Très tôt ce matin, une horde d’agents des forces de sécurité s’est déployée du golf à la Place du 1er Mai, en passant par la place Addis Abeba et l’Avenue Franklin Roosevelt. Un camion de police était installé sur le lieu de rassemblement, à la place des mères de disparu(e)s, pendant que d’autres camions et voitures de police bloquaient la circulation. Tout a été savamment orchestré pour interdire l’accès des mères à leur lieu de rassemblement habituel. Face à ce déploiement de sécurité inimaginable et disproportionné, face à la haine des agents de l’Etat, les mères ont tenté de résister, mais comme toujours, le rapport de force était inégal. Les mères ont donc été violemment repoussées vers le bas du Palais des Peuples, où elles ont tenu tête à ces hommes sans pitié.
En s’attaquant à ce lieu de rassemblement, si sacré aux yeux des mères et du monde entier, l’Etat veut donner le coup de grâce aux familles de disparu(e)s. En 1999 déjà, les familles de disparu(e)s faisaient honte au Président Bouteflika qui déclarait : « Les disparus ne sont pas dans mes poches », « vous me faites honte dans le monde avec vos photos comme des pleureuses ». Onze années plus tard, le gouvernement n’y tient plus, il veut éliminer ces femmes, à coup d’actions pernicieuses, dans l’espoir de les voir renoncer à leur combat pour la vérité, la justice et la réparation.
Le CFDA et Sos Disparus dénoncent et condamnent la violence des plus hautes instances algériennes envers ces femmes qui, depuis le 2 août 1998, se rassemblent chaque mercredi pour revendiquer sans relâche le droit de connaître la vérité sur le sort de leurs proches disparus.
Alger, le 4 août 2010
Nassera Dutour
Porte-parole du CFDA
Fatima Yous
Présidente de SosDisparu(e)s
Collectif des familles de Disparus en Algérie (CFDA)
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