L’Algérie, la Jordanie et le Maroc pourraient être dégradés par l’agence de notation Standard & Poor’s, après avoir revu à la baisse la note de la Tunisie et de l’Egypte. L’agence de notation répond ainsi aux troubles qui secouent ou qui couvent dans ces pays et s’apprête à prendre des mesures sanctions, rapporte Reuteurs.
Les pays « révolutionnaires » déjà touchés
Cette annonce intervient alors que Moody’s Investor service a déjà dégradé la note pays de la Tunisie et de l’Egypte. En effet, le 19 janvier dernier, la note souveraine tunisienne a baissé d’un cran, passant ainsi de « Baa2 » à « Baa3 » a annoncé WMC le 20 janvier dernier. L’agence justifie son acte par « l’instabilité du pays, due au récent changement inattendu du régime, résultant d’une crise politique qui a débuté par des émeutes sociales », rapporte Webmanagercenter. Quant à l’Egypte, sa note a été revue à la baisse ce matin (31 janvier). Fixée initialement à « Ba1 », la note égyptienne est passée à « Ba2 ». Moody’s justifie sa décision en raison de « l’augmentation récente et significative du risque politique », rapporte L’Express. L’agence de notation entend baisser à nouveau d’un cran la note du pays à « Ba3 » dans un horizon de 18 mois, s’il n y’a pas un retour à la stabilité politique.
Les agences de notations veulent elles empêcher les révoltes dans la région MENA ?
La note attribuée par les agences de notation à un pays a pour rôle d’évaluer la capacité de ce pays à honorer ses engagements. Si un pays voit sa note souveraine s’abaisser, ceci veut dire qu’il existe plus de probabilités que ce pays ne puisse pas rembourser l’argent qu’on lui prête. Dans ce cas, le pays pourra toujours obtenir des crédits, mais ils auront des taux d’intérêts plus élevés qu’auparavant. Les taux d’intérêts représentent le risque : plus il y a de risques à prêter de l’argent, plus les taux sont élevés. Si les taux sont plus élevés que d’habitude, le remboursement se rend encore plus incertain, puisque le pays n’en a pas les moyens. C’est dire l’importance de la notation d’un pays. Elle illustre le pouvoir que peuvent avoir les agences de notation sur le sort d’un pays; l’exemple de la Grèce l’a d’ailleurs démontré.
C’est pour cela que la décision de Moody’s a suscité le mécontentement des Tunisiens. Ces derniers parlent d’une dégradation « incompréhensible » et « irrationnelle » d’après le Web Manager Centre(WMC). Pendant les émeutes, « le pays s’est mis en congé économique de circonstance…Mais toutes les forces vives ont juré de se rattraper », relate WMC. « La révolution a su éluder le clivage traditionnel ‘travailleurs-patrons’. De ce fait, les milieux de travail préservent leur sérénité », poursuit l’article.
Moody’s se justifierait en expliquant que son évaluation du risque est faite de manière objective, sans agenda politique en arrière-plan. Mais une annonce comme celle de son concurrent, S&P’s, sur une éventuelle (sic!) dégradation de la notation relève-t-elle d’un simple calcul financier ou d’une menace à peine voilée ? Pour dire à tous ceux qui ont un intérêt économique dans les pays visés qu’ils feraient mieux d’aider à stabiliser la situation pour que les révoltes cessent ? Dans tous les cas, les pressions sur les Etats de la région montent.
RAF avec Yabiladi.com