ces manifestations circulent seulement sur les réseaux sociaux: Facebook et Youtube.

Des témoins de cette région font état d’arrivée de renforts militaires aujourd’hui pour châtier les populations qui se sont attaquées aux symboles de la « révolution verte ». Ces parties craignent le pire ce soir et cette nuit.

Pendant ce moment, à Tripoli, le « Gaïd » se paye un bain de foule, »improvisé » par ses services pour montrer son degré de popularité, et se pavane, sous les projecteurs des caméras de la télévision publique, dans plusieurs quartiers de la capitale entouré de sa milice des « comités populaires » véritable ossature et base sociale du système mis en place par Kadhafi depuis sa prise du pouvoir en 1969.

Le « Gaïd » compte sur le séculaire esprit tribal pour d’un côté menacer les récalcitrants de punition collective de leurs tribus d’origine et réveiller, d’autre part, l’esprit clanique, en ralliant à lui et autour de lui les « tribus clientes ». Kadhafi a réussi, en plus de 40 ans de règne sans partage, à tisser un véritable système verrouillé qui ne laisse aucune marge d’expression en dehors des disciples de la douteuse « troisième voie ».

Le mois dernier, l’un des fils du « leader », Seif el-Islam, prétendant à la succession de son père, s’est attaqué violemment à l’armée, l’accusant de tous les maux notamment de corruption et d’enrichissement illicite. Mais cette sortie, non dénuée d’arrières pensées politiques, ne pouvait provenir d’un simple libyen sans que cela ne lui aurait coûté une lourde peine ou une disparition soudaine.

Le « leader » vient de désigner aujourd’hui ce dernier fils au poste de maire de Benghazi. C’est ainsi que s’exerce « le pouvoir du peuple » dans la doctrine Kadhafienne de la troisième voie. Une voie qui reste impénétrable dans la Jamariya schizophrène !

Dahou Ezzerhouni