Camus le harrag, Houari l’écrivain public…

Redaction

Albert Camus est un grand écrivain. Houari est un pitoyable chômeur. Camus se voulait Algérien. Houari souffre de l’être. Camus était Français. Houari rêve de le devenir. Camus est mort depuis bien longtemps et continue de faire parler de lui. Houari est vivant pour le moment et personne ne l’évoque sauf comme une statistique algérienne.

Camus est ignoré par l’Algérie et convoité par la France. Houari est rejeté par les deux qui ne voient en lui qu’un ratage de la nature. Camus au Panthéon, ça fait débat. Houari surfant avec la mort, on s’en fout royalement. Camus a fait l’Histoire, Houari la subit. Camus a écrit des livres, Houari des tragédies. Camus était inspiré, Houari est inspirant. Camus aurait aimé rencontrer Houari, Houari a de grandes chances de le faire prochainement.

Camus n’a pas soutenu la guerre de libération, Houari ne l’a pas connue. Camus a eu un Nobel, Houari en paye le prix. Camus a réinventé l’Absurde, Houari l’a révolutionné. Camus était un homme de lettres. Houari est une lettre perdue dans un pays sans hommes. Camus se considérait Étranger, Houari aime les étrangers.

Houari et Camus auraient pu être de très bons amis. Camus aurait pu finir en harrag insignifiant et Houari en écrivain public. Mais Camus et Houari ne s’en plainent pas.

L’Histoire est ainsi faite. Certains ont la gloire sans la vouloir, d’autres la recherchent sans jamais l’atteindre. Au final, s’il n’y avait pas de Houari, il n’y aurait jamais eu de Camus.

Nassim Brahimi

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