Des agents du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le service du renseignement militaire, continuaient d’arrêter des personnes soupçonnées d’infractions liées à la sécurité et de les placer en garde à vue, parfois au-delà de la durée maximale de 12 jours prévue par la loi, dans des centres de détention non reconnus où elles risquaient d’être torturées ou autrement maltraitées. L’impunité était toujours bien établie pour les actes de torture et autres sévices infligés à des personnes soupçonnées d’infractions liées à la sécurité.
Salah Koulal a été arrêté le 5 septembre à Baghtiya, dans la préfecture de Boumerdès, par des membres des forces de sécurité en civil ; il a ensuite été incarcéré pendant 13 jours à Blida, dans un centre de détention non reconnu. À la fin de l’année, il était toujours détenu dans la prison d’El Harrache, dans l’attente de son procès pour « apologie » d’activités liées au terrorisme.
Mustapha Labsi a été détenu pendant 12 jours par des agents du DRS après son retour forcé de Slovaquie, le 19 avril. Il a ensuite été transféré dans la prison d’El Harrach. À la fin de l’année il était en instance de procès pour appartenance à « un groupe terroriste [opérant] à l’étranger ».
En avril, des personnes soupçonnées d’atteintes à la sécurité et détenues dans la prison d’El Harrache ont entamé une grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements qui leur auraient été infligés par des gardiens. Elles se plaignaient notamment d’avoir été insultées, giflées et humiliées. Ces allégations n’ont fait l’objet d’aucune enquête officielle.
Des personnes soupçonnées d’actes de terrorisme ont été jugées au cours de procès ne respectant pas les normes d’équité. Certaines, dont des accusés condamnés à mort par des tribunaux militaires, ont été déclarées coupables sur la base d’« aveux » obtenus, selon leurs déclarations, sous la torture ou la contrainte. Des détenus n’ont pas été autorisés à consulter l’avocat de leur choix. D’autres suspects incarcérés pour des infractions liées à la sécurité attendaient toujours d’être jugés.
Le procès de Malik Medjnoun et Abdelhakim Chenoui n’avait pas repris à la fin de l’année. Accusés du meurtre du célèbre chanteur kabyle Lounès Matoub et d’infractions liées au terrorisme, ces deux hommes étaient incarcérés sans jugement depuis plus de 10 ans. Ils avaient été arrêtés en 1999 et torturés durant la longue période de détention au secret qui a suivi.
Deux détenus de la base navale américaine de Guantánamo Bay, Hassan Zoumiri et Abdelhadi Ben Hamlili, ont été renvoyés en Algérie en janvier ; un troisième, Abdelaziz Naji, l’a été en juillet. Ces trois hommes ont été maintenus en liberté durant l’enquête qui devait déterminer s’il y avait lieu de les inculper d’appartenance à un « groupe terroriste [opérant] à l’étranger ». Mustapha Ahmed Hamlili et Abderrahmane Houari, deux autres anciens prisonniers de Guantánamo poursuivis pour des faits similaires, ont été acquittés respectivement en février et en novembre. Un autre encore, Bachir Ghalaab, également ancien détenu de Guantánamo, a été condamné à une peine de prison avec sursis.
Source : amnesty.org