Ça fait du bien de s’engueuler chez soi

Redaction

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Une simple virée sur la blogosphère suffira pour vous donner froid dans le dos: l’ethnocentrisme est à la mode chez beaucoup de jeunes algériens et l’intégrité territoriale du pays n’est plus ce «dogme sacré et indiscutable». D’aucuns vous diront que c’est là une preuve d’émancipation et une consécration de la pratique de la liberté d’expression sur l’un des rares espaces non contrôlés par l’Etat. Peut-on voir les choses de cet angle et tolérer cette liberté de parole quand il s’agit d’une question aussi sensible ?

Les autres pays, réputés modèles de démocratie, accepteront-ils ce genre de débat dans la sphère publique ? Le débat est partagé et chacun avancera ses arguments. Mais quoi qu’il en soit, l’existence d’un apprenti-sorcier, qui joue sur les malheurs des gens, en fait son beurre et instrumentalise le régionalisme comme outil de propagande politique ne procure aucune sérénité à ce débat qui peut être constructif si on ne jette pas le doute chez un peuple qui en a assez comme ça. On assiste, en effet, à une banalisation inquiétante du sujet de la fragmentation du pays en entités capables, nous dit-on, d’être au diapason des plus grandes Nations de ce monde.

Des qualificatifs saugrenus sont venus se greffer aux discussions comme ceux de «Peuple kabyle», «les Peuples d’Algérie», «Indépendance des Régions» ou encore «Vous les Arabes ou Vous les Kabyles». Ce «tintamarre», même s’il n’a aucune viabilité politique, a semé la panique et réveillé de vieux démons qui font que les Algériens se parlent à eux même comme des étrangers et se scindent en groupes ethniques usant d’une terminologie absurde. Aussi, se nourrit actuellement un sentiment de victimisation exclusive chez certains Algériens de Kabylie qui estiment et croient qu’ils sont les seuls et uniques cibles du système féodal et totalitaire qui nous gouverne depuis l’Indépendance, alors que l’Algérie toute entière en souffre.

Pour ce point bien précis, la responsabilité est partagée entre un pouvoir autoritaire (ça on le savait) et une classe politique opposante qui a fait de cette région du pays un bastion politique duquel elle s’abreuve en nourrissant une paranoïa légitime, mais loin d’être exclusive. On croyait que tous les Algériens étaient d’accords pour dire que nous n’avions d’autres pays que l’Algérie, d’autre Nation que la nôtre, d’autres frontières que les nôtres et que, quand bien même on s’engueulait, ça faisait toujours du bien de le faire chez soi. Apparemment, tout le monde ne pense pas ainsi.

Ali B.